Infos ou intox : DFM, régisseurs et comptables Victimes ou… ?

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Les choses sont allées très vite, mais relayées quand même par la presse. En catimini et en violation de la loi, les nouveaux ministres ont été nommés. Avec la même diligence, ils ont procédé avec les anciens à la passation de service. Devant leurs plus propres collaborateurs et en l’absence du bureau du vérificateur général et des services de contrôle de l’administration. Une occasion de se pencher quelque peu sur ces départements ministériels. Quel est le collaborateur préféré d’un ministre ? Le Premier ministre, diront certains. C’est au chef du gouvernement que le ministre doit son poste. De plus, ils travaillent en étroite collaboration de supérieur à subordonné, se côtoient chaque semaine en Conseil des ministres. Pourtant, le Premier ministre n’est pas le grand amour du ministre.
D’autres affirmeront que c’est le secrétaire général, parce que ministre étant une fonction politique, c’est ce dernier qui abat le plus gros du boulot dans le département et permet à son patron de mériter son poste politique. Le ségal est donc la cheville ouvrière du ministère, mais il n’est pas «la tasse de thé» du ministre. Alors qui ? Les conseillers techniques nommés grâce au ministre mais relevant directement du secrétaire général, qui, chacun dans son domaine particulier, font le travail technique pour lequel le département existe ? S’ils sont des ouvriers indispensables ils ne sont pas non plus les préférés du boss. Pas plus que les chargés de mission qui, sous la responsabilité du chef de Cabinet, règlent les affaires politiques de leur chef. En marge d’eux, l’attaché de Cabinet joue un rôle certes important, faisant office de majordome ou de gouvernante, s’occupant de la tasse de café et des affaires familiales du patron. De mauvaises langues prétendent qu’il fait le marché et les courses pour madame. Selon les mêmes mauvaises langues, si le zèle de l’attaché est apprécié par le patron, celui-ci ne voit pas forcément d’un bon œil qu’il rôde trop souvent autour de sa bourgeoise.
Le chauffeur officiel du ministre, lui, n’a pas le temps de trop mater la patronne. Tôt le matin, quand il vient prendre son patron, la bonne dame paresse encore au lit, et à la fin de la journée de travail (trop souvent très tard dans la soirée ou même dans la nuit), il est trop éreinté pour penser à autre chose qu’à son plumard. Mais ce chauffeur, le ministre ne l’aime pas parce qu’il le craint. Il est au courant des moindres déplacements y compris les rendez-vous galants du boss dont il pourrait réécrire son « journal intime ». Mais qui donc est le chouchou du ministre ? Le DFM (directeur des finances et du matériel), bien sûr !
Négligeant le côté administratif pour ne se focaliser que sur la gestion financière, les DAF (directions administratives et financières) des ministères ont été éclatées en deux entités pour plus d’efficacité: direction des ressources humaines (DRH) et directions des finances et du matériel. La gloutonnerie de leurs responsables n’a certainement pas été réfrénée au goût du général ATT qui, dans la foulée de son dernier remaniement ministériel, en avril 2011, a relevé la quasi-totalité des DFM pour «lutter contre la fraude, la corruption et la délinquance financière » en cours lors de la passation de marchés publics et la gestion des ressources nationales.
Le DFM est la vache laitière du ministre. Ensemble, ils font des affaires faramineuses et reçoivent énormément de pots-de-vin. Or, ils ont survécu à leurs ministres relevés et remplacés par la junte militaire, le Premier ministre et la Cédéao. Et ne sont point inquiets. Pour cause.
A la suite des événements du 22 mars et jours suivants, des DFM et régisseurs, mais également des comptables et gérants de structures publiques et privées ont déclaré avoir été victimes d’actes de saccages et de vandalisme. Ils signalent la disparition de dossiers, archives et écritures comptables de même que des coffres-forts ou leur contenu. Une dame est même allée loin, déclarant sur RFI avoir perdu ses flacons de parfum qui, de toutes les manières, n’avaient rien à faire dans un bureau censé servir de cadre de travail.
Qu’à cela ne tienne, il convient d’examiner cette affaire de plus près. Selon plusieurs vidéos tournées généralement à partir de téléphones portables et de tablettes numériques, on  a bien vu des hommes en uniformes enlever et voler du matériel (climatiseurs, ordinateurs, imprimantes, réfrigérateurs, etc.). Mais que feraient-ils avec des documents comptables ? Et puis, malgré les nombreuses vidéos et de multiples témoignages, personne n’a vu ces hommes en uniformes forcer des coffres-forts ou prendre de l’argent qui n’aurait pas dû se trouver dans des bureaux. Et si les militaires voulaient vraiment de l’argent, ils s’en seraient procurés au niveau des banques, distributeurs automatiques de billets, caisses de transfert d’argent, stations services. Là, ils se sont certes servis en carburant, ignorant la caisse. De même, dans des bars, restaurations et alimentations, ils se sont juste servis en nourriture et en boissons.
Tout ce cirque rappelle étrangement deux affaires : la première s’est déroulée dans une station service où le gérant a simulé un casse pour expliquer un trou noir dans sa caisse. La deuxième est celle d’un policier qui a feint une agression à main armée, allant jusqu’à se tirer une balle, pour ne pas avoir à donner à ses camarades leurs salaires du mois. A méditer.
Cheick TANDINA

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