Mariage au Mali : Une institution en agonie

17 Nov 2011 - 00:00
17 Nov 2011 - 00:00
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Selon la définition du Robert, « le mariage est l’union légitime entre l’homme et la femme ». Dans la société traditionnelle malienne, c’est l’alliance politique entre deux familles, deux clans, le premier des contrats sociaux et a pour but principal de donner un statut particulier aux époux, les émancipe et les responsabilise. Il est, cependant, navrant de constater que ce lien social est en agonie. Le divorce qui était très rare au Mali, est devenu est un phénomène social banal, une tendance. Le Mali bat le record ouest-africain en matière de divorce.

 

De nos jours, le mariage se fait dans des contextes totalement différents, les objectifs ne sont pas les mêmes qu’avant.  Dans une société dite laïque, comme la nôtre, où les institutions politiques sont séparées des institutions religieuses, on distingue le mariage civil du mariage religieux. Mariés selon une référence venue d’ailleurs, les bases de l’institution noble qu’est le mariage ne sont plus solides; le foyer échoue et survient le divorce. Nos investigations, nous ont amenés au tribunal de première instance de la Commune V  du District de Bamako. Les chiffres que l’on nous a révélés sont affolants. De janvier  à octobre 2011, 249 cas de divorces ont été enregistrés. Les tentatives de  conciliation échouent dans plus de 90% des cas. Ces chiffrent reflètent le taux très élevé de divorce dans cette seule Commune, et l’on peut en déduire que c’est probablement pareil dans l’ensemble du District de Bamako. Nos calculs nous ont poussés à avancer que 53% des mariages célébrés chaque années tournent au fiasco ; ce au bout de quelques années seulement, voire quelques mois. Les âges des couples qui divorcent varient entre 20 et 55 ans. Le Mali est le premier pays où l’on enregistre le taux le plus élevé de divorce dans la sous-région ouest-africaine. Les causes du divorce sont multiples.

Pour la plupart des personnes interrogées à ce sujet, est la principale cause de divorce au Mali serait plutôt d’ordre matériel. Beaucoup minimisent  le fait que les conjoints ne prennent assez de temps pour mieux se connaître constitue négligeable, une excuse qui ne correspond pas tellement aux valeurs de notre sociétés ; si l’on sait que nos grand-mères et certaines de nos mères se sont mariés sans connaître leur maris à l’avance. Mais, force est de reconnaître que ni les temps, ni les valeurs ne sont les mêmes.  Un avocat, nous a confié qu’il a eu à défendre un des cas de divorce les plus incroyables : cinq jours après leur mariage, la femme se lança dans un processus divorce.  Des cas comme celui-ci porte à croire que le mariage a perdu son caractère sacré. Cet  auxiliaire de justice attribue, lui aussi,  le fort taux de divorce à un aspect matériel. Selon lui, les femmes, surtout les maliennes, ont tendance à viser le côté argent de toute union avec un homme. Et si l’homme ne répond pas favorablement aux besoins matériels, l’union, à ses yeux, n’a plus aucun sens. Pour d’autres personnes, d’âges plus avancés, les jeunes manquent d’éducation et plus particulièrement les femmes. « Dans un foyer, seule l’homme doit porter le pantalon (l’autorité lui revient). Etre femme, c’est se soumettre, elle doit être la garante de l’équilibre de son ménage. Le divorce est la pire des abominations », a soutenu avec désolation une sexagénaire célèbre avec gloire ses noces de vermeil, c’est-à-dire 45 ans de mariage. En tout cas, une chose est sure, le divorce s’accroît et devient une chose banale. Changer de mari ou changer d’épouse,  est pour une certaine catégorie de gens, synonyme d’ascension sociale. Alors que pour d’autres, cela augure une déchéance, un échec capital. Cela va de soit et des motivations personnelles de chacun. Rokia Diabaté


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