Mali : Quelles solutions face à l’explosion du chômage ?

Le ralentissement des activités économiques, accentué par l’instabilité politique et sécuritaire, a créé un climat d’asphyxie.  Des sociétés industrielles ont mis la clé sous la porte, des ONG ont plié bagage, et plusieurs grandes entreprises locales réduisent leurs effectifs faute de commandes. Résultat : un chômage massif, qui touche surtout les jeunes diplômés et les travailleurs peu qualifiés.

L’accès aux financements est devenu quasi impossible, les marchés publics se raréfient, et la confiance des investisseurs est en berne. « Ici, même les idées les plus porteuses meurent faute de carburant », confie un jeune promoteur malien désormais basé à Abidjan.  Résultat : un chômage massif, qui touche surtout les jeunes diplômés et les travailleurs peu qualifiés.

Pour de nombreux analystes, la priorité doit être de créer de nouveaux relais d’emploi. L’agriculture, secteur encore largement sous-exploité, pourrait constituer une bouée de sauvetage si elle est modernisée et rendue attractive. L’Etat, en partenariat avec les collectivités et le secteur privé, pourrait investir dans l’agro-industrie, la transformation locale et les coopératives agricoles. Ces initiatives offriraient non seulement des emplois mais aussi de la valeur ajoutée à l’économie nationale.

La fermeture des grandes structures peut aussi être l’occasion de stimuler la créativité individuelle. Des programmes de microcrédits, d’incubateurs et de formations pratiques peuvent permettre aux jeunes de créer leurs propres activités : artisanat, numérique, services de proximité. Mais encore faut-il que ces dispositifs soient accessibles, transparents et suivis. Trop de projets de soutien à l’entrepreneuriat se sont perdus dans les lourdeurs administratives ou la mauvaise gouvernance.

Un autre levier réside dans le lancement de grands chantiers publics : routes, assainissement, énergie, logements sociaux. Ces projets peuvent absorber temporairement une grande partie de la main-d’œuvre disponible, tout en améliorant les infrastructures du pays. À condition que les marchés soient attribués avec rigueur et que les entreprises locales soient impliquées.

La nécessité d’une vision politique claire

Lutter contre le chômage au Mali ne pourra pas se réduire à des mesures ponctuelles. Il faut une stratégie nationale cohérente, qui lie formation, investissement, accompagnement des initiatives locales et réformes structurelles. Faute de quoi, le pays continuera à produire des chômeurs en série, alimentant la pauvreté, l’exode et parfois même l’instabilité sociale.

La question n’est pas de savoir si le chômage est une urgence nationale, il l’est déjà. La vraie question est : le Mali saura-t-il transformer ce défi en opportunité pour réinventer son modèle de développement et redonner aux Maliens l’espoir de travailler et de vivre dignement chez eux ?

Sans réformes profondes pour assainir l’environnement des affaires, soutenir l’entrepreneuriat et restaurer la confiance, le pays risque de se transformer en simple réservoir d’idées et de talents… exportés vers d’autres capitales de la sous-région.

B. S.