L’ancienne chancelière allemande publie ses Mémoires où elle revient sur sa jeunesse, son ascension politique, sa longévité au pouvoir et ses rapports avec les locataires de l’Élysée entre 2005 et 2021.
Ce sont des mémoires très attendus. Depuis qu’elle a quitté le pouvoir il y a trois ans, sa parole est rare. Chancelière entre 2005 et 2021, Angela Merkel a été au cœur de toutes les secousses qui ont touché l’Europe et le monde. Sur près de 700 pages, elle évoque la crise économique de 2008, les pressions de Vladimir Poutine, le sauvetage de la Grèce, l’arrivée de Donald Trump, la crise des migrants…
Récit dense, qui se perd parfois dans des détails trop techniques, « Liberté » accorde une place importante au « fameux couple franco-allemand ». Chirac, Sarkozy, Hollande, Macron… Angela Merkel a côtoyé quatre présidents de la République et revient dans son livre sur ses rencontres.
La première date de 2005. À peine nommée chancelière, Angela Merkel rencontre Jacques Chirac, président depuis 1995 et grand ami de Gerhard Schröder. « Jacques Chirac et moi formions un couple disparate, il était mon aîné de vingt-deux ans et s’appuyait sur des décennies d’expérience politique », écrit-elle, avouant avoir été « emplie du respect que m’inspirait sa carrière ». Un point de désaccord toutefois : la nouvelle chancelière refusait d’utiliser l’expression chiraquienne d’« axe franco-allemand » : « Elle rappelait involontairement de sombres époques de l’Allemagne et puis l’image me paraissait trop rigide. »
« Sarkozy parlait à une vitesse fulgurante »
En 2007, la rupture. Nicolas Sarkozy s’installe à l’Élysée. Son premier déplacement est pour Berlin. Le contact est facile. Angela Merkel se souvient d’une caractéristique du président français : « Il parlait à une vitesse fulgurante. » Le quinquennat sera celui des tempêtes. Souvent bousculée, parfois agacée, Merkel écoute Sarkozy et souvent le rejoint dans l’intérêt de l’Europe. Et exprime des regrets. « Il me paraît excessif d’avoir refusé l’expression « gouvernement économique », j’aurais pu y adhérer. »
François Hollande succède à Nicolas Sarkozy en 2012. Premier déplacement à Berlin, également. Angela Merkel est silencieuse sur les aléas de cette première visite épique : l’avion foudroyé, les hésitations sur le tapis où le nouveau président semble embarrassé… L’ancienne chancelière revient abondamment sur la crise de la dette grecque et les coups de menton de Vladimir Poutine sur la question ukrainienne. Puis viennent les attentats de Charlie Hebdo en janvier 2015. « Quand j’appris qu’une marche commémorative aurait lieu le dimanche à Paris pour les victimes de ces attentats, j’appelai de nouveau François Hollande. Je voulais y participer, écrit-elle. Je ne m’étais encore jamais invitée nulle part, mais cette fois-là je le fis. Hollande me remercia, mais commença par me dire que ma présence n’était pas nécessaire. Je ne changeai pas d’avis pour autant et il accepta finalement que je vienne. »
2017 : les présidents français changent, la chancelière reste. Angela Merkel va gérer avec Emmanuel Macron l’épidémie de Covid qui va mettre le monde sous cloche. Pour la première fois, la dirigeante allemande cède et propose un plan de relance de 500 milliards d’euros. Pourtant, elle se montre peu diserte sur sa relation avec le chef de l’État, révélant seulement avoir « trouvé des solutions à des problèmes politiques difficiles lors d’entretiens privés. » Dans le portfolio qui accompagne le livre, Angela Merkel se montre émue par son ultime visite en France, le 3 novembre 2021. En Bourgogne, au château du Clos de Vougeot, Emmanuel Macron lui décerna la grand-croix de la Légion d’honneur, concluant 16 ans d’une relation si spéciale entre l’Allemagne et la France.
Source: https://www.parismatch.com/
Les vautours Chirac, Hollande, Sarkozy et Macron de la très maudite France et Angela Merkel.