Droits des femmes : Quelle perception des jeunes ?

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Au Mali, les femmes sont restées longtemps en marge lorsqu’il s’agissait de parler de droits, de leurs droits en tant que couche à part entière. Aujourd’hui, les textes, les lois les prennent en compte et leurs accordent une place et un rôle. Quelles perceptions en ont les jeunes ?

 

Pour Moussa Bocoum, la société malienne fonctionne suivant le modèle patriarcal autrement dit l’ascendance de l’homme sur la femme. Les règles sociales sont beaucoup plus souples à l’égard de l’homme mais plus sévères envers la femme. La femme est protégée et surveillée à outrance et la moindre erreur de sa part suscite de vives critiques.

« Le droit des femmes est en état embryonnaire. Ils ne sont pas effectifs de façon pratique. Des textes existent en la matière mais leurs applications relèvent du chemin de croix », affirme Moussa Bocoum, juriste.

Madame Sangaré Aïcha Koné, présidente d’une association de promotion économique des femmes dénonce le déni du rôle très important de la femme dans le développement du pays. A sa suite, Massira Touré, membre de la jeune chambre internationale JCI ajoute : « les obstacles aux femmes sont nombreux. J’aime bien me positionner sur l’aspect égalité d’accès aux mêmes opportunités de travail, à l’éducation ou aux opportunités de développement professionnel. Voilà un aspect pour moi qui est très important à défendre parce qu’on peut très facilement tomber dans le manque de confiance, ou dans les préjugés et valider des positions négatives sur la femme ».

Pour Massira, c’est d’abord à la Malienne de voir grand, de rêver grand pour avoir tous ses droits. « C’est très important de sensibiliser, de communiquer sur les questions liées aux droits femmes et surtout sur le fait qu’elles ont droit à certains postes de responsabilité, à faire de grandes études et aussi à être accompagnés dans ces études. Parce qu’elles sont nombreuses à s’être retrouvées privées du droit d’étudier, de voyager, de monter des projets, d’avoir des mentors dans les affaires. Je pense que le droit des femmes doit être défendu sous ces angles ».

Souleymane Maïga, secrétaire général du groupe de travail femmes, jeunes, paix et sécurité en Afrique de l’Ouest et le Sahel rappelle qu’il existe assez d’instruments juridiques relatifs aux droits des femmes. « Sur le plan institutionnel, nous avons plusieurs mécanismes mis pour veiller à la mise en œuvre de ces instruments juridiques relatifs aux droits des femmes. Il faut juste une volonté politique ».

Ramata Daou, présidente de l’Association des Jeunes femmes actives pour le changement Ajfac pense que « c’est la femme qui fait le droit ». « Le futur est meilleur lorsque les femmes sont assises à la table des négociations ».

« Pour nous au Renajem, la femme est au début, au centre et à la fin de tout processus. Les droits des femmes sont garantis non seulement par toutes les religions, mais également par la constitution et par l’Onu », affirme Alioune Gueye, le président du Réseau national de la Jeunesse du Mali Renajem et Secrétaire général du Rojalnu-ODD, Réseau des Organisations Jeunesse africaine leader des nations unies pour l’atteinte des OOD. « Nous pensons qu’à tous les niveaux, nous devons travailler à promouvoir les droits des femmes, droits liés à la santé, à l’éducation, à l’emploi à travers l’entreprenariat féminin, à la participation publique, politique et sociale. La réalisation du bien- être de la femme et de la jeune fille est la condition sine qua non pour un monde plus humain, plus stable et plus prospère »,

Les résolutions 2250 (2015), 2419 (2018) et 2535 (2020) des Nations-unies relatives aux jeunes et aux femmes, protègent leurs droits en période de conflits ou de post conflits et déterminent leurs contributions positives pour la construction d’un monde paisible, résilient et stable, ajoute monsieur Gueye. « Au Renajem, depuis 2015, nous travaillons à promouvoir les droits des femmes, des filles et des jeunes, les questions de lutte contre les VBG à travers un espace de plaidoyer : le Forum National de la Jeune Fille au Mali ».

« Les citoyens naissent libres et égaux en droits et en devoirs. C’est vrai qu’il y a beaucoup de textes au Mali relatifs aux droits des femmes au Mali. Dans la réalité, ces droits ne sont pas à l’ordre du jour », ajoute Siaka Diarra, du Forum des Jeunes des Organisations de la Société civile. « Aujourd’hui il y a beaucoup d’efforts pour les femmes. On essaye tant bien que mal de les respecter. Il y a une certaine évolution, une prise de conscience qui fait qu’on sent que les choses s’améliorent », constate Siaka Diarra.

 

Aminata Agaly Yattara

Cet article a été publié avec le soutien de JDH Journalistes pour les Droits Humains et NED

 

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