[caption id="attachment_49499" align="alignleft" width="310" caption="Ibrahim Boubacar Keita"]

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Lors du 2ème congrès ordinaire de l’Union des jeunes du RMP tenu les 24 et 25 février dernier, Ibrahim Boubacar Keita candidat de son parti à l’élection présidentielle d’avril prochain martelait : "Nous sommes au courant de tout, mais, qu’ils fassent attention ! 2012 ne sera pas 2002"
Une déclaration est non seulement un signe mais aussi qui a tout son sens.
En octobre 2000, IBK (président alors de l’Adema PASJ) en qui certains de ses camarades voyaient le candidat «naturel » de l’Adema PASJ à l’élection présidentielle de 2002 a été contraint d’attendre pour ce faire, la tenue du congrès extraordinaire de son parti.
Trop pressé et peu confiant en ses chances, il claqua la porte du congrès et démissionna de son parti, sûr qu’il était victime d’un complot "savamment préparé contre lui" par le président de la République (en fin de mandat) Alpha Oumar Konaré. Celui là même qui l’avait sorti de l’ombre, et "fabriqué" (politiquement), pièce par pièce.
Pour rappel, pendant les événements de mars 1991, IBK était un grand inconnu des maliens et ne comptait pas parmi les acteurs du 26 Mars.
C’est grâce à Alpha Oumar Konaré que l’homme sera nommé ambassadeur en Côte d’Ivoire, conseiller à la présidence, ministre des Affaires étrangères, président de l’Adema PASJ et Premier ministre pendant 6 longues années.
Qu’à cela ne tienne, après avoir abandonné son parti politique l’Adema PASJ et créé son RPM, l’homme n’a pas hésité à qualifier le président Alpha Oumar Konaré de tous les mots, le désignant même responsable de sa "décapitation" politique.
"Tout est clair"! Ce qui a été annoncé, ce qui est annoncé depuis longtemps est entrain de se réaliser. Tout sauf Ibrahim Boubacar Keita. Toute la mascarade à laquelle nous aurons tous participé à notre corps défendant n’avait aucun autre but que la nomination prochaine de celui qui est souhaitable comme successeur", martelait IBK en 2002, lorsque ATT se portait candidat à l’élection présidentielle de la même année.
En somme, IBK accusait le président Alpha d’avoir "choisi" ATT à "sa place".
La suite est connue. A l’élection présidentielle de 2002, IBK a été éliminé dès le 1
er tour, et, à cause de sa rancœur, il refusera même de se ranger du côté de Soumaïla Cissé de l’Adema (au 2
ème tour), malgré une lettre que lui avait adressée celui-ci à cet effet.
Jouer à la victime est souvent payant.
Après son cuisant échec à l’élection présidentielle de 2002, très vite, IBK tourne la page, tout en continuant de "rumuner" sa rancœur contre le désormais ancien président la République, son "jeune frère" Alpha Oumar Konaré.
Il décida alors de se porter candidat aux élections législatives.
Jouant à l’homme trahi, à la victime du président Alpha qu’il a servi "quand on ne se bousculait pas aux portillons" de la primature, IBK et les siens ont pu être à même de gagner les cœurs de nombre d’électeurs.
Le RPM d’alors s’en sortit avec une majorité de députés et IBK devient président de l’Assemblée nationale. Il venait de remporter une grande victoire qui lui fera dire : "désormais, je travaillerai avec mon frère ATT non pas face à face, mais côte à côte".
Mais, en réalité, le Président de l’Assemblée Nationale, Président du RPM et du groupement politique « Espoir 2002 », n’avait jamais digéré sa défaite à l’élection présidentielle de 2012.
On se souvient qu’au lendemain de la proclamation des résultats du 1
er tour, IBK et ses amis, estimant qu’on avait volé « leur victoire » avaient organisé un grand meeting de contestation desdits résultats. A cette occasion, le candidat malheureux qualifiait le futur locataire de Koulouba de "candidat programmé" ». Mais il dut, pour se ménager un avenir politique, se résoudre à appeler à voter pour le général ATT. Afin de barrer la route au candidat de l’ADEMA-APSJ, celui là même qui l’avait évincé de la présidence du parti et dont la victoire était synonyme de mort politique pour lui. Cette défaite signifiait pour lui et pour certains de son entourage, la perte du pouvoir, notamment ses attributs extérieurs et la jouissance qui en découle. Depuis, tout a été entrepris pour constituer une majorité à l’Assemblée Nationale afin d’investir le gouvernement, véritable marche pied pour Koulouba.
Le conflit interne chez les rouges et blancs est attisé à cette fin et l’on a observé un rapprochement spectaculaire entre Soumaïla Cissé, l’irréductible adversaire d’hier, et son « grand frère » Ibrahim Boubacar Keïta au grand étonnement de tous les observateurs politiques maliens. La rentrée parlementaire d’Octobre 2003 lui offre l’occasion de tester son dispositif, d’autant plus qu’un simple calcul arithmétique lui « assurait » cette majorité. L’occasion était bonne pour assouvir les desseins de revanche sur le nouveau et aussi l’ancien locataire de Koulouba et sur l’ADEMA-PASJ.
Après Alpha, ATT ?
En 2007, IBK était encore candidat à l’élection présidentielle. Cette fois, il avait face à lui, un président de la République candidat à sa propre succession.
Alors, IBK ne fera pas allusion à un quelconque "complot".
Dès le 1
er tour de l’élection présidentielle de 2007, ATT mit K.O tous ses adversaires.
L’ancien Président de l’Assemblée Nationale IBK, est encore candidat aux élections législatives avec encore comme ambition de devenir le "président de Bagadadji".
Mais, cette fois, il ne sera d’ailleurs élu député (au 2
ème tour) que grâce à la magnanimité de certains partis politiques. Son RPM sombre pour n’obtenir qu’une dizaine de députés.
Du coup, l’homme n’aura d’autre choix que de se taire et regarder faire. En attendant 2012.
Et nous y sommes !
IBK est pour la 3
ème fois candidat à l’élection présidentielle. Et cette fois, les données ont changé. Le président de la République n’est pas candidat à sa succession, comme c’était le cas en 2002.
Il est donc susceptible aux yeux de IBK, de faire ce que son prédécesseur aurait fait en 2002: "nommer celui qui est souhaitable comme successeur".
Et déjà, IBK dit être "au courant de tout" et met en garde : "qu’ils fassent attention! 2012 ne sera pas 2002!"
Ce message n’est adressé à autre qu’au président ATT.
Mais, ayant toujours soutenu croire en "Allahou Soubahanatala", IBK doit cesser de jouer à la victime et faire sienne cette citation de son "jeune frère", l’ancien président Alpha Oumar Konaré : "le Pouvoir ne reviendra qu’à celui que Dieu et le Peuple auront choisi".
Alors, "il faut savoir raison garder" !
Boubacar Sankaré