Paix et Réconciliation au Mali : tirer profit de la contribution des jeunes

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La Résolution 2250 (2015) du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations-Unies et son protocole additionnel, la Résolution S/ 2018/532, reconnaissent la nécessité de la contribution des jeunes au maintien et à la promotion de la paix et de la sécurité internationale. Qu’en est-il du rôle joué par les jeunes dans le processus de réconciliation engagé au Mali depuis 2015, quand l’on sait qu’ils représentent une très grande proportion de notre population ?

 -maliweb.net- Les jeunes, la majorité de la population malienne, sont très touchés par le conflit. Acteurs ou victimes, leur apport à la résolution des conflits peut-être d’une grande contribution, selon la Résolution 2250 (2015) du Conseil de sécurité de l’ONU et la Résolution S/ 2018/532. Cette résolution qui complète la 2250, engage les Etats Membres à « protéger les jeunes de la violence en période de conflit armé, et à reconnaître leur contribution au maintien et à la promotion de la paix et de la sécurité internationale ».

Le Mali, confronté à une crise multiforme et multidimensionnelle, s’est engagé à réconcilier ses fils et filles à travers la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali issu du processus d’Alger. La participation des jeunes détermine la réussite du processus de réconciliation. Pour cela, il faudrait qu’ils soient acteurs de la réconciliation et dotés de discours adaptés pour la circonstance.

Selon le Secrétaire général du Conseil National de la Jeunesse (CNJ), Boubacar Yalcouyé, au Mali, les jeunes sont au cœur de tout le processus de paix et de réconciliation. A ses dires, les jeunes à travers le CNJ, sont consultés et associés aux différentes initiatives d’intérêt national y compris le processus de réconciliation. A cet effet, M. Yalcouyé affirme que des messages de tolérance visant la paix, la cohésion et le vivre-ensemble sont portés par le CNJ à travers le pays.

« Au niveau du CNJ, telle est la boussole de toutes les actions menées et en cours dans le cadre des initiatives allant dans le sens de la réconciliation, unique alternative pour un Mali stable et prospère. Les jeunes sont des  acteurs clés de tout processus de développement harmonieux. Vous constaterez dans les zones de conflit au centre et au nord du Mali que c’est bien la jeunesse qui anime les rangs des groupes armés. Ce qui fait qu’à chaque fois, nous avons des initiatives de sensibilisation à l’endroit de ces cibles, les organisations de jeunesse  sont couramment  saisies dans le cadre de la recherche de la paix et le vivre ensemble », explique le Secrétaire général du CNJ.

La sensibilisation comme arme de paix, un message repris par la présidente du Conseil Consultatif National des Enfants et Jeunes du Mali, Aïssata Amadou Bocoum. « Je suis jeune au même titre que vous, si j’échoue c’est toute la jeunesse malienne qui a échoué. L’avenir d’un pays dépend de sa jeunesse, l’heure est au rassemblement ». Ce message d’Assimi GOÏTA, Président de la Transition, a engagé l’ensemble des jeunes. Mme Bocoum, ajoute qu’il faudra initier et soutenir les actions communautaires sur la paix et la refondation pour impliquer plus encore  les jeunes dans le processus de réconciliation.

Ben Aly Touré, jeune activiste et militant d’un politique, pour sa part, estime que les préoccupations des jeunes ne sont pas suffisamment prises en compte dans le processus de réconciliation. Selon lui, le mieux serait d’organiser un forum des jeunes du Mali sur la réconciliation afin de recueillir les préoccupations des jeunes et les intégrer aux initiatives de réconciliation.

A la différence des autres, Mahoumoud Camara, soutient que la réconciliation doit passer par des actions. « Il faut sortir des discours pour mettre en place un système de bonne gouvernance, créer des emplois et occupations pour les jeunes afin d’éviter leur déviance. Nous parlons de réconciliation, je ne vois que des discours. Il faut trouver aux jeunes des activités pouvant leur permettre de subvenir à leur charge. Les dirigeants également doivent être des modèles exemptes de reproche, ce qui va amener la jeunesse à prendre exemple sur eux. Si chacun a une source de revenue, personne ne sera tenté d’emprunter le mauvais chemin », déclare Mahoumoud Camara, mécanicien-réparateur de son état. Mariam Diallo ménagère, abonde dans le même sens en affirmant qu’il faut agir sur les sources de conflits, rendre la justice équitable pour tous pour prétendre à la réconciliation.

Même si le ministère en charge de la Réconciliation nationale n’a pas voulu se prononcer sur la question, on observe que le département initie de nombreuses activités et actions sur la réconciliation, la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali issu du processus d’Alger auxquelles participent les jeunes. Ces actions sont menées à Bamako, à Gao et d’autres localités du pays.

Khadydiatou SANOGO, Ce reportage est publié avec le soutien de JDH, Journalistes pour les Droits Humains et National Endowment for Democracy-NED

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