Après avoir décelé des cas de malversations et de mauvaise gestion à grande échelle, lors de sa mission d’inspection en octobre-novembre 2009, le Fonds mondial a décidé de dessaisir la DAF du ministère de la Santé de la gestion des sommes mises à la disposition du Mali pour lutter contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Dans le cadre d’un contrat, le Fonds mondial a décidé de confier la gestion du pactole au Cabinet d’expertise Diarra qui n’est plus à présenter. Au terme de ce contrat de six mois, le Fonds mondial appréciera et avisera le Mali des conditions de la poursuite de ses financements. C’est donc, en principe, avant fin septembre 2010 que notre pays sera éclairé des griefs du Fonds à l’encontre des cadres et agents qu’il soupçonne de malversation et de détournement.
C’est ainsi qu’un contrat fut signé dans ce sens avec la Société d’Expertise Comptable DIARRA, dont la renommée n’est plus à démontrer.
En effet, d’autres structures telles que la Banque mondiale, la Banque africaine de développement (BAD) passent déjà par ce cabinet pour gérer leurs fonds destinés à la lutte contre le Sida au niveau du Haut conseil national de lutte contre le Sida (HCNLS), par exemple. Mais ce sont les financements du Fonds mondial, notamment celles destinées à la lutte contre le Sida, qui sont apparemment les plus importantes.
Depuis donc mars 2010, c’est devant ce cabinet privé, sis à l’ACI 2000, que doivent passer tous les bénéficiaires, principaux (y compris naturellement ceux du ministère de la Santé) comme secondaires, pour le financement de leurs programmes. Et cela dans la mesure où c’est le Cabinet DIARRA qui reçoit, désormais, les financements du Fonds mondial dans des comptes bancaires ouverts à cet effet.
En plus, c’est cette société qui est également responsable des flux financiers, des décaissements et, naturellement, de l’élaboration des rapports de gestion. Dans le but toujours de ne pas pénaliser le Mali, le Cabinet DIARRA a mis une équipe d’agents compétents auprès du Programme national de lutte contre la tuberculose (PNLT) et une autre auprès du Programme national de lutte contre le paludisme, en vue d’assurer une meilleure efficacité et une fluidité dans la gestion des Round 6 et 7 dont bénéficient actuellement ces deux programmes.
Au terme de ce contrat de six mois, le Fonds mondial appréciera et avisera le Mali des conditions de la poursuite de leurs financements. C’est donc, en principe, avant septembre 2010 que notre pays sera très certainement éclairé des griefs que le Fonds mondial a envers des cadres et agents qu’il soupçonne de malversation et de détournement de fonds. Bonne ou mauvaise coïncidence, car en septembre prochain le Mali, qui célèbre son cinquantenaire, voudrait quand même avoir moins de souci, afin que les populations puissent se consacrer totalement à la fête.
Le Rapport disponible avant septembre 2010
De ce fait, il n’est pas exclu que le Rapport du Fonds mondial, réclamé à cor et à cri, soit sur la table du gouvernement avant le mois de lancement des activités du cinquantenaire de notre pays. La principale requête des autorités du ministère de la Santé étant qu’il leur soit remise une copie du Rapport d’audit du Fonds mondial qui a eu à sillonner le pays, courant fin 2009 – début 2010, dans le cadre de leur mission d’inspection.
Si aujourd’hui l’affaire fait grand bruit, c’est précisément à cause du travail de fourmi à laquelle ladite mission s’est attelée. Avec pour objectif : de faire éclater la vérité sur des soupçons de malversations voire de détournements aveugles. Les 140 millions FCFA que le ministère de la Santé a déjà remboursés sur le budget national, représente le montant qui a été reproché à l’ex-comptable du Fonds mondial, Ichiaka Diallo, en prison. Cette somme ne serait que la partie visible de l’iceberg.
Ces 140 millions FCFA ne seraient que le montant des chèques retirés dans une banque de la place (dont nous nous gardons de divulguer le nom pour des raisons évidentes) par Ichiaka Diallo et non le montant total reproché à des gestionnaires de la Santé.
Il est insensé que 600 personnes soient interrogées et que 5500 pièces soient produites à l’issue de ces interrogatoires pour ne trouver qu’un trou de 140 pauvres millions à boucher. La vérité éclatera, tôt ou tard.
Dans un pays voisin, pour ne pas le citer, suite à des malversations de moindre importance, le Fonds mondial s’est purement et simplement retiré. Si, jusqu’à présent notre pays continue de bénéficier de l’appui de cette institution, c’est assurément grâce au leadership du président de la République.
Le leadership du président ATT sollicité
A cause de son aura sur la scène internationale, les partenaires sont en train de prendre le temps de se concerter avant de prendre toute décision. Il y a aussi le fait que notre pays étant démuni, l’Etat ne pourra pas dégager des ressources suffisantes pour faire face à la lutte contre ces trois maladies les plus dévastatrices du monde.
En tout cas, le temps de la publication du Rapport du Fonds mondial viendra. Seulement, il y a le fait qu’il faut laisser les juges faire leur travail. Dans ce cas, l’opinion verra qui est noir et qui est blanc dans cette piscine aux profondeurs insoupçonnées.
Si les arrestations se poursuivent c’est le signe qu’un travail sérieux est en train d’être mené par Sombé Théra, le Procureur anticorruption et ses hommes.
L’emprisonnement, après son retour volontaire au pays, de l’un des présumés coupables les plus recherchés, à savoir Mohamed Berthé, le coordinateur adjoint du PNLT, est le signe annonciateur que les choses commencent réellement à bougé. Car, il semblerait, que cet homme affiche une certaine sérénité, alors que la case de la santé brûle. Lui étant présumé pyromane. Quelle bombe va-t-il lâcher ?
Va-t-il blanchir ou noircir sa patronne Dr Diallo Halima Naco, actuellement en prison à Bollé ? Va-t-il parler pour que d’autres le rejoignent ? En tout cas, dans cette partie de sauve-qui-peut, personne n’osera payer pour l’autre. Et la liste des présumés coupables serait loin d’être close.
Mamadou Fofana