Il a fallu que les autorités de transition des trois pays, Mali-Burkina Faso et Guinée Conakry, émettent l’idée de fusionner leur destin pour que la toile s’enflamme. Fédération entre le Mali, le Burkina Faso et la Guinée ? Rien d’inédit puisque l’actuelle République du Mali elle-même est née des cendres d’une Fédération avec le Sénégal. Mais pourquoi tout ce tohu-bohu à faire cramer nos oreilles ? De quoi a-t-on peur ? Et pourquoi ?
La réponse à ces questionnements devrait se trouver sûrement auprès de ceux-là même qui crient à hue et à dia que l’avenir réside dans l’union (sic). Comme si ces trois pays avaient décidé de disparaître de la carte de l’Afrique. Étonnant non ? Mais enfin, faudrait-il savoir ce qu’on veut finalement.
L’annonce de la future fédération, enfin de l’idée de la création d’une fédération, disons-le comme ça, s’est répandue comme une trainée de poudre et a constitué le sujet principal jusque dans les salons feutrés situés hors de nos frontières. La dernière visite du Premier ministre burkinabé a été le point de départ de ce branlebas politique. Paris n’a pas perdu du temps et a appelé dare-dare à la rescousse son valet ouest-africain pour consultation.
En réponse à ce petit jeu à la limite puéril de Paris, Moscou débarque à Dougouba, pour la toute première fois dans l’histoire de la Russie, celui qui murmure dans les oreilles de Vlad-le Shaoling. Réponse du berger à la bergère !
Au-delà de tout ce brouhaha diplomatique, l’idée de création d’une Fédération entre nos trois pays constitue à mon humble avis un fait naturel qui s’impose de lui-même. En effet, de 2020 à nos jours, le destin des trois pays est lié à l’image de siamois en quête désespérément de liberté de mouvement. Il y a un adage bambara de chez nous qui dit que le sorcier oublie, mais jamais celui dont il a pris l’enfant !
Eh oui, l’on se souvient encore comme si c’était hier de l’embargo imposé au Mali par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en réponse au renversement anticonstitutionnel du régime de Ladji Bourama. Malgré les contestations des autorités du Mali, malgré le caractère illégal et illégitime évoqué par les analystes de tout bord, malgré la détresse de nos populations, Abuja est resté droit dans ses bottes.
Les opérateurs économiques maliens se sont retrouvés avec des centaines de tonnes de marchandises bloquées au Port de Dakar. Il a fallu que les camionneurs sénégalais menacent pour que Macky Sall daigne lever la suspension du trafic entre Bamako et Dakar. Et pour prouver sa bonne foi, il ordonne l’annulation de tous les frais liés à l’entreposage qui a suivi l’embargo. Malheureusement pour lui, la messe était déjà dite.
La mort dans l’âme, les opérateurs économiques maliens s’étaient déjà tournés vers le Port de Conakry en Guinée et celui de Nouakchott, la capitale mauritanienne. Aujourd’hui, la tendance se maintient encore et le Port de Dakar se meurt à petit feu. Qui part à la chasse, perd sa place !
Sur le même registre, Abidjan avait joué le même petit jeu à Ouaga en refusant de livrer ses armes achetées par les impôts de nos frères burkinabés. Conakry saute encore sur l’occasion et ouvre grand ses portes.
La facture des pertes subies par les recettes du Port d’Abidjan suite à l’abandon des chargeurs maliens et burkinabé est estimée à 80%. De quoi fait rougir les yeux de « Monsieur Sans délai » qui lui aussi s’empresse de corriger son erreur en militant pour la levée des sanctions. Malheureusement là aussi, le vin, pardon le « Gnamakoudji » était déjà tiré, il ne restait que de le boire !
Comme on dit, à quelque chose malheur est bon. La bêtise et l’entêtement enfantin des dirigeants de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, sur ordre de la Cedeao, ont rendu service au Port de Conakry qui devient du coup la destination la plus importante dans la sous-région.
Une manne financière que le Président de transition en Guinée engagera comme pain béni. Quoi ? Colonel Mamady Doumbouya se fout de ce que diront ces marionnettes de la Cedeao. Lui, il veut tout simplement de l’argent et le bien-être pour ses concitoyens. Point barre.
Et il n’entend pas s’arrêter là. Il pousse son idée jusqu’à initier un Projet ferroviaire entre Conakry et Bamako. Son bébé à lui qu’il veut voir naître d’ici la fin de sa transition. Une Fédération des trois pays, ça donne ça : 1 751 495 Km2 et 57 530 000 d’habitants. Un gros marché sous-régional en somme.
Alors ça vous surprend encore de voir que ces trois pays daignent s’associer pour de bon ? Vous vouliez de l’Union sacrée non ? Eh ben vous allez être servi. Car cette fois-ci ce n’est plus une diversion d’Assimi et de Choguel hein. L’initiative vient d’ailleurs. Alors, passons à un autre sujet, comme vous n’en manquez d’ailleurs jamais face à cette transition !!!
À mercredi prochain, inch’Allah
Lassine M’Boua Diarra