MALIWEB.NET - 16/05/2015 - BAMAKO - Tel qu’il avait été prévu par l’équipe de la médiation algérienne et suivi par la partie malienne, l’accord issu du 5è round en terre algérienne a été signé ce vendredi à Bamako par l’Etat malien et quinze autres partie-prenantes du processus. Cela, en l’absence de la coordination des mouvements de Kidal (CMA), antagoniste à l’Etat dans le conflit qui secoue le pays depuis trois ans.
C’était en présence de neuf Chefs d’Etats et de plusieurs Gouvernements africains, alors que l’arrivée d’une trentaine de Chefs d’Etats avait été annoncée par les médias d’Etat.
Au niveau national, on note la présence de plusieurs anciens premiers ministres. Puis du côté des anciens présidents, l’absence des deux premiers présidents démocratiquement élus, Alpha et ATT s’est beaucoup fait sentir. Seulement, Moussa Traoré et Dioncounda Traoré étaient de la partie.
Dès 15 heures 45 GMT, c’est le Ministre algérien des Affaires étrangères, médiateur en Chef dans le conflit malien qui fait son entrée dans la salle des 1000 places du centre international des conférences de Bamako.
Dès leur entrée, les Chefs d’Etats africains sont installés chacun sur un brillant fauteuil placé auprès d’une table bien ornée, le tout généreux face à un millier d’assistants venus de l’intérieur du pays et d’ailleurs pour la cérémonie.
Il s’agit des Présidents Alpha Condé (Guinée Conakry), Mamadou Issoufou(Niger), Goodluck Jonathan(Nigéria), Michel Kafando(Burkina Faso), Faure Gnassimbé Eadema( Togo), Alassane Dramane Ouattara( Côte d’Ivoire), Paul Kagamé(Rwanda), Mohamed Ould Abdel Aziz(Mauritanie), Robert Gabriel Mugabe(Zimbabwe).
Etaient également présents à cette cérémonie de signature, Michäelle Jean(Francophone), Yannick Girardin(France), Johnson Williams, sous-secrétaire d’Etat américain, chargée des Affaires africaines, Pierre Buyoya(Misahel), Désiré Kabré Ouédraogo(Commission CEDEAO), Cheaka Touré(CEDEAO-Mali), Abderahim Birème Hamed, ministre tchadien de l’administration, Hervé Ladsous, Mongi Hamdi, Said Djinnit, L’union européenne, Mohamed Bazoum, l’ancien chef de la diplomatie nigérienne, Djibril Bassolé(OCI), Kader Ben Salah, Président du Conseil algérien, Moustapha Niass, président de l’Assemblée nationale du Sénégal, Michel Reveyrand DE Menthon(l’UE-Sahel).
Tous installés dans la salle climatisée des 1000 places du centre international des Conférences de Bamako, aux parapets parés en blanc frappés au centre, d’un oiseau de la même couleur en signe de paix, ont vécu un évident singulier.
Il faut noter également la présence de plusieurs dizaines de journalistes nationaux et internationaux venus couvrir l’évènement. Mais qui, une fois sur les lieux, ont été surpris de se voir conduits dans une autre salle isolée de celle qui a abrité l’évènement. C’est à partir d’un écran géant placé dans une salle située à l’entrée du centre que les hommes de médias ont couvert l’évènement même en direct sur la chaine de télévision nationale.
Juste après l’exécution collective de l’hymne national du Mali, le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop prend la parole en premier et salue les différents invités.
Monsieur Diop dans son bref discours, très posé, salue la confiance que le Chef de l’Etat a placé en lui, remercie la médiation algérienne qui a su, selon lui, œuvrer inébranlablement afin qu’un accord soit né. Il saluera également l’accompagnement de plusieurs pays et organisations internationales aux côtés du Mali jusque là.
Pour sa part, en sa qualité de médiateur en Chef Ramtane Lamamra remercie le Président algérien pour lui avoir confié une telle tache aux côtés du Mali, un pays frère auprès duquel son pays entend rester. Avant d’ajouter que son pays est confiant sur le respect des responsabilités qui l’échoient. Autrement, l’Algérie qui comptera sur l’accompagnent de la communauté internationale, veillera à ce que les dispositions de l’accord soient respectées à la lettre.
Ramtane Lamara appelle aussi les populations du nord à participer au sursaut national. Qu’il soit enfin mis fin à l’effusion de sang, a-t-il lancé en substance.
Ainsi, à 17 heures 15 minutes GMT, les parties en présence ont procédé à la signature solennelle du document intitulé ‘’accord pour la paix et la réconciliation’’.
Ont signé d’une part, pour la République du Mali, le ministre Abdoulaye Diop.
D’autre part ; pour la Plateforme, Ahmed Ould Sidi Mohamed(MAA), Maître Harouna Toureh(CMFPR), Fahad Ag Almahmoud(GATIA). Pour le CMFPR 2, signera Younoussa Touré.
Et Ousmane Ag Mohamedoune pour la coordination. A noter que ce dernier, chargé des relations extérieures de la CPA de Ibrahim Mohamed Ag Assaleh, avant d’y être relevé quelques minutes après sa signature, a signé pour sa part au nom de la CMA mais qu’à l’instar de la plateforme composée de plusieurs sous-groupe, nécessite d’autres signatures complémentaires.
En comme conducteur du processus, Ramtane Lamara signera au nom de la médiation dont il est chef de file.
Ainsi suivent les signatures des différents pays amis impliqués dans le processus et organisations internationales témoins et garantes de l’accord.
« C’est pour nous un immense bonheur de se retrouver ici en terre malienne. Nous avons compris qu’il ne pouvait en être autrement », a déclaré Ousmane Ag Mohamedoun se réclamant de la coordination, avant de rassurer que leur engagement sera sans faille.
Très acclamé par la foule, le doyen président Robert Mugabe du Zimbabwe, avec un brillant rappel de la fondation de l’unité africaine dont il assure la présidente tournante, livra un long et sage message de paix, d’amour et d’unité entre Maliens et Africains.
Plusieurs représentants de mouvements, pays et organisations signataires ont pris la parole pour donner des gages de bonne volonté tout en appelant la communauté internationale à agir dans le sens de la réussite dudit accord.
Pour Kabré Désiré Ouédraogo, président de la conférence des Chefs d’Etat de la CEDEAO, ce fut le moment de rappeler l’immensité des efforts déployés par l’organisation sous-régionale depuis le 7 juillet 20012 en faveur du Mali. Tout en étalant étape par étape, dans l’urgence, la stratégie employée par la CEDEAO, Désiré rassurera que l’organisation reste foncièrement attachée à l’unicité du Mali.
Ypène Djibril Bassolé de l’OCI pour sa part, conseillera le Président malien à rester encore beaucoup plus ouvert au dialogue. En diplomate chevronné, Bassolé qui depuis, fut le premier médiateur connait désormais la classe politique malienne et son fonctionnement. Ses conseils ont la valeur, selon un observateur sur place. A la CMA aussi, Bassolé ne ratera pas de rappeler la terreur et la désolation qu’apporte la lutte armée.
Enfin, l’heur très content, le Président IBK, se sentant le grand victorieux du jour, prend la parole et livre un message qui semble très bien accueilli par l’assistance.
Plus ou moins agité, IBK toujours dans son style de bon orateur, rend hommage à Dieu d’avoir fait de lui à la fois acteur et témoin d’un tel évènement historique.
Evoquant une pensée à toutes les victimes de la crise, Ibrahim Boubacar Keïta saluera les Chefs d’Etats ayant effectué le déplacement, en dépit de leurs agendas qu’il dit savoir très chargés.
Il évoque le rôle fondateur du processus de sortie de crise entamé par Dioncounda et se dit avoir juste servi de relais.
Et recadre ceux qui l’accusaient de n’avoir pas suivi le processus de Ouagadougou à la lettre.
Pour IBK, dès son arrivée, il était question de se frayer le meilleur des chemins selon ses stratégies et son rythme. Il fallait selon lui, consulter les populations du nord. Ce à quoi il dit avoir procédé avant de se rendre à Alger dès janvier 2014.
Moment fort
En réplique au discours de Ladsous, IBK, le doigt levé, recadre les nations unies en mission de maintien de paix dans son pays. C’est en répondant à l’intervention de Hervé Ladsous qui, plus tôt avant lui, lisait le message de Banki Moon qui demandant le respect immédiat du cessez-le-feu par toutes les parties.
Concernant les cessez-le-feu quatre fois signés mais jamais respectés par les rebelles, IBK invite les nations unies qui manquent de fermeté à être juste dans le traitement.
« Nous avons toujours signalé mais n’avons jamais été entendus, a-t-il rappelé, en demandant à ses partenaires de faire preuve d’un peu de respect pour notre peuple». Il les invite de faire en sorte que le jeu soit transparent. Faute de quoi, le comportement des nations unies sur le terrain ne signifierait pas rendre service à la paix mondiale. Hervé Ladsous, assis à côté de Mongi Hamdi, l’heur gênés les deux hommes s’étaient vus plus ou moins offensés. Mais, « Ibk n’a fait que dire la vérité », a commenté un autre observateur malien très content de son Président.
Contrairement aux attentes de la CMA, et les recommandations de l’ONU pour la continuité des discussions, IBK a précisé qu’à partir du paraphe, les négociations sont terminées et qu’une éventuelle discussion de plus ne s’érige pas en une sorte de prise d’otage du Mali.
Aux nations unies, « Nous comptons sur Ladsouss pour notre dû et pas plus », a-t-il conclu.
Il appelle à l’union sacrée des tous les Maliens et appelle nommément les chefs rebelles à lui faire confiance afin d’avancer.
Mais l’erreur qu’aurait commis IBK en tenant un discours(réplique) de « vérité » est qu’ « il risque de fâcher ceux à qui il revient de sécuriser le pays en attendant et de mobiliser des fonds estimés à plusieurs dizaines de milliards de dollars pour l’application de l’accord », a fulminé un analyste malien qui aurait préféré un peu de diplomatie de sa part. « Mais depuis quand dire la vérité tue la vérité ? », s’est fâché un autre qui a bien accueilli son discours ».
Malgré tout, « IBK se devait comme il l’a dit, de dire ce qu’il ressentait. De surcroit, il n’a fait que répondait à Ladsous qui voulait mettre le Mali en cause », persifle un diplomate malien.
Ce qu’il faudra en réalité pour lui et ses partenaires, c’est de s’assumer et de faire franc jeu. Car signer un accord un est une chose et l’appliquer en est une autre.
On l’aura noté : quoiqu’il advienne, les choses vont changer. Autrement, la récréation des discours est terminée. Que celui qui peut fasse et que le peuple voit. Au boulot !
Issiaka M. Tamboura (maliweb.net)