Concertations nationales : Conférence souveraine, grand horloger ou soleil illusoire ?

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Les assisses nationales qui pointent vont en peu de temps trafiquer un peu de toutes les paroles. Mais comment se mettraient-elles à vendre de la souveraineté ? Voila la question. Des concertations nationales décomplexées, prêtes à s’assumer, des TDR qui seront recadrés uniquement sur la feuille de route de la gouvernance actuelle ? Le dialogue national ainsi annoncé peut-il régler en trois jours le rythme des travaux et de nos jours ?

De quelle tribune disposaient les Maliens pour se parler  (enfin) entre eux ? La marche irrésistible de trois jours de débats qui suivent va enfin donner une chance au Mali car nous étions dans une confusion entre un régime de l’intérim et le régime de la transition. Pour les organes par exemple : Dioncounda Traoré I sera-t-il Dioncounda Traoré II ? Se dirigera-t-on vers un bouleversement de la géographique politique, sinon de nos mœurs ? Critiques en règle ? Des arguments de fond contre les pensées politiciennes du jour vont cohabiter avec la raillerie de certains. La critique n’épargnera personne, disons-le, même ceux qui ne participeront pas à ces assisses. Ils seront moqués comme ne comprenant qu’eux-mêmes. Prions enfin que ces concertations nationales aient le courage de se servir de leur propre entendement. Elles ne seront pas le simple rejeton de la Conférence nationale de 1991.

Comprendre le monde de la transition, c’est aussi savoir dans quel sens il va

On dit que la vérité sort de la bouche des enfants. Pour plus grands qu’eux, les jeunes de l’AGDM qui « veulent dire la vérité au peuple » se demandent quelle utilité et quelle légitimité à ces concertations. Ils le disaient en conférence dans la langue bamanan (« tô dounkan ») tout en déplorant la transparence et l’organisation de ces assisses avec ce verdict à la clé : ces assisses ne seront-elles pas partagées ? Voire. Un peu comme si on ne remettait pas en cause cette IIIè République, ce ne serait pas la peine. La contestation suprême étant dans un gai savoir qui dit que l’ordre actuel n’est plus possible. Le Pr Kanouté,  Directeur de Cabinet de la Primature, nous parlait, pour la première fois dans une conférence de presse (est-ce la langue qui a fourché?) du « président  de la transition » et non par intérim. Il nous faisait comprendre que la Loi fondamentale et les textes généraux seront revisités pour « une gestion correcte » de la transition. Il ajoute que  « des pistes de solutions » seront trouvées aux préoccupations de l’heure et que des documents seront remis aux participants. Ces  concertations nationale) seront « souveraines ». Puisqu’il le dit…Rien n’est plus étranger à une assemblée générale d’hommes que la prospective.  L’avenir s’invente souvent par des inconnus qui travaillent sans tapage. Ces assisses sont-elles censées nous montrer les comportements de demain ? Ou bien son rôle sera-t-il précisément de rendre compte de ce qui s’est passé la veille, et non de ce qui pourrait survenir dans les 10 prochains jours, deux ans, dix ans ? Ce ne sont plus des problèmes disciplinaires dans notre pratique démocratique qui seront en jeu, mais peut être la doctrine même, si la religion s’y mêlait. Les participants vont essayer de détecter et de dire les tendances, les signaux faibles pour savoir de quoi demain sera fait. Mais attention, ce ne sont pas des sorciers. Ce sont trois jours qui vont servir de ralentisseur de vitesse d’un genre particulier sur le parcours de la transition. Certains font encore la moue, comme notre vieux conseil Soumounou le forgeron qui nous disait qu’à propos des concertations, il fallait d’abord commencer par éclairer nos lanternes. Le futur du Mali ne peut être une foire au gadget ou n’importe quel autre concours. Il s’agira de s’interroger sur le sens des innovations comme celles d’organes complémentaires à la transition. La question qui presse sera celle de cette Commission nationale de médiation. Autre chose : ne doit-on pas reformater notre langage quand, pour la reconquête du Nord, nous aurons un fort besoin d’appuis venant de l’extérieur ? A quoi serviront ces assises ? Que vont-elles révéler ? Une terrible question sera posée : quel est l’avenir de la guerre comme méthode de règlement de nos conflits ? On a été conduit à ces concertations à travers un mécanisme souterrain qui, on l’espère, générera de la lumière. Nous essaierons d’en tirer une morale publique venant en complément de nos lois, de nos us et coutumes.

S. Koné

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