Nous, les jeunes : Entre la jeunesse d’antan et celle de nos jours
Makan Moussa Sissoko, Directeur général de l’ANPE :
La jeunesse de mon époque était plus studieuse avec moins de problèmes, avec plus de perspectives. Nous avions confiance au pays ; la preuve est que ceux qui étaient partis étudier à l’extérieur sont revenus au pays, car ils savaient que l’avenir, c’est au pays ; alors que maintenant, on voit les femmes aller accoucher à l’extérieur ; je dirai que c’est le monde à l’envers.
Certes, les choses étaient dures économiquement, mais jamais on n’allait imaginer aller vivre à l’extérieur ; donc on se sentait bien dans notre pays et c’est au pays qu’il y a l’avenir. Même nos immigrés viennent investir au pays, et c’est ce qui corrobore ce que je viens de vous dire. Bon, je comprends le fait que les jeunes s’entêtent d’immigrer, ça peut être dû à beaucoup de choses. Bon, il faut qu’on sache qu’à chacun son époque et ses problèmes.
J’attends de la jeunesse une prise de conscience, je l’incite à plus de courage, et que les jeunes aient confiance en eux-mêmes et qu’ils sachent que l’avenir est radieux ; mais c’est à eux de le prendre en main et de maîtriser son destin, car tant qu’on ne maîtrise pas son destin, rien n’est possible. Il faut que la jeunesse sache que l’avenir est très radieux et confiant, parce que maintenant, l’Etat est plus riche, donc la jeunesse doit travailler et redoubler d’efforts. Seul le travail paye.
Sambala Sidibé, ancien Secrétaire général de la jeunesse ADEMA (2001 à 2008)
Avec la révolution de 1991, on a essayé de cadrer un peu l’âge de la jeunesse, c’est-à-dire de 18 à 40 ans selon l’Union de la jeunesse africaine et celle de la jeunesse internationale. Pour faire la comparaison entre la jeunesse de l’époque et celle d’aujourd’hui, je dirai qu’avec le temps du multipartisme, les jeunes ont évolué ; la jeunesse est plus grouillante et plus initiatrice que par le passé. Evidement, il y avait le parti unique et je dirai qu’à partir de l’année 1991, la jeunesse s’est éclatée. Quand je prends le plan politique, la jeunesse était plus rigoureuse politiquement que celle de maintenant, et même sur le plan de l’éducation, l’éducation était auparavant meilleure à celle de maintenant. Par rapport à l’emploi, actuellement il y a beaucoup plus d’opportunités qu’avant ; il existe beaucoup de structures d’emploi pour les jeunes et auparavant, ces structures n’existaient pas.
Je reviens encore sur le plan politique. Jadis, les jeunes participaient pleinement aux différentes élections ; mais maintenant, c’est vraiment différent car la jeunesse ignore son poids pour le bon fonctionnement et je dirai la transparence. Et j’exhorte cette jeunesse à plus d’abnégation et de courage pour un avenir meilleur de ce pays.
Drissa Sidibé, ancien Secrétaire aux revendications de l’ADIDE (Association des Diplômés Initiateurs et Demandeurs d’Emploi)
Cette association, à l’époque, l’année 91, représentait toute la jeunesse diplômée du Mali. C’est à ce titre que nous avons participé pleinement à
Cette association était créée par de jeunes diplômés sortis des grandes écoles et avec des diplômes plus élevés les uns que les autres. A l’époque, nous avons enregistré au niveau de l’ADIDE 3 000 diplômés qui sortaient chaque année, et il fallait cette association. Avec cette association, nous avons un cahier de doléances de 26 points et sur ces points, nous avons eu satisfaction sur à peu près 23 points. Donc la jeunesse de cette époque était une jeunesse assez courageuse, une jeunesse qui acceptait des moments difficiles et de faire face à la réalité de la vie et avec une organisation impeccable et une jeunesse qui ne misait pas tout sur l’Etat, car elle savait que l’Etat seul ne pouvait pas tout faire. Donc on avait le sens de l’Etat.
Et nos revendications aboutissaient à l’auto-emploi, car l’Etat ne pouvait pas employer tous les diplômés. Donc c’était une jeunesse je dirai très courageuse.
La jeunesse de nos jours doit accepter de se battre et d’aller vers l’excellence ; et qu’elle sache que le pays compte sur elle, car l’avenir du Mali, c’est elle.
Samba Sissoko, Ministère de l’Economie et des Finances :
La jeunesse de mon époque était une jeunesse respectueuse, et les fréquentations étaient choisies et les suivis au niveau des parents étaient très rigoureux. J’exhorte les jeunes de nos jours au travail et au respect de soi. La jeunesse doit considérer nos propres cultures et avoir l’amour du pays.
Mme Bathily Neimatou Coulibaly, Directrice de publication du journal « Le combat » :
A notre époque, nous n’avions pas trop de soucis à nous faire, notre regard était porté vers un avenir plein d’espoirs et de promesses. Je peux vous dire aussi qu’en ce moment, on n’avait pas trop besoin d’argent et que le chômage n’avait pas pris une telle ampleur. Il y avait cette volonté, cette envie de réussir qui manque à la jeunesse d’aujourd’hui. Notre faiblesse était le manque d’information que vous les jeunes d’aujourd’hui possédez. Prenons l’exemple de l’Internet qui aide beaucoup les jeunes dans toutes leurs démarches, que ce soit sur l’emploi, les études, entre autres.
Mon constat est que les jeunes d’aujourd’hui n’ont pas le courage de leurs aînés ; ils pensent à la vie facile et ne veulent fournir aucun effort. Quelque part, nous pouvons dire qu’il y a la faute de nos dirigeants qui privilégient le népotisme et les magouilles, un mauvais exemple pour ces jeunes. Je suis convaincue de la potentialité de notre jeunesse, et j’espère qu’ils miseront sur cette virtualité pour changer notre pays. Le Mali de demain ne se fera pas sans eux, et je leur demande de persévérer pour faire de notre pays une nation meilleure.
Propos recueillie par Cheick Oumar Keïta
Quelle est votre réaction ?






