Sidi Sosso Diarra face aux étudiants de la FSEG le vendredi dernier : -J'ai été déçu par l'Assemblée nationale -Je suis inquiet car le BVG dérange ceux qui sont au pouvoir

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Répondant à une question sur ses rapports avec l’Assemblée nationale, Sidi Sosso Diarra a déclaré qu’il a été déçu, dans le passé, par cette institution pour la simple raison qu’elle est restée sans réaction à deux colis de son rapport annuel que l’institution  n’a même pas jugé utile d’ouvrir. Sidi Sosso Diarra s’est également déclaré inquiet quant à l’avenir de son bureau, car «il dérange ceux qui sont au pouvoir et si des garde-fous ne sont pas prévus avec la réforme constitutionnelle en vue, il risque de disparaître un jour».

La salle de 500 places de la Faculté des sciences économiques et de gestion (FSEG) a refusé du monde à la faveur de cette conférence-débat. Les étudiants des 3ème et 4ème années de cette Faculté étaient venus nombreux pour assister à  la cérémonie.

En effet, depuis quelques années, le Vérificateur général, Sidi Sosso Diarra, entretient une collaboration féconde avec la Faculté où il a animé beaucoup de conférences. C’est pourquoi, le Doyen de la FSEG, Abdrahamane Sanogo, entouré de ses collaborateurs, a remercié le Végal pour ce lien de sympathie qui, outre les conférences, a été couronné par des envois des exemplaires de son rapport annuel et par l’ouverture d’une filière de formation en audit et contrôle de gestion sanctionné par un DESS.

Pour le Doyen de la FSEG, le Végal fait partie des grands esprits, c’est-à-dire les gens qui discutent les idées, en oppositions aux esprits moyens qui discutent les évènements et aux petits esprits qui discutent des gens. 

Sidi Sosso Diarra, dans son exposé liminaire, a évoqué la bonne gouvernance qui, dit-il, est la bonne manière de gérer la chose publique au profit du citoyen.

Selon lui, pour qu’une gestion soit bonne, elle doit répondre à certains critères et l’Etat est obligé de mettre en place un mécanisme de contrôle des agents chargés de la gouvernance.

D’où la mise en place du BVG, qui est un organe indépendant d’évaluation des politiques et programmes, de contrôle de la régularité et la sincérité des opérations d’assiette et de proposer des recommandations d’amélioration du rendement et du fonctionnement.

Le conférencier de faire une corrélation entre le progrès économique et la gouvernance. Il a rappelé que les cinq rapports publiés par son institution ont permis de mettre en exergue un manque à gagner de près de 360 milliards de FCFA, sur lesquels une dizaine de milliards ont été recouverts et des agents jugés et condamnés.

Le BVG apparait comme un outil de pression. "Désormais chaque gestionnaire a à l’esprit que le Vérificateur, sans sommation, peut venir, à tout moment, fouiller dans sa gestion " a t-il dit. Avant d’appeler les citoyens à s’approprier la structure et à l’appuyer dans l’exercice de ses missions.

Après les débuts difficiles, il estime que les choses bougent actuellement et que la Primature veille sur la mise en œuvre des recommandations auprès des différentes structures de contrôle. Seulement, Sidi Sosso regrette le fait que le Malien ait peu de considération pour la chose publique. Les étudiants et leurs professeurs n’ont pas manqué de poser des questions à l’orateur. Répondant à l’une d’elles sur sess rapport avec l’Assemblée nationale, Sidi Sosso a laissé entendre qu’il a été déçu au début par cette institution. "En fait, dans mes rapports, après la remise au président de l’Assemblée, j’ai pris soin d’envoyer des colis des exemplaires pour les vice-présidents et les groupes parlementaires. Après deux années d’attente sans réaction, je me suis rendu à l’hémicycle. J’ai été déçu de constater que l’Assemblée n’avait même pas ouvert mes colis. Les rapports annuels envoyés sont restés comme tels. Alors que les députés passent leur temps à interpeller des ministres sur des sujets beaucoup moins importants que les faits que le rapport décèle" a expliqué Sidi Sosso Diarra. Sidi Sosso s’est rendu, de nouveau, à l’Assemblée nationale avec la Vérificatrice générale du Canada lors de la visite de celle-ci au Mali. Celle-ci a expliqué comment le processus se passe au Canada pays qui a inspiré le Mali à créer le BVG. Au Canada, le rapport est adressé à l’Assemblée qui l’utilise pour interpeller les ministres.

Par la suite, sept députés maliens et le Végal se sont rendus à Ottawa pour assister à une séance d’interpellation sur la base du rapport du BVG de ce pays. Au terme de tout cela, Sidi Sosso estime que nos députés sont maintenant mieux outillés pour une exploitation digne de son rapport annuel. 

Quant à une question sur l’avenir du BGV après le président ATT qui en est l’inspirateur, l’orateur dira que dans le projet de Constitution de la Commission Daba Diawara, il est prévu de faire du BVG une institution aux côtés de la Cour des comptes.

Si tel ne sera pas le cas, Sidi Sosso Diarra est inquiet s’agissant de l’avenir de son institution car, dit-il, "le bureau est une structure qui gêne beaucoup de gens et les gens qu’il dérange sont ceux qui sont aux affaires, donc la tentation est grande pour décider autrement son existence. Sinon, je pense que le Bureau n’est pas une structure de trop. Il y a suffisamment de matière à contrôler pour l’ensemble des structures de contrôle".

En tout cas, le conférencier plaide pour le renforcement de  la sécurité judiciaire de l’institution pour que «ses agents puissent être à l’abri de certaines choses».

Youssouf  CAMARA

 

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