Projet de charte pour la paix et la réconciliation au Mali : Une réconciliation en dehors des groupes armés et des partis politiques ?

Le Centre International des Conférences de Bamako, CICB a servi de cadre, le 22 juillet 2025 pour la cérémonie de remise du rapport contenant le projet de Charte Nationale pour la Paix et la Réconciliation, au Président de la Transition le Général d’armée Assimi Goita. Une cérémonie, certes riche en couleur, mais qui a laissé beaucoup d’acteurs indispensables pour une paix durable et inclusive à la gare de départ. Notamment les acteurs politiques de premier plan et les groupes armés, qualifiés de terroristes par les autorités maliennes. Cette Charte qui aurait dû regrouper l’ensemble des maliens de quelques bords sociopolitiques de quelques obédiences religieuses ou idéologiques où ils se retrouvent, n’a malheureusement pas rassemblée les maliens. Le discours du Président de la transition loin de rassurer les plus sceptiques a plutôt enfoncé le clou en excluant d’office certains et pourtant tous les maliens doivent se sentir concernés par cette Charte. Si tant est que les autorités ont souci de la paix et de la réconciliation elles doivent laisser la porte ouverte, sans aucun préalable, à tous ceux qui veulent embarquer dans le bateau Mali. S’il n’est pas trop tard pour bien faire que doivent faire les autorités pour rendre la Charte inclusive ?
Le Mali, vieux pays de dialogue et d’entraide mutuelle, de solidarité et de vivre ensemble est en train de fouler aux pieds toutes ces valeurs sociétales. De mémoire d’hommes, jamais les maliens n’ont été aussi divisés, aussi opposés les uns contre les autres que sous ce régime transitoire. Les partis politiques ont été dissous, les associations aussi. Toute voix critique est soit réduite en silence ou contrainte à l’exil. Les groupes armés qu’ils soient djihadistes ou indépendantistes sont logés dans la même enseigne, ils sont qualifiés de terroristes. La posture va-t’en guerre des autorités couplée au qualificatif terroriste rend difficile tout dialogue avec certains maliens, désormais exclus du grand rassemblement Or Il y a-t-il paix et réconciliation en dehors des protagonistes ? Pourra-t-on cultiver le vivre ensemble en excluant un pan important de la société que sont les partis politiques ? Pourra-t-on parler de paix et de réconciliation en contraignant certains maliens à s’exiler ? Voici une série de question qui doit tarauder l’esprit de tout bon démocrate et républicain. En effet, cette situation, loin d’être une fatalité, pourrait trouver sa solution dans un large consensus et un compromis dynamique en mettant le Mali au-dessus de nos égos surdimensionnés et de nos ambitions personnelles.
Pour rappel dans son discours le président de la commission de rédaction de la Charte a évoqué la Charte de Kouroukanfougan en comparaison avec la nouvelle charte, pourtant à Kouroukanfougan tous les acteurs , tous les rois du Mandé étaient présents au contraire de cette nouvelle charte de la paix et de réconciliation de Bamako 2025 .
S’il n’est pas trop tard pour bien faire que doivent faire les autorités pour rendre la Charte inclusive ?
Le Mali a besoin d’un large rassemblement autour des idéaux fondateurs de la République et autour de notre devise qui voudrait que nous soyons un Peuple uni et fort, avec un seul But celui de faire du Mali le meilleur pays et en ayant une Foi inébranlable en l’avenir. La réalisation de ce destin commun dépasse-t-elle le vaillant peuple malien ? La réponse c’est non. Si nous voulons, nous pouvons. En tout cas si tant est que les autorités veulent la paix et la réconciliation, elles doivent au prime abord s’attaquer aux facteurs endogènes qui bloquent cette réconciliation. Ils sont connus et à portée des mains. C’est d’abord le non-respect des engagements des uns et des autres, la boulimie du pouvoir et la volonté manifeste de ne point partager les responsabilités, les charges de l’Etat. Autres facteurs qui annihilent les efforts de paix et de réconciliation, c’est non seulement l’ignorance des enjeux et surtout le manque de vision à moyen et long terme. Pour parvenir à une paix durable et à une réconciliation pérenne il faut non seulement sortir de la théorie du complot, mais aussi se réconcilier avec tous les pays sans exclusive aucune. A commencer par deux de nos voisins à savoir l’Algérie et la Mauritanie, ensuite les autres pays partageant les mêmes frontières comme la Côte d’Ivoire et le Sénégal. Qu’on ne s’y trompe pas nous sommes et demeurons la cause de nos propres malheurs. Il est temps avant qu’il ne soit trop tard que nous sortions de certaines considérations , de regarder nos problèmes en face et n’avoir pour seule et unique préoccupation que le Mali et son développement.
Youssouf Sissoko
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