Dissolution des partis politiques : La fin d’une époque

La dissolution des partis politiques n’est pas un simple épisode autoritaire, mais le symptôme d’une crise systémique profonde.

19 Mai 2025 - 01:41
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Dissolution des partis politiques : La fin d’une époque

Entre délitement institutionnel, défiance populaire et ingérence extérieure, cette décision marque l’aboutissement d’un modèle politique en échec. Décryptage.

Le Mali a fonctionné pendant des années sur un pseudo-consensus où les partis survivent en échange de leur allégeance au pouvoir. L’accès aux ressources de l’État (financements publics, postes administratifs) est conditionné à leur loyauté, réduisant l’opposition à un rôle décoratif. « Les partis sont devenus des coquilles vides, incapables de porter une alternative crédible », explique un analyste politique de Bamako. Ce simulacre démocratique a nourri un désengagement massif. Avec seulement 12% de confiance dans les institutions (sondage 2024), les Maliens boycottent les urnes. « Voter pour qui ? Tous servent les mêmes intérêts », lance un étudiant.

Les partis politiques, transformés en « machines à clientélisme », ont institutionnalisé la corruption. Les fonds publics servent à acheter des soutiens plutôt qu’à financer des services essentiels. L’argent du contribuable est détourné pour remplir les poches des dirigeants et leurs réseaux », dénonce un militant de la société civile. Cette gabegie a creusé les inégalités, avec 42,3% de la population sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale. Les partis, perçus comme des outils de spoliation, ont perdu toute légitimité.

En outre, accusés par la population de « trahison nationale » les partis sont complètement discrédité « Les politiques parlent de démocratie, mais nous, on veut juste manger et survivre », résume une entrepreneure de Ségou.

L’échec cuisant de l’aide internationale a aussi contribué à la faillite et à la décrédibisation des partis politiques. En effet, malgré des décennies d’aide internationale (UE, Banque mondiale), les résultats sont catastrophiques :  Des projets détournés par les élites, alimentant la corruption. Une dépendance structurelle qui étouffe l’initiative locale. Des partis perçus comme des « relais de l’étranger », renforçant le rejet populaire. « Les bailleurs imposent des modèles inadaptés, ignorant nos réalités culturelles », critique un chercheur ouest-africain.  

La dissolution des partis ouvre donc une période de transition risquée, mais aussi une opportunité de réinvention. 

 Ainsi ; 3 défis majeurs se dessinent :  restaurer la confiance entre l’armée, au pouvoir, et une société civile méfiante ; reconstruire une administration transparente, centrée sur les besoins des citoyens ; privilégier les solutions endogènes, en s’appuyant sur les communes et les leaders communautaires.  « L’espoir viendra des territoires, pas des anciennes élites corrompues », insiste un activiste malien. La dissolution des partis politiques n’est pas une fin en soi, mais un révélateur brutal des échecs accumulés. Pour éviter un chaos durable, il faudra inventer un nouveau contrat social, ancré dans les réalités locales libéré des logiques de prédation. Le compte à rebours est enclenché. 

M. SANOGO

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