Alors qu’après plus de sept mois d’enlisement dans la crise, la Communauté internationale (CI), à travers les grandes puissances (les USA, la France), ainsi que les Nations unies, l’Union africaine et la Cedeao, s’apprête enfin à déclencher une offensive armée aux fins de restaurer l’intégrité territoriale et l’unité de notre pays, certains pays voisins s’acharnent toujours, presque de façon unilatérale, à espérer résoudre la question par la voie de la négociation. C’est ainsi que le Groupe armé islamiste, Ansar Eddine, a envoyé, ce weekend, simultanément des émissaires à Alger et Ouagadougou, semble-t-il, pour négocier la paix. «Des élus» de la région de Kidal feraient même partie des deux délégations devant converger sur Abuja à partir du Faso.
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Des islamistes du groupe terroriste d'Ansar eddine au Mali. © AFP[/caption]
Mais pourquoi un tel entêtement de ces pays pour vouloir à tout prix résoudre par la voie négociée un problème militaire qui n’a en réalité qu’une solution militaire ? Sinon à quel jeu joue-t-il, cet axe algero-burkinabè, via le Nigeria, pour saborder les efforts durement consentis par la CI ? Et, dès lors que des experts internationaux viennent de boucler une réunion sur le «concept d’opération» qui précise la composition et les capacités de la force ouest- africaine à déployer sur le terrain, avec l’aval de l’Onu, afin d’aider nos forces armées à rétablir l’intégrité du territoire national, n’est-on pas en droit de douter que ces pays ne nourrissent d’autres agendas inavoués ? Des zones d’ombres subsistent dans tous les cas.
Par tous les moyens, des pays voisins selon des sources concordantes, seraient en train de remettre en selle le Mnla aux fins de lui permettre de rejouer un rôle militaire accru. Toute chose lui ouvrant des possibilités de figurer dans le cours des événements substantiellement parmi les acteurs de la solution négociée. Le pays médiateur désigné de la crise, le Burkina Faso, est dans le collimateur car, fortement soupçonné par plusieurs sources d’avoir réarmé ce mouvement auquel il aurait fourni des camps d’entrainement sur son territoire.
Aussi l’attitude de l’exécutif malien demeure toujours ambivalente et incompréhensible. Si, d’un côté, l’on prête désormais au Premier ministre «l’habit» de partisan de la guerre, on pense par ailleurs que le Président Dioncounda serait un adepte de la solution négociée. Le récent séjour de ce dernier au Qatar sur invitation de l’Emir, à bord d’un avion affrété par celui-ci, n’illustre t-il pas cela ? Surtout qu’à l’issue de cette visite de travail, les autorités qataries (qui ont formellement démenti d’être derrière les islamistes armés qui occupent le septentrion, sans le prouver) ont démontré leur disponibilité d’aider financièrement notre pays, mais à condition que la paix revienne ! L’Emir, lors de ses entretiens avec nos autorités, n’avait pas manqué de prôner la voie du dialogue. Va-t-on retourner à la même logique, qui avait prévalu du temps de la gloire du guide libyen, consistant à échanger la guerre contre une assistance qatarie au développement ?
D’ailleurs, une délégation gouvernementale fut même dépêchée le samedi dernier auprès de la médiation ouest africaine à Ouaga pour y porter la voix de notre pays. Mais le Malien lambda ne cesse de se poser la question sur quoi négocier et avec qui ? Lorsque l’on sait qu’aucune des forces d’occupation n’est vraiment fréquentable.
Une chose est cependant évidente, tout se passe comme si l’exécutif de notre pays n’a pas plus la légitimité populaire d’engager une quelconque solution négociée car, le Gouvernement est loin d’être l’émanation des urnes (donc du peuple).
L’Armée nationale, censée défendre l’intégrité territoriale, a failli depuis les événements du 22 mars. Et le comble est que même très affaiblie, elle n’a jamais été aussi divisée depuis sa création. Elle n’a jamais pu avoir le minimum de sursaut d’orgueil pour réagir avec le peu d’armement à sa disposition. Elle se borne à ne déplorer que son ‘’sous-armement’’supposé par rapport aux forces ennemies. Ses nouveaux chefs n’ont brillé pour l’heure que dans la distribution entre eux et leurs proches de postes militaires et même civils. Allez savoir pourquoi !
Quant à l’Assemblée nationale, elle ne demeure qu’une caisse d’enregistrement. Elle ne joue point son rôle de contrôle des activités gouvernementales. Elle ne propose plus rien et n’a plus sa raison d’être. Bref, tout se passe comme si le retour à l’ordre constitutionnel n’est que du bluff.
Mais fort heureusement des voix commencent à s’élever pour dénoncer l’inertie et l’incompétence notoire de la gouvernance. Ces compatriotes se disent prêts à tous les sacrifices pour la restauration de notre intégrité territoriale. A cet égard, l’exemple d’un certain Lieutenant-colonel Sidibé (qui s’est fendu d’une lettre ouverte au Président de la République, à travers plusieurs journaux de la place) est à souligner.
Par Gaoussou M. Traoré