Panafricaine 2025 : Une journée de reconnaissance et de mobilisation
Chaque 31 juillet, l’Afrique célèbre la Journée internationale de la femme africaine (Jifa), une date encore méconnue du grand public mais essentielle pour reconnaître le rôle fondamental des femmes dans l’histoire et le développement du continent.

L’idée de cette journée est née le 31 juillet 1962, à Dar Es Salam (Tanzanie), lors d’un rassemblement historique de femmes venues de divers horizons africains. Malgré la diversité des langues, des opinions politiques et des réalités culturelles, elles ont uni leurs voix pour fonder l’Organisation panafricaine des femmes (Pawo). Leur objectif était clair : prendre en main leur destin, améliorer leurs conditions de vie et promouvoir leur émancipation.
En 1974, lors du premier congrès officiel de la Pawo à Dakar, le 31 juillet fut officiellement consacré comme Journée internationale de la femme africaine.
Depuis, cette date est devenue un moment privilégié pour évaluer les progrès réalisés en matière de droits, d’éducation, d’autonomisation économique et de représentation politique des femmes. Honorer leur rôle dans la construction, la résilience et la transformation des sociétés africaines et de sensibiliser les populations et interpeller les gouvernements sur la nécessité d’actions concrètes pour l’égalité et la justice sociale.
La Jifa est aussi une journée de mémoire, rendant hommage à des figures emblématiques comme : Aoua Kéita, première sage-femme du Mali et militante infatigable, Mariama Bâ, écrivaine sénégalaise engagée pour les droits des femmes et Angélique Kidjo, artiste béninoise et ambassadrice des causes sociales.
Mais au-delà des hommages, cette journée rappelle que les femmes africaines restent confrontées à de nombreuses inégalités : accès limité à l’éducation, à la justice, à l’emploi et aux droits fondamentaux.
Nathalie Sidibe, figure du leadership féminin au Mali :
"Si cette Journée n’existait pas, il aurait fallu l’inventer"
À l’occasion de la Journée internationale de la femme africaine (Jifa), célébrée chaque 31 juillet, Mali Tribune donne la parole à Nathalie Sidibé, figure du leadership féminin au Mali. Elle revient sur la portée de cette journée, les avancées réalisées par les femmes africaines, et les défis qui restent à relever. Entretien.
Mali Tribune : Quelle est, selon vous, la signification profonde de la Journée internationale de la femme africaine et pourquoi est-il crucial de la célébrer chaque 31 juillet ?
Nathalie Sidibé : Cette journée est avant tout un hommage aux femmes africaines et à leur rôle fondamental dans nos sociétés. Elle incarne la quête de justice, l’amélioration des conditions de vie et la reconnaissance du leadership féminin. C’est aussi un moment de célébration des progrès accomplis dans les domaines sociaux, économiques, culturels et politiques. Si cette journée n’existait pas, il aurait fallu l’inventer.
Mali Tribune : Quels progrès les femmes africaines ont-elles réalisés dans le leadership, l’éducation ou l’entrepreneuriat ?
N. S. : Les avancées sont notables ! Dans le domaine du leadership, les femmes s’affirment de plus en plus. Nous avons eu des ministres, des parlementaires, une Première ministre au Mali, et des présidentes en Tanzanie, au Libéria ou encore en Namibie. Sur le plan de l’éducation de nombreux programmes permettent à davantage de filles d’accéder à l’école, car le développement durable passe nécessairement par l’inclusion des femmes. S’agissant du domaine de l’entrepreneuriat beaucoup de femmes créent leurs propres entreprises, soutenues par des associations et des initiatives qui renforcent leurs capacités.
Mali Tribune : Quels sont les grands défis pour la femme malienne aujourd’hui ?
N. S. : Les défis sont multiples. Le manque d’accompagnement technique et financier freine l’élan entrepreneurial. Dans certaines localités, les traditions et coutumes restent des obstacles majeurs à l’épanouissement des femmes.
Mali Tribune : Quels obstacles freinent encore l’accès des femmes aux postes de responsabilité ?
N. S. : Ils sont souvent d’ordre culturel ou religieux, et liés à un déficit de formation et de renforcement de capacités. Mais les choses évoluent : des femmes occupent déjà des postes ministériels, parlementaires et même présidentiels. Ce processus est en marche et doit être soutenu.
Mali Tribune : Quel rôle les femmes leaders peuvent-elles jouer pour accélérer l’accès au leadership ?
N. S. : Les femmes leaders doivent former, accompagner et renforcer les capacités de leurs consœurs. Au Mali, la loi 052 sur le genre favorise leur présence dans les fonctions électives et nominatives. Les associations nationales et internationales multiplient les initiatives pour appuyer les femmes dans leur parcours.
Micro-trottoir :
Une journée encore méconnue, mais porteuse d’espoir
À l’occasion de la Journée internationale de la femme africaine (JIFA), la rédaction de Mali Tribune est allée à la rencontre de citoyennes et citoyens pour recueillir leurs perceptions. Si certains découvrent cette journée, d’autres y voient un levier puissant pour la reconnaissance et l’émancipation des femmes africaines.
Fatou (étudiante) :
"Je ne savais pas que cette journée existait, mais je trouve que c’est important de mettre en avant le rôle et les combats des femmes africaines. On devrait en parler plus dans les médias et à l’école".
Moussa (commerçant) :
"Je connais la Journée internationale des droits de la femme en mars, mais pas celle-ci. C’est bien de se rappeler nos pionnières et de valoriser les femmes du continent".
Aline (enseignante) :
"Pour moi, c’est une date qui doit servir à motiver les femmes à prendre des initiatives, à se former et à s’unir contre les injustices".
Sira (membre d’une organisation) :
"Je participe chaque année aux événements de cette Journée avec mon association. C’est un moment où l’on échange sur nos succès et nos difficultés. Ça donne la force de continuer".
Farima (ménagère) :
"Je n’ai jamais entendu parler de cette journée, peut-être qu’elle n’est pas aussi importante que le 8 mars".
Dossier réalisé par
Regina Dena
(stagiaire)
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