Démocratie malienne : Coups d’arrêt ?

Le nombre de complots déjoués ou de tentatives de coup d’État empêchées au Mali reste inconnu. Cependant nous avons recensé quelques-uns qui ont retenu notre curiosité.

1 Sep 2025 - 09:40
 4
Démocratie malienne : Coups d’arrêt ?

Le premier Président Modibo Keita a été nommé président de la République après l’accession du pays à l’indépendance le 22 septembre 1960. Le régime n’est pas tendre et les crises successives, ponctuées de morts de plusieurs opposants, aboutissent à un coup d’État militaire orchestré pat le lieutenant Moussa Traoré. Nouvelle constitution, nouveau parti unique, l’Union démocratique du peuple malien (UDPM), Moussa Traoré s’installe durablement au pouvoir. La junte du 19 novembre était divisée contre elle-même.

Dès janvier 1969, il apparaît que l’armée est désunie. Par décision du Comité militaire de libération nationale (CMLN), onze (11) officiers supérieurs sont en effet admis à faire valoir, à compter du 1er mai, leurs droits à la retraite. Parmi eux figurent le colonel Sékou Traoré, chef d’État-major sous le régime Modibo Keïta et le colonel Pinana Drabo, chef d’État-major en exercice. Des voyageurs affirment que, dans la nuit du 12 au 13 août, le gouvernement a déjoué une première tentative de putsch conduite par des membres du CMLN, mais les autorités de Bamako restent muettes sur ce point.

Cependant, en septembre, le gouvernement est remanié pour la troisième fois depuis le coup d’État de novembre 1968. Le lieutenant Moussa Traoré accède à la magistrature suprême et le capitaine Yoro Diakité devient ministre d’État. En décembre, la Cour de sureté juge trente-trois (33) officiers et sous-officiers et condamne aux travaux forcés pour complot les capitaines Diby Silas Diarra et Alassane Diarra et le sergent Boubacar Traoré.

Le 8 avril 1971, le lieutenant Moussa Traoré affirme avoir déjoué un complot ourdi mené par le capitaine Yoro Diakité et par le capitaine Malik Diallo, commissaire à l’Information. Les deux (02) hommes sont arrêtés, rayés des cadres de l’armée. Jugés en juillet 1972 par la Cour de sûreté de l’État, ils seront condamnés à de lourdes peines de travaux forcés.

Rappelons que Yoro Diakité est né en 1932, ancien enfant de troupe, ancien combattant dans l’armée française dans laquelle il a servi en Indochine.  Le capitaine Yoro Diakité était directeur de l’École militaire interarmes (EMIA) de Kati au moment du putsch. Il est l’auteur d’un roman paru en 1963, intitulé «Une main amie». C’est le 1er octobre 1971 qu’à titre exceptionnel que lieutenant Moussa Traoré a été promu colonel.

Quant à Moussa Traoré, il est en 1936, ancien sous-officier dans l’armée française, promu lieutenant en 1964, il était simple instructeur à l’École militaire interarmes de Kati.

Le coup d’État manqué de février 1978

Le 28 février, la radio annonce l’arrestation «pour haute trahison» de trois membres importants du Comité militaire de libération nationale (CMLN): les anciens lieutenants-colonels Kissima Doukara, Karim Dembélé et Tiécoro Bagayogo, respectivement ministre de la Défense, de l’Intérieur et de la Sécurité, ministre des Transports et des travaux publics et Directeur général des Services de Sécurité.

Moussa Traoré déclare au moment de leur arrestation: «De tels hommes ne voyaient que leurs intérêts personnels et c’est pourquoi l’armée qui ne pouvait plus laisser ces ivraies ternir son image de marque a décidé de prendre toutes ses responsabilités face à notre peuple et face à l’histoire».

Quelques jours plus tard, c’est au tour du colonel Charles Samba Sissoko, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, d’être incarcéré. Mais les arrestations se multiplient au sein de l’armée, où plus d’une trentaine d’officiers sont accusés de «participation ou complicité dans la tentative de coup d’État de la Bande des trois».

Soucieux d’améliorer leur image à l’extérieur, le président Moussa Traoré annonce en 1975 que les prisonniers politiques seront libérés. Le 2 juin suivant, quinze (15) des proches collaborateurs de Modibo Keïta sont remis en liberté.

 

Le 18 octobre 1979, procès de 43 officiers: le 18 octobre s’ouvre à Bamako, devant la Cour de sureté de l’État, le procès de quarante-trois (43) officiers accusés de conspiration. Certains d’entre eux se plaignent en vain d’avoir été torturés et lancent tout aussi vainement contre leurs anciens frères d’armes des accusations plus précises contre eux. Trois (03) jours plus tard tombe le verdict: deux (02) condamnations à mort (Kissima Doukara et Tiécoro Bagayogo); vingt (20) ans (Karim Dembélé) et cinq (05) ans (Charles Samba Sissoko) de travaux forcés, d’autres peines allant de quinze (15) ans de travaux forcés à six (06) mois de prison et quatorze (14) acquittements.

Mais le 27 février 1979, s’ouvre à Tombouctou le deuxième procès devant la Cour de sureté de l’État des principaux condamnés. Procès aussitôt ajourné et au cours duquel décède l’avocat des accusés, Me Jean-Paul Chevrier.

Le 8 mars, la Cour siège à Tombouctou et condamne, le 9 mars, Kissima Doukara à mort et Joseph Mara à vingt (20) ans de travaux forcés. Il avait été arrêté le 2 janvier 1979.

Proclamant, le 4 janvier, «sa volonté inébranlable de mener jusqu’au bout l’épuration dans l’intérêt supérieur de la Nation», Moussa Traoré élimine méthodiquement, un à un, ses anciens camarades. Curieusement, le 11 juin 1979, la Cour suprême casse le verdict du procès de Tombouctou, mais les condamnés restent en prison.

Les transitions et leur conspiration

La gestion politique des transitions dirigées par des militaires a toujours été rythmée de «complots» ou de «déstabilisation des institutions de la République». La crise sociale et politique de mars 1991 débouche sur le renversement du régime monopartite du Président Moussa Traoré par l’armée.

Le 26 mars 1991, un groupe d’officiers prend le pouvoir à Bamako, appelé Comité de transition pour le salut du peuple (CTSP), dirigé par le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré (ATT).

 

Transition 1991-Juillet 1991: coup d’État avorté du commandant Lamine Diabira Quand la nouvelle est tombée en début de journée que le commandant Lamine Diabira et d’autres officiers et sous-officiers ont tenté un coup d’État qui a échoué, que l’ordre avait été donné qu’on arrête tous les officiers pour ensuite faire le tri entre le bon grain et l’ivraie. Vrai ou faux coup d’État ? Comme méthode démocratique, cela laissait à désirer.

Le 22 mars 2012: Le 22 mars 2012 un coup d’État militaire le troisième depuis l’indépendance du Mali 1960 dirigé par le capitaine Amadou Haya Sanogo. Le renversement était la conséquence des erreurs politiques et militaires accumulées par Amadou Toumani Touré depuis son élection comme président de la République en 2002. Ce 22 mars 2012, le capitaine Amadou Haya Sanogo a créé un Comité national de redressement de la démocratie et de Restauration de l’État (CNRDR) qui a constitué un gouvernement dit d’union nationale.

Transition 2020: Subséquemment, les Maliens ont appris qu’en 2021 un coup d’État a été déjoué. En 2022, un autre complot a été déjoué. La tête pensante de cette cabale était un membre du Conseil national de transition (CNT). La suite ? On apprend le 15 août 2025 dans la foulée, l’annonce d’une «tentative de déstabilisation des institutions de la République». Or une mauvaise compréhension de ces coups d’État peut amener à des déviances (tribalisme, régionalisme) et nous amener à une situation catastrophique comme celle que vécu le Liberia, c’est-à-dire le chaos.

Coup d’État manqué ou coup d’État avorté, a toujours des conséquences graves sur la bonne marche d’une armée. Prions fort pour le Mali.

Safounè KOUMBA

Quelle est votre réaction ?

Like Like 0
Je kiff pas Je kiff pas 0
Je kiff Je kiff 0
Drôle Drôle 0
Hmmm Hmmm 0
Triste Triste 0
Ouah Ouah 0