Après le rejet de la compétence de la CIJ : Comment le Mali va régler son différend avec l’Algérie ?
Déjà tendues depuis la remise en cause par les autorités de la Transition malienne de l’accord d’Alger de 2015, en 2023, les relations entre Bamako et Alger vont de détériorer en mars 2025, après la destruction d’un drone malien dans la zone de Tinzaouaten.

Selon les autorités maliennes, l’appareil était en mission de reconnaissance contre des groupes armés terroristes opérant dans la région Nord et a été abattu en territoire malien sans avertissement. Pour justifier un acte qu’elle désigne comme une posture défensive, l’Algérie soutient que le drone en question a franchi sa frontière. Il n’en fallait pas plus, en tout cas, pour que les deux pays se regardent en chiens de faïence au point d’impliquer la Cour Internationale de Justice, le 16 septembre 2025, après que les réclamations maliennes de clarifications des conditions exactes de l’incident sont restées sans suite - notamment sur les preuves de violation de l’espace aérien algérien par le drone abattu.
Sauf que la procédure devant la CIJ n’aura pas dépassé trois jours, à cause du refus de l’Algérie de se soumettre à la procédure, faisant ainsi obstacle à l’arbitrage du litige par la justice internationale. De quoi en rajouter à l’hostilité entre le Mali et son grand voisin sue fond de passe d’armes verbale par communiqués interposés. Alors que Bamako accuse l'Alger de dissimuler les preuves de sa culpabilité et son soutien aux terroristes à coups de dérobades et de soustraction à l’arbitrage, l’Algérie assimile la démarche malienne à une « tentative d’instrumentalisation » des instances arbitrales de l’ONU.
Le malaise prend ainsi des proportions d’escalade pendant qu’aucune voix officielle n’existe désormais entre les deux pays, après le rappel de leurs ambassadeurs respectifs.
Les interrogations n’ont de cesse d’affluer, par conséquent, quant aux moyens par lesquels le Mali pourrait résoudre un différend qu’un État se prévalant d’une montée en puissance militaire pourrait percevoir comme un affront. Les autorités de transition franchiront-elles l’audace de se faire justice, notamment par les armes ? C’est la question nombre d’observateurs se posent, après les tirs ciblés du PM Abdoulaye Maïga sur la tribune des Nations - Unies. Parlant de la brouille que le Mali entretient avec Algérie, le Général Maïga a notamment laissé entendre que le Mali ne sera pas un spectateur face aux assauts et à l’adversité. «Pour chaque balle tirée contre nous, nous réagirons par la réciprocité. Pour chaque mot employé de travers, nous réagirons par réciprocité », a-t-il prévenu au lendemain d’une démonstration de force réalisée au détour des festivités commémoratives du 65e anniversaire de l’indépendance marquées par une parade militaire aux allures de mises en garde.
Ajoutés à la tonalité des communiqués et menaces de part et d’autre, il y a peut-être lieu de s’attendre au pire qui n’apportera que le chaos et la désolation dans une région déjà fragilisée par l’incursion des terroristes sans loi.
Amidou KEÏTA
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