Situation administrative et sécuritaire en 7ème région : Le Gouverneur de Gao déplore l’absence des services financiers de l’Etat

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La ville de Gao
La ville de Gao

C’est un gouverneur confiant, engagé, soucieux de la restauration de la sécurité dans sa région, que nous avons trouvé dans un grand bureau, en train de traiter son courrier. Après les salutations d’usage, il nous a invité à prendre place, avant de nous demander en ces termes : « qu’est ce que je peux faire pour vous » ? « Je suis en quête d’informations sur la situation sécuritaire et administrative de la région de Gao. Je voudrais d’abord savoir si le retour de l’administration est une réalité en 7ème région », a répondu votre fidèle serviteur.

«Le gouverneur et son cabinet sont sur place. Le préfet de Gao, ceux d’Ansongo et de Bourem ont également rejoint leur poste respectif. Il reste le préfet de Ménaka qui n’est pas, pour l’instant, parti en raison des multiples difficultés que connait cette ville. Ce qui nous manque le plus et qui influe négativement sur nos missions, c’est bien l’absence des services financiers de l’Etat, notamment le budget, le trésor, le contrôle financier, la douane et les impôts. Pour n’importe quelle situation, il faut se déplacer sur Bamako. L’administration en souffre énormément, les populations aussi. Heureusement qu’il y a les banques qui nous soulagent souvent. Il faut souligner aussi l’absence de la perception dans tous les cercles de la région. En outre, il n’y a aucun juge dans aucun cercle de la région, en dehors de la ville de Gao. Cela a également des conséquences néfastes sur le vivre ensemble puisqu’il ne peut pas y avoir de justice même pour des délits mineurs a fortiori certains crimes », a déploré Oumar Baba Sidibé, le chef de l’exécutif régional.

Sur le plan sécuritaire, il estime que l’absence des services financiers de l’Etat rend la tâche difficile parce que le circuit financier commence à Bamako et se termine là-bas. Pour certaines urgences, a-t-il déclaré, c’est la croix et la bannière pour rentrer en contact avec  Bamako. « Pour pouvoir  joindre  les services financiers de la région, il faut multiplier les appels durant toute une journée. Ils travaillent à leur rythme, à leur guise. Cela pénalise, il faut le dire, l’administration et les citoyens. J’avoue que c’est très pénible de travailler dans de telles conditions. Malgré tout,  nous nous battons tous les jours pour faire bouger les choses, pour relever le défi au double plan administratif et sécuritaire », a-t-il expliqué.

A la question de savoir si les plus hautes autorités de Bamako sont au parfum de la réalité, le gouverneur Sidibé de répondre : « Mon ministre de tutelle est informé de la situation. A chaque rencontre, j’attire l’attention de Bamako sur cette faiblesse. L’ancien ministre des Finances, Mme Bouaré Fily Sissoko, en avait été saisi. Elle avait promis de redéployer le personnel financier. Mais, jusqu’à présent, rien n’est fait. C’est une urgence pour la bonne administration de la région et les usagers, contraints d’aller à Bamako pour un engagement ou un mandat… ».

Le gouverneur de Gao se réunit chaque mardi avec la MINUSMA, Barkane et les FAMA pour faire le point sur la situation sécuritaire de la région. Ensemble, les forces de sécurité patrouillent, nuit et jour, à en croire le gouverneur.

« Les patrouilles coûtent cher parce que ce sont 15 à 20 véhicules qui sortent ensemble. En plus des missions conjointes, les FAMA patrouillent très souvent seules. Nous venons de décider d’une escorte chaque lundi et chaque jeudi pour sécuriser l’axe principal Bamako-Gao, en raison de multiples attaques surtout vers Gossi. Nous avons pris d’autres mesures soutenues par des patrouilles secrètes sur la base de certains renseignements que nous n’étalerons pas sur la place publique. Ce qui est sûr,  c’est que nous n’abandonnerons jamais Gao », a-t-il dit martelé.

Sur le plan de la réconciliation nationale, il le gouverneur Sidibé estime que toutes les communautés œuvrent pour la paix dans le cercle de Gao. Cependant, il déplore le manque de coordination entre les membres de la société civile, notamment les notabilités qui ne s’entendent pas.

En outre, l’administrateur de classe exceptionnelle soutient que le marché de Gao est bien approvisionné en céréales, en pâtes alimentaires, en sucre, en lait, en thé et en condiments. Un tour au marché nous a, effectivement, permis de faire le constat que Gao ne manque de rien dans le domaine de la sécurité alimentaire, laquelle a été renforcée par l’Etat en subventionnant l’aliment bétail, vendu à 117 000 FCFA la tonne.

A suivre dans notre prochaine édition : la face cachée de la MINUSMA

Chahana Takiou, envoyé spécial à Gao 

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