Même si ce n’est pas pour récuser la médiation du président burkinabé dans la crise malienne, comme l’a fait le parti de l’ancien Premier ministre malien Soumana Sako, les populations de Gao au nord du Mali ne sont pas d’accord avec « la gestion solitaire » qui est faite de ce dossier par Blaise Compaoré. Elles revendiquent leur présence dans toutes les instances de résolution de la crise concernant le nord du Mali.
En organisant un forum sur la question entre autres, les forces vives de la région, venues des quatre cercles de Gao : Ansongo, Bourem, Ménaka et Gao, ont produit des résolutions qui concernent la médiation et qui ne s’adressent pas moins au médiateur de la CEDEAO dans la crise malienne. Ce forum de Gao des 14 et 15 novembre, qui a regroupé toutes les composantes de la société civile: chefs religieux, chef de quartier, notables de Gao, élus, chef de fraction, Ongs et les jeunes, a largement débattu de l’occupation des territoires du nord, les actes terroristes, la remise en cause de la laïcité et la légalité républicaine, mais aussi de la médiation, a déclaré le président du cadre de concertation des jeunes, Salihou Ibrahima Maïga, contacté par KOACI.COM à Gao. Ce forum des forces vives de Gao a été animé par les participants aux assises de l’occupation qui ont été organisées à Bamako les 3 et 4 Octobre 2012 par la Coalition pour le Mali sur financement du gouvernement hollandais.
Parmi les principales résolutions qui ont sanctionné la fin des travaux de ce forum des forces vives de Gao, figure en bonne place, « l’implication des jeunes et des notables du nord dans toutes les instances de décision concernant la crise du nord ; l’implication des populations restées sur place dans toutes les médiations dans la crise, tant au niveau de la CEDEAO, que de l’Union africaine, pour éviter les erreurs du passé… », a précisé Salihou Ibrahima Maïga. Une des résolutions comporte « l’intégration sociale, juste et équitable de toutes les communautés vivant au nord ». Il s’agit de rompre dans la résolution de la crise actuelle, avec la démarche qui a prévalu dans la gestion des différentes rébellions de 1990 et de 2006, et d’éviter de privilégier ceux qui ont pris les armes en les érigeant en seuls interlocuteurs, pendant que les sédentaires sont ignorés dans la résolution de la crise. Les participants au forum ont revendiqué une armée nationale structurée et forte pour défendre l’intégrité territoriale, les personnes et les biens.
Selon Salihou Ibrahima Maïga, ces résolutions issues du forum des forces vives de Gao seront remises aux institutions de la République du Mali, à la Coalition pour le Mali, aux différentes représentations diplomatiques au Mali, à la Délégation de la Commission de l’Union européenne au Mali, et au médiateur de la CEDEAO à Ouagadougou. « Nous ne sommes pas d’accord avec la façon de conduire la médiation dans la crise malienne. Il faut corriger et impliquer toutes les composantes de la société, surtout les sédentaires qui sont jusque là restés en marge », selon le président du cadre de concertation des jeunes de Gao, Salihou Ibrahima Maïga.
Selon les participants au forum les populations du nord restent fermes sur le principe d’un Mali indivisible et laïc.
Ib / BAMAKO LE 20 NOVEMBRE 2012 © koaci.com