EDM-SA, l'urgence d'une bonne gestion (suite) : Le paradoxe de la subvention et du déficit

Depuis juillet 2023, les Maliens sont confrontés à un régime de disette électrique, plongeant le pays dans une crise qui impacte directement la vie quotidienne des citoyens et le développement économique. La Société Énergie du Mali (EDM-SA), avec ses 3 000 agents, semble incapable de fournir des chiffres essentiels, ce qui soulève de sérieuses questions sur sa gouvernance et sa performance.

Analyse Statistique: EDM-SA-subventions et performance

Faisons une analyse statistique en nous basant sur les chiffres que vous avez fournis, à savoir:

Hypothèses Clés:

● Subvention annuelle moyenne de l'État: 25 000 000 000 de FCFA

● Nombre d'abonnés: 800 000 FCFA

● Recette moyenne par abonné et par mois: 15 000 FCFA

1. Ratio subvention-abonné

Ce ratio nous indique le montant de la subvention que l'État accorde par abonné chaque année.

● Calcul: Subvention annuelle totale/Nombre d'abonnés.

● Ratio: 25 000 000 000 de FCFA/800000 abonnés=31 250 FCFA par abonné et par an.

Interprétation: Chaque abonné de la Société Énergie du Mali (EDM-SA) bénéficie indirectement d'une subvention annuelle de 31 250 FCFA de la part de l'État, soit environ 2 604 FCFA par mois (31 250/12). Cette subvention vise à maintenir les prix de l'électricité à un niveau abordable pour les consommateurs ou à couvrir les déficits d'exploitation de la société.

2. Coût de production du kWh (estimation)

Pour estimer le coût de production du kWh, nous aurions besoin de données précises sur le volume total de kWh produits et les coûts totaux d'exploitation (y compris les subventions). Malheureusement, nous n'avons pas le volume de kWh produit.

Cependant, nous pouvons essayer de déduire un coût implicite si nous considérons que la subvention est destinée à couvrir une partie du coût réel non répercutée sur le consommateur.

Information connue: Les rapports d'EDM-SA et des analyses externes indiquent souvent que le coût de revient du kWh est bien supérieur au prix de vente. Par exemple, un article de septembre 2024 mentionne que le coût de revient du KWh est entre 135 et 140 FCFA, alors que le prix de vente moyen serait de 70 FCFA.

Si nous nous basons sur ces chiffres plus récents:

● Coût de production (coût de revient) du kWh: Entre 135 et 140 FCFA/kWh

● Prix de vente moyen du kWh: Environ 70 FCFA/kWh

Analyse: La différence entre le coût de production et le prix de vente, soit environ 65 à 70 FCFA par kWh, est en partie couverte par les subventions de l'État. C'est ce «manque à gagner» sur chaque kWh vendu qui justifie en grande partie les injections de fonds de l'État.

Sans le volume total de kWh vendus ou produits, il est difficile de calculer un coût de production exact à partir de la subvention seule. La subvention de 25 milliards de FCFA vise à combler ce gap sur une grande partie du volume consommé.

3. Montant Estimatif des Recettes Mensuelle

Basons-nous sur l’hypothèse de 15 000 FCFA de recette moyenne par mois par abonné.

● Calcul: Nombre d'abonnés multiplié (X) par Recette moyenne par abonné et par mois.

● Recettes Mensuelles:

800 000 abonnes×15 000 FCFA/abonne /mois=12 000 000 000 FCFA par mois.

Interprétation: Sur la base de ces chiffres, EDM-SA générerait environ 12 milliards de FCFA de recettes par mois grâce aux paiements de ses abonnés.

Synthèse et Observations

● Dépendance aux subventions: Avec 25 milliards de FCFA de subventions annuelles, soit environ 2,08 milliards de FCFA par mois (25 milliards/12), et des recettes de 12 milliards de FCFA par mois, la subvention représente environ 17,3% des recettes mensuelles (2.08/12) ou une part significative du coût total d'exploitation si les recettes ne couvrent pas l'intégralité des coûts opérationnels et d'investissement.

● Équilibre financier difficile: Le fait qu'EDM SA reçoive de telles subventions alors qu'elle peine à fournir de l'électricité à ses 800 000 abonnés, et que le coût de production est bien supérieur au prix de vente, indique des défis majeurs:

● Problèmes structurels: Mauvaise gestion, pertes techniques (fuites sur le réseau) et non techniques (fraude, impayés).

● Tarification inadaptée: Le prix de vente ne couvre pas le coût de production, ce qui crée un déficit structurel.

● Inadéquation de l'offre et de la demande: L'incapacité à fournir de l'électricité en continu (délestages) malgré les subventions suggère un problème de capacité de production insuffisante ou de maintenance des infrastructures existantes.

Cette analyse met en lumière la situation financière précaire de la Société Énergie du Mali (EDM-SA) et la lourde charge que représente cette entreprise pour le budget de l'État malien, tout en ayant des difficultés à remplir pleinement sa mission de service public.

A.K. DRAMÉ