Honneur et hommage au grand républicain Tiébilé Dramé qui s’est éteint à jamais

Figure historique de la démocratie, journaliste, homme politique, militant des droits humains, diplomate et intellectuel, il fut bien plus qu’un acteur de la vie publique : une boussole morale, un symbole de résilience et un artisan infatigable de la démocratie. Le Mali vient de perdre l'une de ses plus grandes voix en a plongeant le pays dans une profonde émotion.

Car il est l’un des politiques et militants qui ont façonné le Mali contemporain dans sa lutte de  liberté. Il fut de ceux qui osèrent défier l'ordre établi pour réclamer plus de justice et de liberté pour leurs populations.  Toute la vie de Tiébilé Dramé a été de défendre sans relâche la liberté d'expression, la transparence et la redevabilité des gouvernants. C’est pourquoi il devient l’une des figures centrales du mouvement étudiant, dirigeant l’ADEENSUP puis l’UNEEM. À une époque où le régime de Moussa Traoré réprimait toute contestation, il ose organiser grèves et manifestations pour exiger des réformes.

Arrêté, torturé puis contraint à l’exil, il forge ainsi sa réputation d’opposant intransigeant. En 1981, il quitte le Mali et rejoint Amnesty International à Londres. De là, il dénonce les violations des droits humains en Afrique de l’Ouest, notamment en Mauritanie, où son action contribue à la libération de prisonniers politiques de la prison de Oualata. Sa voix porte au-delà des frontières, incarnant un panafricanisme authentique, enraciné dans la dignité et la liberté des peuples.

Après la chute de Moussa Traoré en 1991, Dramé revient au Mali et joue un rôle clé dans la transition démocratique. Ministre des Affaires étrangères, il représente son pays avec dignité sur la scène internationale. En 1993, il fonde Le Républicain, journal de référence pour le débat d’idées, puis en 1995 le Parti pour la Renaissance Nationale (PARENA), porteur d’une vision réformatrice axée sur la bonne gouvernance, la culture et la modernisation agricole. Sa devise, « Un autre Mali est possible », résumait sa foi inébranlable en l’avenir.

Candidat à la présidentielle en 2002 et 2007, figure de l’opposition au projet de révision constitutionnelle en 2017, soutien de Soumaïla Cissé en 2018, Dramé ne transigeait jamais avec ses convictions. Artisan du dialogue, il a été médiateur dans plusieurs crises régionales, du Burundi à Madagascar, en passant par Haïti, alliant fermeté et sens du compromis. Son retour au ministère des Affaires étrangères en 2019, sous le gouvernement de Boubou Cissé, confirmait son statut d’homme d’État aguerri. Son sens du compromis, son intelligence politique et sa connaissance fine des enjeux sécuritaires et régionaux lui valurent le respect bien au-delà des frontières maliennes.

Pour les maliens , Tiébilé Dramé restera dans la mémoire collective comme un homme d'État complet journaliste engagé, militant infatigable, diplomate habile et chef politique visionnaire.

Aujourd’hui , c’est le Mali qui est en deuil en laissant un vide immense dans un pays où la parole libre et le dialogue inclusif sont plus que jamais nécessaires.

Ce vendredi 15 août 2025 , il sera inhumé sous la terre bénie de ses aïeux  (Mali) dont il a tant chérisé , défendre au péril de sa vie. 

Que la baraka de la terre malienne lui soit légère et fasse Allah l’accueil dans son immense paradis. 

Tiébilé Dramé n’est plus, mais son rêve d’un Mali uni, démocratique et prospère survivra.

Paix à son âme.

Bokoum Abdoul Momini/maliweb.net