Terrorisme au Sahel: le temps est-il venu de négocier avec les djihadistes?

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Au cœur du Sahel plongé dans la violence, des voix s’élèvent pour suggérer le dialogue avec les mouvements terroristes. Des acteurs politiques maliens estiment que la voie de la négociation pourrait changer la donne et arrêter les dégâts. Est-il possible de négocier avec le diable? Géopolis a posé la question à Ahmedou Ould Abdallah, ancien diplomate mauritanien et fin connaisseur de la région.

L’opposant malien Tiebilé Dramé est parmi ceux qui ont osé briser le tabou en défendant le principe d’une solution négociée. Depuis 2016, l’ancien chef de la diplomatie malienne invite ses compatriotes à ouvrir les yeux sur une évidence: la stratégie du tout militaire a montré ses limites.

«L’armée malienne s’est effondrée. Elle a besoin de répit pour se reconstruire. Face au harcèlement, il faut trouver une porte de sortie, y compris en prenant langue avec l’ennemi», explique-t-il au journal Le Monde.

L'opposant malien Tiébilé Dramé
L’opposant Tiébilé Dramé appelle à des négociations avec les djihadistes maliens. L’ancien chef de la diplomatie malienne estime que la stratégie du tout militaire a montré ses limites. © Photo AFP/Ahmed Ouaba

Comme lui, l’ancien diplomate mauritanien Ahmedou Ould Abdallah constate que le Sahel fait face à un ennemi invisible et cruel. Un ennemi qui se radicalise et un adversaire toujours déterminé. Mais il reste très sceptique quant à l’éventualité de négociations avec les djihadistes. Le problème, dit-il, est de savoir «avec qui négocier, comment, quand, où et avec quel ordre du jour».  Puis il rappelle que le cas du Mali est extrêmement complexe.

«Le cas du Mali est plus compliqué que dans les autres pays de la région. Il y a d’un côté une revendication identitaire dans les régions du nord à dominante touarègue, et de l’autre, des groupes djihadistes. L’aspect irrédentiste devient difficile à gérer dans le nord quand on y ajoute l’aspect religieux dans une région où se sont installés des groupes djihadistes venus d’ailleurs.»

Ahmedou Ould Abdallah note par ailleurs que le président malien, Ibrahim Boubacar Keita, a déjà déclaré son opposition à une quelconque négociation avec ceux qui ont choisi de verser le sang de ses compatriotes.

«C’est très difficile pour le président malien de dire qu’il va négocier officiellement. Parce que ses soldats se battent. Dès que vous négociez, les militaires qui se battent se sentent démoralisés. Pour eux, c’est une façon de leur planter un couteau dans le dos. Ceux qui parlent de négociations au Mali sont souvent considérés comme des traîtres ou des faiblards», analyse-t-il.

Couverture livre Ahmedou Ould Ahdallah aux éditions Descartes Compagnies
Dans ses mémoires publiées aux Editions Descartes et Compagnies, Ahmedou Ould Abdallah estime qu’il est prématuré de parler de négociations avec les djihadistes au Sahel. © Capture d’Ecran

Dans ses mémoires, Plutôt mourir que faillir, publiées aux éditions Descartes et Compagnies, Ahmedou Ould Abdallah consacre un chapitre à ce dossier complexe de la crise du Sahel. Pour lui, l’enjeu du problème dépasse largement le cadre du Mali. Il estime que si négociations il y a, il faudra que tous les pays du G5-Sahel y prennent part. Parce qu’il faut un consensus de tous les Etats, à savoir le Mali, le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger et le Tchad. Et probablement celui d’autres pays voisins.

«Ce qui complique la donne dans le Sahel, c’est qu’aucune partie n’a encore senti et exprimé le besoin de négocier. Je pense que les pays les plus exposés à la menace, le Burkina, le Mali et le Niger, comme les autres pays du bassin du lac Tchad, ne sont pas prêts à s’engager dans un tel processus. Pour le moment, je vois difficilement l’amorce d’une négociation. Les conditions ne semblent pas du tout remplies ni sur le plan politique, ni sur le plan militaire», explique-t-il à Géopolis.

Ahmedou Ould Abdallah observe que le même problème se pose dans le camp des groupes djihadistes qui ne disposent d’aucune coordination pour piloter un tel processus.

«Pour les djihadistes aussi, négocier n’est pas facile. Il faut qu’il y ait un accord entre les différents groupes. Il faut des garanties pour les rassurer qu’ils ne seront pas trahis. Et cela doit se conclure dans les phases préliminaires. C’est pour cela que je suis très sceptique.» 

Il pense que le statut quo pourrait donc durer encore longtemps dans le Sahel, au profit de ceux qui en tirent des bénéfices dans l’ombre. C’est pour cela que je parle «d’un marathon dans le désert. Il faut voir celui qui tiendra le plus longtemps», conclut Ahmed Ould Abdallah.

Par francetvinfo.fr – Publié le 19/05/2018 à 09H54

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3 COMMENTAIRES

  1. C’est celui qui a posé cette question qui est lui-même un terroriste . Pour preuve la source de cet article .
    De toutes façons, il reste et demeure inutile de dialoguer avec des ennemis déjà défaits et surtout en voie de disparition pour l’enfer.
    Vive les FAMA, vive IBK , vive le Mali !

  2. comrades terrorists perceive negotiation with them as sign of weakness. For them challenge is to perceive how to best exploit negotiations to where that exploitation will help deliver quick victory against “stupid asshole” who would be so foolish as to negotiate with them.
    In Mali we need for every terrorist to be good terrorist. There is only one good terrorist that is dead terrorist. Anyone who believe we are able to negotiate honorable agreement with terrorists should be put on front line of battle against terrorists. Unlike guerilla warriors who hold position of to win for sake of having people best interest properly represented terrorists hold do or die attitude by any means possible plus most efficient. In short terrorists will do anything to survive unto they are able to gain position that assure them victory in Mali.
    Those who suggest we negotiate with terrorists are in fact terrorist seeking to lead us astray just as he plus his ancestors having been doing for generations by leading us to practice cultures plus religions that were not designed by us or for our best interest. Instead those not Ubuntu conditions were designed to represent very do or die terrorists this stupid fool Tiebile Drame believe we should negotiate our death with. Tiebile Drame is Elder who should retire. He would lead us to suicide. He is still colonialist slave to foreigners plus their cultures plus religions.

    MOUSSA COULIBALY FOR PRESIDENT OF MALI JULY 29.2018
    Patriotic Movement For Change

    Very much sincere,
    Henry Author(people of books) Price Jr. aka Obediah Ubuntu Il-Khan aka Kankan aka Gue.
    translationbuddy.com

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