Attentat à Grand Bassam : Fodé Fadé, un jeune malien de 33 ans, tué dans les bras de sa fiancée sur la plage

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    Nous étions à Abidjan pour les festivités de la 9ème édition du MASA, dont les activités se sont déroulées au Palais de la culture d’Abidjan. La clôture de la manifestation a eu lieu le samedi 12 mars 2016, sans incident majeur. Le lendemain de la clôture, le dimanche 13 mars 2016, avant de quitter Abidjan, nous décidons de faire un tour dans l’ancienne capitale de la Côte d’Ivoire. C’était aux environs de 8 heures du matin.

    Grand Bassam est à 40 km à l’est d’Abidjan. Au moment de notre passage sur la station balnéaire de Grand Bassam I, c’était l’entrée des visiteurs ; il y avait aussi la fête avec des barbecues tout au long de la plage. Après un tour au niveau de la plage, nous avons quitté les lieux pour visiter les bâtiments coloniaux avec notre chauffeur et guide, Solomane. Quelques heures après avoir visité quelques bâtiments et vestiges, nous avons pris congé de Grand Bassam. En ce moment, la plage commençait à faire son plein.

    Vers 9 heures, nous regagnions notre hôtel. C’est à l’aéroport que notre chauffeur Solomane nous informa : «Patron, il y a des tirs à Bassam, là où on était tout de suite même ; il y a beaucoup des morts. Je quitte la zone pour Abidjan, les militaires arrivent en force». Les choses vont vite ; les officiels que nous avons tenté de joindre nous parlaient d’une  fusillade. D’autres, d’attaque terroriste. «La Côte d’Ivoire avait déjoué 5 attentats terroristes, mais personne ne peut rien contre les terroristes», nous a confié un haut gradé de l’armée ivoirienne.

    Au même moment, le ministre d’Etat, ministre de la Sécurité intérieure, Ahmed Bagayogo, qui était au Ghana à Koumassi, arrive de toute urgence à Abidjan. Mais avant, le chef de l’Etat, ADO, avait pris des dispositions. Les forces spéciales ivoiriennes ont été déployées sur le terrain. Les échanges de tirs deviennent intenses. Quelques minutes plus tard, Ahmed Bagayogo fait une intervention à la télévision pour rassurer les Ivoiriens. Le ministre d’Etat, ministre de la Sécurité intérieure, annonce la neutralisation de 6 terroristes et la mise en place d’une cellule de crise avec un numéro vert. Avant d’accompagner le président ADO sur le terrain.

    Le bilan de l’attaque de Grand Bassam est de 22 morts : 14 civils dont 4 Européens, 10 Africains ; 2 soldats et 6 terroristes. Les victimes sont de nationalités ivoirienne, française, allemande, burkinabè, malienne et camerounaise. Il y a eu aussi 22 blessés qui ont été conduits au CHU de Treichville.

    Selon certains rescapés, l’attaque a été menée par une dizaine d’hommes ; un avait des armes sophistiquées et était retranché dans l’un des 3 hôtels. À Grand Bassam, les premiers sur le théâtre des opérations furent Chérif Ousmane et ses hommes. Le CCDO est arrivé après et bien plus tard, la gendarmerie nationale.

    Le Malien tué s’appelait Fodé Fadé, âgé de 33 ans, un jeune commerçant Sarakolé. Il était avec sa fiancée sur la plage quand les terroristes ont surgi. Il a essayé de s’enfuir en protégeant sa fiancée, mais une balle l’a atteint au niveau de la poitrine. Sa fiancée a pu se tirer d’affaire saine et sauve. Mais elle reste très traumatisée. Elle a surtout besoin d’une assistance psychologique car elle ne parvient pas à accepter la mort de son fiancé. Pour elle, «Fodé Fadé ne peut pas mourir comme ça».

    L’attaque de Grand Bassam a été revendiquée par Aqmi, dirigée par Mokhtar Belmokhtar. Le chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara s’est voulu ferme et catégorique après les attaques terroristes perpétrées dimanche en milieu de journée dans la ville historique de Grand Bassam, par ailleurs, première capitale ivoirienne. «Ces attaques lâches de terroristes ne seront pas tolérées en Côte d’Ivoire», a martelé le président ivoirien. Avant d’annoncer «des mesures importantes» prises pour faire face à de tels actes.

    Selon le chef de l’Etat ivoirien, «la situation est sous contrôle et le calme est revenu à grand Bassam». Un constat est que la fusillade de Grand Bassam survient après la tenue du gala organisé par l’Ong Children of Africa de Mme Dominique Ouattara, l’épouse du président ivoirien. Gala qui a permis l’arrivée de plusieurs personnalités européennes de haut rang en Côte d’Ivoire. Le Prince d’Orléans se trouvait à cette plage quand la fusillade a eu lieu. Ce dimanche, de nombreux invités de marque à ce gala étaient à Grand Bassam pour se détendre. Serait-ce une tentative de prise d’otages qui a mal tourné ?

    Précisons que le chef de l’Etat ADO a présidé une réunion, avant de tenir hier lundi 14 mars 2016 un Conseil extraordinaire des ministres.

    Kassim TRAORE

    Envoyé spécial à Abidjan

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