Présidentielle 2013 : Un sérieux obstacle à l’accession d’IBK au pouvoir

15 Juillet 2013 - 14:36
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IBKIls sont  une vingtaine de candidats engagés dans la course au fauteuil unique. Ce nombre particulièrement élevé eu égard à la situation chaotique de notre pays intrigue plus d’un observateur. Certains parlent déjà d’élection « folklorique ». Ce qualificatif, en apparence sévère, trouve tout son sens  lorsque l’on porte un regard objectif et réaliste sur certains candidats, leurs parcours et leurs « programmes ».D’aucuns sont plus animés par le sensationnel que par une quelconque conquête du pouvoir. Bref, en tout état de cause, pour nombre de commentateurs, les candidats à même de faire tache d’huile sont en nombre restreint. Ils retiennent généralement Ibrahim Boubacar Keita du RPM, Soumaila Cissé de l’URD, Modibo Sidibé des FARE, Dramane Dembélé de l’ADEMA. A cette liste déjà très longue à notre avis, certains ajoutent Soumana Sacko de la CNAS-FASO Hèrè,  Cheick Modibo Diarra du RDPM, Ahmed Sow du RTD ;d’autres, allant plus loin et non sans maladresse, parlent  même de Jeanmille Bittar de l’UMAM.     En vérité, au-delà de tous ces commentaires, nous pensons qu’hormis IBK et Soumaila Cissé, la probabilité de l’accession au pouvoir des autres candidats est très réduite.     Aussi,  à l’exception d’un étrange numérologue qui s’accroche mordicus  à sa surprenante révélation faisant de  Modibo Sidibé le futur président du Mali, aucun observateur ne considère cette éventualité avec sérieux. Mais les hésitations deviennent tolérables chez certains lorsque le numérologue rappelle qu’il avait prédit l’accession d’un certain Dioncounda Traoré au pouvoir à un moment où cela  paraissait également improbable. Néanmoins, il s’agit là de données métaphysiques que nous n’intégrons pas  dans notre analyse qui se veut plutôt positiviste, fondée sur le sensible et l’observable.     S’agissant du porte-étendard de la ruche, on pourrait être tenté, comme le font certains commentateurs politiques,  de se référer au poids politique de son parti, l’ADEMA-PASJ s’entend, pour déduire sa possible victoire. Mais on se fait très vite rattraper par la réalité. En effet, quoiqu’issu de la plus grande formation politique, M. Dembélé ne peut susciter qu’un maigre  espoir.     En plus d’être un parfait inconnu, son talent oratoire  ne concourt pas non plus à mieux le « vendre » auprès de l’électorat, et ce sans compter les déchirures internes à l’ADEMA.     Quant à Soumana Sacko qui a la réputation d’un candidat crédible, pour avoir trop duré dans l’ombre, donc loin des affaires courantes de l’Etat, il aura bien du mal à convaincre le peuple malien d’être l’homme de la situation, sauf à répéter incessamment les prouesses dont on le crédite, avec pour risque d’être déphasé tant ses exploits remontent à bien longtemps.     Il est encore plus difficile de reposer l’espoir sur Cheick Modibo Diarra qui, nostalgique du règne de Damonzon Diarra, s’en était fait l’émule grâce à une compréhension particulière de  ses « pleins pouvoirs » et a fini par décourager ceux qui voyaient en lui une belle alternative à l’ancienne classe politique, dit-on, « pourrie ».     Enfin, en nous abstenant de tout commentaire sur la candidature de Jeanmille Bittar, est-il nécessaire de rappeler qu’Ahmed Sow, avec ses nombreuses farces, a le don de se faire prendre moins au sérieux par les électeurs? En effet, dans un Etat en crise avec une économie aussi fragile que celle du mali, celui qui offre, d’un côté de doubler le salaire des fonctionnaires et de l’autre de diminuer les impôts des entreprises, donc l’essentiel des recettes fiscales, est certainement à craindre ; abstraction faite des champs de cinq hectares, deux bœufs et une charrue qu’il donnera à chaque cultivateur et de la grande prison qu’il ambitionne de construire pour très vite y accueillir « les voleurs de deniers publics ». Il y a bien à se demander comment est-ce qu’Ahmed Sow compte financer ces projets, et où est ce qu’il trouvera ces champs à hauteur de cinq hectares par cultivateur. A-t-il une idée approximative du nombre de cultivateurs au Mali ? Mais le sensationnel, le sensationnel fait son chemin…     C’est donc, d’après notre lecture de la scène politique, entre IBK et Soumaila Cissé que se jouera la compétition véritable. A priori, le président du Rassemblement Pour le Mali,  Monsieur Ibrahim Boubacar Keita semble se positionner comme favori. Pour beaucoup, il est l’homme de la situation, le seul à même de revigorer l’Etat malien dont le dépérissement n’est plus un mystère ;  et restituer au peuple sa dignité.     Le président des tisserands, lui-même très confiant, rassure ses militants en des termes univoques : «  le moment est arrivé » comme pour leur dire  que la messe est déjà dite. Pourtant, à bien compter, cette croyance d’IBK en sa victoire n’est pas une simple fanfaronnade politique. Il est en effet à ce jour le plus applaudi dans les grins et dans plusieurs milieux intellectuels. La crise que traverse notre pays par ces temps semble avoir joué en sa faveur : « la crise a ouvert les yeux des maliens, on ne se laissera plus faire », soutiennent péremptoirement certains militants RPM comme pour rappeler que leur président fut toujours l’unique sauveur du Mali que le peuple, dans sa cécité collective, n’a jamais compris ; oubliant ainsi que leur mentor a été président de l’Assemblée Nationale sous le règne ATT… Le moment est donc  venu et, la crise aidant, le réveil du malien a été brutal.     C’est parfois à se demander si nous parlons tous du même peuple, c’est-à-dire celui qui continue à  afficher allégrement  son attachement au thé, celui qui est présent aux meetings de tous les politiciens, pour peu qu’ils ne se tiennent pas à la même heure ; promettant victoire à chacun.     Dans plusieurs milieux intellectuels on dit de lui qu’il est  « le moins mauvais des candidats » répétant ainsi avec Machiavel «  qu’entre deux maux il vaut mieux choisir le moindre ».     Toutefois, et sans vouloir jouer les trouble-fêtes, nous avons une analyse beaucoup plus nuancée. En effet,  les dés sont loin d’être jetés comme  semblent le croire le chef tisserand et ses partisans. Le jeu politique est toujours complexe et profond. Comme eux nous pensons qu’IBK est le candidat qui pèse le plus à ce jour. Mais nous maintenons que pour que cette force lui profite, il devra tout faire pour être élu au premier tour. En effet, en cas de second tour entre IBK et SoumailaCissé, hypothèse très plausible, il y a  de sérieuses raisons de penser que la plupart des grands partis et même des micro-partis apporteront leur soutien  à SoumailaCissé. On peut ainsi imaginer que l’ADEMA, même si certains membres de ce parti se rapprochent de plus en plus  d’IBK, les FARE, le RTD etc, ou plus largement les membres du FDR, et la plupart des micro-partis qui gravitaient autour d’ATT voleront au secours de celui qui se fait appeler « Soumi Champion ». Dans une telle configuration, le chef  tisserand aura du mal à accéder au pouvoir, sauf à imaginer que les consignes de vote ne seront pas suivies par les électeurs. Or, cette dernière hypothèse est peu probable compte tenu du degré de maturité politique du peuple malien.     ZANA KONE Juriste d’Affaires zanakone@gmail.com 

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