Dire ce qui ne va pas et l’exprimer dans les termes prévus par la loi est consubstantiel à notre jeune République. Mais où l’abus commence-t-il donc ?
Commençons par dire ceci : l’Observatoire des droits humains et de la Paix (OHDP) : l’auriez-vous entendu, dans ses propos, revenir sur ces marches qui paralysent nos rues ? Soit, chacun est dans son rôle, mais y a-t-il acte attentatoire à la liberté des gens qu’une congestion de nos artères vitaux dans nos villes ? Jour de marches à Bamako. La rue retient son souffle, les usagers en font tout autant. C’est comme si une force tranquille prenait possession de nos principales voies concernées par la marche. Partis en petits cortèges, nul ne sait ce sur quoi elles peuvent aboutir, ces marches. Le 21 mai dernier, on a eu une première illustration. Le 6 août, les mêmes personnes allaient revisiter les marches de Koulouba, n’eût été…A l’heure où les yeux du monde sont braqués sur nous, le retour du Président Dioncounda Traoré à Bamako semble réveiller de vieux démons. Nous ne le disons même pas pour sa bonne gouvernance, à notre Président, mais pour nous-mêmes. Depuis deux jours, Bamako ne respire plus la même tranquillité et il ne s’agit pas là d’une analyse qui s’impose à notre entendement. Le droit positif malien revient sur les concepts de droit de grève et de marche dans tous ses aspects. Au lieu de passer tous ces temps à revenir à l’ORTM, souvent à une heure avancée de la nuit, pour dire qu’on sursoit à tel ou tel événement prévu pour tel jour, il serait judicieux de connaître de quel droit on veut se prévaloir.
Que ne peut-on pas mettre dans cette notion diffuse de trouble à l’ordre public ?
N’oublions pas que le Code pénal prévoit la rébellion contre l’autorité établie. Que dire de cette marche avortée il y a de cela quelques jours où, dit-on, on avait vu les étables du marché «
Dibida » se vider de tous les objets contondants, instruments et autres projectiles ostensibles ou cachés. Ce qu’on remarque dans notre pays, ce sont plutôt des actes de résistance, la désobéissance et autres manquements envers nos autorités publiques. Sur quoi débouchent souvent ces «
prises de rues » qui n’ont rien à voir avec la prise de la Bastille ? Des individus qui envahissent des domaines ou propriétés de l’Etat, des postes et magasins vidés, pillage des deniers publics, attaque ou résistance envers la force publique. C’est alors que les rues de Bamako bruissent d’étranges rumeurs. Si ça déborde, c’est qu’on à affaire à des bandes armées à qui on aurait peut-être distribué des subsides. Un commandement se cache souvent derrière ces gens, pratiquant avec eux des intelligences ou aveux inavouables. A quand ces marches ou ces rebellions d’un fait nouveau seront-elles enfin réprimées au lieu…d’être négociées ou déplacées au détriment de la quiétude des citoyens ?
S.Koné et B.Traoré