Avec seulement 3,02% des voix, face au président de la transition Brice Oligui Nguema élu dès le premier tour à la présidentielle du 12 avril, l’ancien Premier ministre Alain Claude Bilie By Nze a dénoncé lundi un scrutin truqué et une résurgence du système qu’avait promis de « démanteler » le coup d’Etat militaire du 30 août 2023.
Arrivé en deuxième position à l’élection présidentielle gabonaise organisée samedi avec 19.227, Alain Claude Bilie By Nze a livré lundi devant la presse une déclaration contre un scrutin qu’il qualifie de « mascarade électorale », dénonçant une instrumentalisation de l’État au service du candidat victorieux, le président de la transition Brice Clotaire Oligui Nguema, élu avec 90,35 % des voix.
« L’élection présidentielle du 12 avril a livré ses premiers résultats. Ceux-ci donnent le candidat (Brice Clotaire Oligui Nguema), soutenu par tout l’appareil militaro-politico-administratif de l’Etat, vainqueur à plus de 90 % des suffrages estimés », a-t-il affirmé, avant de s’interroger : « Faut-il féliciter une victoire arrachée dans des conditions aussi opaques et contestables ? »
Bilie By Nze affirme que « l’addition des suffrages attribués à chaque candidat donne un total de 95,18 %, soit 4,82 % de suffrages qui manqueraient au compteur », ce qui selon lui « suffit à discréditer cette élection ».
Dans un discours grave et ferme, il dénonce « une orchestration du faux, une confiscation du vrai », parlant de « bourrage d’urnes, suppression de suffrages, privation de marges de manœuvre pour ses équipes », et accuse le pouvoir d’avoir « épuisé la parole démocratique ».
Selon lui, le scrutin de samedi dernier « n’était pas une élection libre. C’était la réplique à l’identique de la mascarade référendaire », fustigeant « un pouvoir qui veut s’éterniser en usurpant les avis de la rupture ».
Bilie By Nze estime que le régime militaire né du coup d’État du 30 août 2023, qui avait suscité des scènes de liesse, « a trahi ses promesses », notamment par l’organisation anticipée de l’élection et l’adoption d’une nouvelle Constitution qui « met en place un absolutisme, en concentrant exécutif, législatif et judiciaire dans les mêmes mains ».
S’il salue un climat d’apaisement durant le vote, il critique la « disproportion des moyens entre un candidat financé par l’État et les autres, contraints de faire campagne avec leurs ressources personnelles ».
Il adresse néanmoins ses remerciements aux électeurs qui ont soutenu sa candidature, et promet de « continuer à porter l’idéal d’un Gabon réellement démocratique, équitable, solidaire, décentralisé et réconcilié avec lui-même ».
« Le choix de la continuité l’a emporté, du moins provisoirement. Mais les idées ne meurent pas. Elles attendent leur heure et cette heure viendra », a-t-il lancé. Refusant la pensée unique et appelant à « refuser que la peur devienne la norme », il exhorte les Gabonais à préparer « un retour à une démocratie véritable ».
Bilie By Nze a affirmé ne pas vouloir saisir la Cour constitutionnelle « Je ne perdrai pas mon temps à saisir la Cour constitutionnelle. Je ne conteste pas un chiffre, je conteste tout un chiffrage », a-t-il déclaré à la presse. Il a également précisé ne pas avoir félicité le président élu, se contentant de lui souhaiter « bonne chance pour le Gabon » là où un autre candidat, Stéphane Germain Iloko a reconnu la victoire du général Oligui Nguema.
L’ancien Premier ministre, dernier chef de gouvernement sous Ali Bongo Ondimba avant sa chute, appelle à une mobilisation autour des idées de « rupture » qu’il a portées durant la campagne, telles qu’un revenu universel garanti et une réforme en profondeur des finances publiques. « Ce combat dépasse ma personne. Il concerne l’âme de notre nation. Et pour cette âme, je continuerai à me battre », a-t-il martelé.
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