Plate forme d’Ansar Eddine : la vérité si je mens…

5 Jan 2013 - 06:14
7 Jan 2013 - 10:40
 18
[caption id="attachment_105002" align="aligncenter" width="620"] Des membres du groupe islamiste Ansar Dine, le 6 novembre 2012 à Ouagadougou © AFP[/caption] Les masques sont-ils en train de tomber ? Assurément oui. Au lendemain du vote de la résolution 2085, et à la grande surprise, le MNLA et Ansar Eddine publiaient un communiqué conjoint depuis Alger, pour annoncer qu’ils étaient disposés à dialoguer et négocier avec les autorités maliennes. Une annonce qui consacrait une alliance que beaucoup d’observateurs jugeaient de contre nature et de pas sincère. Près de deux semaines après ce coup d’éclat, voilà donc que les responsables d’Ansar Eddine donnent raison à tous ceux qui doutaient de la sincérité de leur annonce. Leur plate forme dite politique et qui a été remise au médiateur burkinabè est un document haineux et truffé de contre-vérités historiques et sociologiques. Une fois qu’on a lu ce long, très long pamphlet, l’on se rend compte que les hommes de Iyad Ag Ghali ne sont pas prêts à un dialogue sincère, ni au maintien du Mali dans ses bases actuelles. Mais ils oublient simplement que les faits sont têtus et que les mensonges de la nuit finiront par apparaître sous leur vrai trait le jour levé. Ils peuvent accuser le Mali de tous les pêchés d’Israël, mais ils auront été, chacun d’entre eux, à un degré ou à un autre, des acteurs et des profiteurs du système qu’ils dénoncent avec véhémence. Nous n’allons pas faire dans le fétichisme des chiffres, car dans certaines situations, les statistiques peuvent paraître dérisoires. Concentrons-nous sur les faits, rien que les faits et qui peuvent être facilement constatés sur le terrain par n’importe qui.  Le mouvement dirigé par l’ex-rebelle, trafiquant et associé de l’industrie maléfique des preneurs d’otages a fait de Kidal son fief. Mais s’ils n’ont pas la mémoire courte, ils doivent se souvenir que lorsqu’en 1991, le 8 août plus précisément, dans le cadre de l’application des résolutions du pacte national, la zone fut érigée en région, la 8e du Mali, ils ont exigé que le gouverneur de Kidal puisse être un Touareg. Une grosse erreur à l’époque. C’était du jamais vu au Mali, une nomination à base ethnique. Pire, toutes les régions frontalières du Mali situées dans cette zone sont dirigées par des gouverneurs militaires. Mais suite à la pression exercée, le premier gouverneur de Kidal aura été Eglèse Ag Foni, originaire d’Aguelhoc et qui restera en poste de 1991 à 2005, soit 14 ans. Une longétivité record pour un tel poste. Suite à des malentendus internes, les mêmes éléments ont demandé à cor et à cri le départ d’Eglèse Ag Foni, qui était même obligé de passer la nuit hors de Kidal ville, par Alhamdou Ag Ilyène, un autre Touareg qui va gérer la région durant 5 ans, de 2005 à 2010. Ce n’est que 19 ans après sa création, que la 8e région administrative du Mali sera dirigée par un non Touareg civil (Yaya Dolo) et 20 ans après par un militaire, le colonel Salifou Koné. Les cercles de Kidal ont été crées suivant le poids des notabilités locales et non de leur densité ou de leur poids économique. Les élections n’ont jamais été démocratiques dans la zone, puisque tout le monde était obligé de voter en faveur du candidat soutenu par les tribus régnantes. Des hommes comme Iyad Ag Ghali, l’ex-député Algabass Ag Intalah et compagnie y ont toujours fait la pluie et le beau temps, jouissant de tous les privilèges et se livrant à des trafics illicites. D’ailleurs, les militaires n’ont-ils pas tiré une fois sur le véhicule du même Algabass lorsqu’il n’a pas voulu obtempérer aux consignes de sécurité parce que transportant des marchandises pas très “islamiques”? Entre nous, entre l’érection de Kidal en région et le début de l’occupation l’année dernière, n’est-ce pas la zone du Mali qui a connu la croissance urbaine la plus forte et la plus rapide? L’époque des 3B (Bidons, Barriques et Brouettes), qui évoquait les difficultés d’approvisionnement en eau, est bien révolue et la capitale de l’Adrar des Iforas est devenue une ville plus urbanisée que Gao. Il est facile de porter des accusations contre un Etat en difficulté tout en se dédouanant de toute faute, mais la vérité finira toujours par triompher. Si vous êtes pour la charia, commencez par l’appliquer à vous même. Il serait même intéressant que nos services secrets divulguent le contenu de ce document confidentiel qui met à nu les réseaux de trafics de drogue dans cette partie du Mali. Que de prétendues notabilités impliquées qui organisaient un à deux convois par mois. Les chauffeurs percevaient plus de 2 millions par voyage et les jeunes chargés de sécuriser les convois 1,5 millions de CFA. Les noms des familles impliquées sont connus, les circuits sont aussi connus, la destination finale étant un intermédiaire basé en Egypte. Oui, il serait vraiment intéressant que ce document puisse parvenir aux chancelleries occidentales pour qu’on comprenne que Iyad et compagnie veulent se blanchir alors qu’ils ont les mains trempées de poudre blanche destinée à l’Europe. D’ailleurs, l’essentiel des notabilités impliquées se trouve sur le territoire de Kidal avec quelques ramifications à Gao et Tombouctou. Nous allons nous en arrêter là pour aujourd’hui. Mais le débat ne fait que commencer, car face au silence du gouvernement malien face à de telles accusations, nous nous faisons un devoir d’éclairer l’opinion nationale et internationale à travers cette tribune… Une contribution de Said Sandourma, Gao (pour maliweb.net)  

Quelle est votre réaction ?

Like Like 0
Je kiff pas Je kiff pas 0
Je kiff Je kiff 0
Drôle Drôle 0
Hmmm Hmmm 0
Triste Triste 0
Ouah Ouah 0