Quatre ans après : Le mystère demeure autour de la mort de « Kolondougou-planteur »
Depuis quatre ans, les meurtriers du secrétaire général Sadi de Niono,Youssouf Dembelé courent toujours. La justice de notre pays a manifestement étalé son incapacité notoire à mettre hors d’état de nuire les auteurs de ce crime crapuleux.
Le 12 Août 2007, monsieur Youssouf Dembelé dit « Kolondougou Planteur » mourait dans des circonstances encore non élucidées jusqu’à ce jour ;un crime que d’aucuns qualifieraient d’ acte d’une autre époque et d’autres de forfait qui traduit le caractère crapuleux des règlements de compte qui peuvent intervenir sur le terrain politique. En effet l’assassinat du secrétaire général de la coordination Sadi Niono constitue l’un des actes les plus condamnables dans un pays de démocratie.
Quatre années se sont écoulées ; on n’est pas très avancé et le mystère est là comme une ombre voilée qui nous empêche de voir à travers elle. Que s’est-il passé exactement ce jour ? Difficile à dire d’autant plus que les autorités en charge du dossier ne sont pas plus avancées depuis et ce malgré la pression du Comité central du SADI, la formation politique du défunt, qui veut que la lumière soit faite et que justice soit rendue et l’implication de maître Tiéoulé Diarra avocat au barreau de Bamako en charge du dossier. Certainement que les meurtriers qui continuent de se la couler douce commettent encore d’autres forfaits.
Un coup préparé et réussi
On est dimanche, ce 12 Août, lorsque l’on découvre au petit matin,vers 8heures, le corps ensanglanté et sans vie de ce leader politique de Niono (dans la région de Ségou) dans son champ (situé à environ 5 kilomètres de Niono). Selon les premiers témoignages, Youssouf Dembélé aurait été vraisemblablement attaqué dans son sommeil dans la nuit du samedi au dimanche. Son ou ses agresseurs lui ont asséné plusieurs coups de machette sur la tête et lui ont fracturé l’avant-bras. Les mêmes témoignages révèlent que la victime avait presque élu domicile dans son berger où il passait habituellement la nuit avec sa famille. Malheureusement cette nuit là, il était seul. C’est un de ses enfants, venu lui apporter le petit déjeuner, qui fera cette découverte macabre et alertera la famille.
En dehors de ses activités paysannes, Youssouf Dembélé était un militant très engagé et porte-drapeau des idéaux de son parti. C’est à ce titre qu’il avait très souvent animé sur les ondes de la radio « Kayira » de la localité l’intense campagne électorale menée par sa formation politique pendant les présidentielles et législatives 2007. La présence à ses obsèques, le lendemain de son assassinat, d’une forte délégation du parti SADI avec à sa tête son président Cheick Oumar Sissoko et comprenant notamment le secrétaire général du bureau national Dr. Oumar Mariko, témoigne de l’engagement politique et de la place qu’il occupait au sein de ce parti.
« Youssouf Dembélé est mort pour ses convictions politiques. Il est mort pour avoir parlé. Il a été assassiné pour avoir déclaré le lundi 6 août 2007 à la Radio Kayira : « si la Cour constitutionnelle confirme nos résultats (ce qui a été fait), je donnerai aux nouveaux élus le reste des documents que je détiens sur les magouilles de la Direction de l’Office du Niger… Ces documents ont disparu après le crime » nous avait déclaré, en son temps, le secrétaire général du Comité central du parti, Dr. Oumar Mariko, dont le parti soutient la thèse d’un « assassinat politique »
Un homme qui dérangeait ?
Bref, Youssouf Dembélé dit « Kolondougou-Planteur » était non seulement un paysan, comme son sobriquet l’indique, mais également un des responsables les plus influents du parti SADI dans la circonscription électorale de Niono où la formation politique, en alliance avec le BDIA, a enlevé les trois sièges à pourvoir à l’Assemblée nationale lors des dernières élections législatives.
On comprend alors aisément l’émotion qui avait envahi la ville à l’annonce de son assassinat. Agé de 59 ans, marié et père de quatre enfants, l’homme aura marqué sa vie par son engagement en faveur d’une gestion juste et équitable de l’Office du Niger. Il plaidait pour que la terre revienne aux paysans, et que l’injustice et le pillage des ressources soient relégués aux calendes grecques.
Malheureusement, son combat sera écourté par des inconnus qui l’en voulaient à mort. Qui a réellement tué Youssouf ? Quatre années après le crime, aucune investigation judicaire n’a permis de lever le voile sur l’affaire. Et comme si le dossier s’était égaré dans les tiroirs du Tribunal de Bla (qui tient l’affaire après la dessaisie de celui de Niono), la justice ne parle plus de cet assassinat. Le procès en assises d’octobre 2009, s’était terminé par un fiasco. Car, le fils du défunt (Ousmane Dembélé) qui avait été mis en détention, a été acquitté faute de preuves. Qui sont donc le ou les vrais auteurs de cet assassinat ? Quel était leur mobile ? Où sont passés les documents du défunt qui ont disparus au lendemain du meurtre ? A ce jour, personne n’a encore de réponse à ces interrogations. En attendant des éléments nouveaux dans l’enquête, la famille pleure son mort, le parti regrette une grosse perte et le Mali un patriote intègre jusqu’aux bouts des doigts.
Issa Fakaba Sissoko
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