Fraude à grande échelle éventrée lors du déroulement des épreuves du DEF 2011 sur la rive droite du district de Bamako : Des sujets traités vendus comme des petits pains dans plusieurs centres d'examen. Le ministre Salikou Sanogo tient une réunion de crise pour parer à la situation

10 Juin 2011 - 00:00
10 Juin 2011 - 00:00
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La nouvelle a fait l'effet d'un petit séisme dans des milliers de foyers bamakois hier dans la matinée. Au deuxième jour du déroulement du Diplôme d'études fondamentales (DEF) version 2011, une vendeuse d'eau a été appréhendée dans un centre d'examen à Kalaban Coro avec des sujets déjà traités qu'elle vendait comme des petits pains aux candidats. Il  y avait  toute la panoplie  des matières à composer : l'histoire, la géographie, la physique, la chimie, l'éducation civique et morale (ECM) et la mathématique. L'épreuve d'histoire étant passée depuis la veille, mercredi 8 juin, on peut en déduire que la brave dame avait commencé son petit commerce lucratif le jour  même des examens ou peut être la veille. Cette fraude à grande échelle (elle a concerné  un grand nombre de centres d'examens et pratiquement toutes les épreuves soumises aux candidats) constitue un revers cinglant pour le ministre  de l'Education, le Pr. Salikou Sanogo, qui a mis son point d'honneur à moraliser l'école malienne pour la sortir de l'ornière dans laquelle elle est empêtrée depuis de trop longues années. La veille, il avait déclaré lors d'une conférence de presse spécialement organisée pour l'occasion que "toutes les dispositions nécessaires avaient été prises pour assurer la bonne tenue des examens". Les faits viennent de le démentir. La corruption s'est incrustée dans l'école malienne comme le ver dans le fruit. Elle n'est pas près d'en sortir. Alors question : faut-il valider cette mascarade d'examen ou en organiser une nouvelle? C'est la question qui interpelle les plus hautes autorités de la République.

Les sujets qui  ont circulé sur l'ensemble du District, depuis le début des épreuves du DEF, le mercredi 8 juin, n'ont été découverts que seulement hier  jeudi  et précisément dans deux centres de la rive droite, à savoir celui de Daoudabougou et de Kalanbancoro. A Kalanbancoro, une jeune demoiselle vendeuse d'eau fraiche a été appréhendée en possession d'une quantité importante de photocopies de sujets. Interrogée par les éléments de la police, elle indiquera avoir reçu lesdites copies  des mains d'un messieur.

 Un inconnu qui n'avait pas encore été identifié au moment où nous metions sous presse. Informée de cette arrestation, la Directrice de l'Académie de la rive droite, Mme Dicko Balissa Cissé, s'est immédiatement rendue  sur les lieux.  Les copies saisies sur la demoiselle lui ont été remises.  Les copies en question  contenaient  l'ensemble des épreuves du DEF 2011. On y  découvre les sujets de  mathématique, d'histoire, de géographie, entres autres disciplines  dans lesquelles les élèves ont déjà composé entre mercredi et jeudi, mais aussi ceux de l'ECM, la physique et la chimie dans lesquelles les élèves vont composer aujourd'hui.

Aussitôt informé de cette fraude à grande échelle qui s'est opérée sous le nez et à la barbe des plus hautes autorités du pays, nous sommes immédiatement  entrés en contact avec la Directrice de l'Académie de la rive droite, Mme Dicko Balissa Cissé.

C'est une femme abattue et  sidérée par ce qui s'est passé que nous avons pu joindre au  téléphone. D'entrée de jeu, elle nous confirme les cas de fraude signalés. Avant de préciser que " dès que j'ai eu l'information, je me suis déplacée sur le terrain pour constater, de visu, les cas de fraude à Daoudabougou et Kalanbancoro. Nous avons aussitôt mis en place une équipe qui a été déployée sur le  terrain. Nous tenterons de comprendre comment ces cas de fraude sont survenus ". Mme Dicko Balissa Cissé n'en dira pas plus.

Ces cas de fraude ont mis à nu la grande assurance affichée par le ministre Salikou Sanogo.  A la veille des épreuves,  le ministre avait réuni autour de lui les membres de son Cabinet, les  Directeurs des services centraux et déconcentrés de son département ainsi que les partenaires sociaux de l'école. Lui ainsi que le Directeur national des examens et concours, Hassimi Adama Touré, avaient indiqué  que toutes les dispositions nécessaires ont été prises pour assurer la bonne tenue des examens. Pour preuve, avaient-ils confié,  3850  agents de police ont été réquisitionnés pour  assurer le bon déroulement des épreuves et éviter d'éventuels cas de fraude.

On imagine difficilement que des sujets, qui ont été méticuleusement préparés par le ministère à travers la Direction nationale des examens et concours avec la discrétion requise en la matière, puissent  se retrouver dans les centres d'examen et vendus comme des  petits pains. Donc la source de cette fraude ne peut  venir que du département selon des témoins dignes de foi.

Pour en savoir davantage et situer les responsabilités, le ministre de l'Education, Pr Salikou Sanogo, a convoqué une réunion d'urgence avec l'ensemble des membres de son Cabinet. Aux dernières nouvelles, on nous apprend qu'il a été convenu, au cours de cette rencontre, de prendre rapidement des dispositions qui s'imposent en la matière en vue de redresser la situation.

D'ores et déjà, il était question hier de remplacer les épreuves d'aujourd'hui portant sur l'ECM, la physique et chimie. S'agissant de celles du mercredi  et  de jeudi, nous ne connaissons pas, pour l'instant, les dispositions qui ont été prises.

   Nous y reviendrons.

Abdoulaye Diarra, Ramata TEMBELY

 

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