Trump détruit l’ONU: “Et si on remettait sur la table une ancienne proposition belge?”

Le 24 octobre, l’Organisation des Nations Unies fêtera ses 80 ans, mais de la part de son quasi-contemporain Donald Trump – le président américain a 79 ans – l’ONU ne doit pas s’attendre à un gâteau ni à du champagne pour son anniversaire.

24 Sep 2025 - 10:39
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Trump détruit l’ONU: “Et si on remettait sur la table une ancienne proposition belge?”
Donald Trump a tenu un discours pour le moins virulent à l’Assemblée générale de l’ONU. © AP / Eva Beeusaert

Lors de l’Assemblée générale, Trump a littéralement taillé en pièces l’ONU. “Elle ne fait rien pour arrêter les guerres et ne fait que créer des problèmes”, a-t-il fulminé. L’ONU a-t-elle vraiment perdu de sa pertinence? Quelle est l’arrière-pensée de Trump? Qu’est-ce que cela signifie pour la Belgique? Éléments de réponse avec David Criekemans, professeur de politique internationale à l’université d’Anvers.

Lors de sa fondation il y a 80 ans, 51 pays ont signé la Charte des Nations Unies. Depuis 2011, cette organisation qui vise la paix et la stabilité dans le monde compte 193 États membres. Pratiquement tous les pays indépendants et reconnus au niveau international en sont membres. Évidemment, les États-Unis aussi. Mais le président américain Donald Trump s’en est violemment pris à l’ONU lors de l’Assemblée générale ce mardi. Une organisation “inutile”, selon lui. “Ils rédigent des lettres virulentes, puis ne font rien. De belles paroles ne mettent pas fin aux guerres”, a-t-il lancé devant les dirigeants du monde entier.


Les déclarations de Trump n’étonnent pas vraiment le professeur de politique internationale David Criekemans (Université d’Anvers). “Ce n’est pas la première fois qu’il critique les Nations Unies, mais c’est bien la première fois qu’il le fait de manière aussi virulente. Dans son discours, Trump évoque sept conflits qu’il aurait soi-disant résolus lui-même, et dans le même souffle, il dénigre l’ONU. Cela s’inscrit parfaitement dans sa vision des relations internationales. Selon lui, les collaborations multilatérales actuelles ne sont ni efficaces ni efficientes”, explique l’expert.

Une autre vérité
Trump ne remet pas seulement en cause l’efficacité de l’ONU en tant qu’organisation de paix, mais aussi sa pertinence globale. “L’Organisation des Nations Unies est plus pertinente que jamais”, assure toutefois David Criekemans. “La question de savoir si son fonctionnement peut être amélioré en est une autre. Il est clair que Donald Trump veut moins d’ONU, et probablement revenir à une politique de puissance dominée par les grands pays. A-t-il raison? Cela dépend de votre position sur l’échiquier politique. Vu de l’angle MAGA (‘Make America Great Again’), l’analyse est différente de celle que nous faisons ici en Europe. Les États-Unis croient en une autre vérité.”

“Si le monde évolue dans la direction souhaitée par Donald Trump, alors ce sera un monde dans lequel des pays comme la Belgique n’auront plus grand-chose à dire”

David Criekemans
“Mais si le monde évolue dans la direction souhaitée par Donald Trump, alors ce sera un monde dans lequel des pays comme la Belgique n’auront plus grand-chose à dire”, prévient le professeur de politique internationale. “Lorsque l’ancien Premier ministre belge Paul-Henri Spaak s’est rendu à San Francisco en 1945 avec une délégation de 14 membres, il était convaincu qu’une ‘Organisation des Nations Unies’ était cruciale, surtout parce que chaque pays, grand ou petit, jouerait selon les mêmes règles.”

Droit de veto
Trump n’a pas tout à fait tort lorsqu’il affirme que l’ONU manque de moyens d’action — une remarque d’autant plus ironique venant du président américain. Et pour cause, le Conseil de sécurité est le seul organe de l’ONU capable d’imposer des sanctions, mais il est actuellement paralysé sur les conflits à Gaza et en Ukraine, en raison du droit de veto détenu par les États-Unis et la Russie. Cela aurait pu être différent. “Spaak a plaidé à l’époque pour que le droit de veto des cinq membres permanents – Chine, France, Russie, Royaume-Uni et États-Unis – soit limité lorsqu’ils sont eux-mêmes impliqués dans un conflit”, rappelle David Criekemans. “Ce serait peut-être une bonne idée de ressortir cette vieille proposition belge si l’ordre mondial actuel venait à s’effondrer”, estime le spécialiste.

Paul-Henri Spaak fut le tout premier président de l’Assemblée générale de l’ONU, tandis que le Portugais António Guterres est secrétaire général depuis 2017. Dans une conversation en tête-à-tête, Trump s’est montré un peu plus modéré qu’il ne le fut à la tribune de l’Assemblée générale. “Notre pays soutient l’ONU à 100 %”, a-t-il assuré à Guterres. “Je ne suis pas toujours d’accord, mais je la soutiens pleinement, car je pense que ce système a un potentiel énorme pour la paix”, a déclaré le locataire de la Maison-Blanche.

António Guterres a répondu à Trump que l’ONU était entièrement disposée à collaborer pour une paix juste. Une réponse très diplomatique, donc. “Guterres approche de la fin de son deuxième mandat. Il pourrait dire ce qu’il veut, cela ne changerait plus grand-chose pour lui”, pense David Criekemans. “La vraie question, c’est de savoir qui lui succèdera, et surtout, si le poste de secrétaire général a encore une réelle utilité. Mais ce débat-là attendra bien l’année prochaine”, conclut-il.

Source: https://www.7sur7.be/

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