Hivernage : La pénurie alimentaire n'affaiblit pas les travaux champêtres
Au moment où les travaux champêtres battent leur plein, la plupart des petits paysans du Mali manquent de vivres. Cette crise alimentaire, qui a commencé avant le début de l'hivernage en juillet dernier, se poursuivra jusqu'aux prochaines récoltes en octobre prochain.
Profitant d'une des rares humidités du début du mois d'août, la veuve Kadia Samaké, le regard triste, déambule dans son champ en jetant des poignées de graines d'arachides. Derrière elle, ses enfants, labourant avec une charrue, interrompent parfois les chants d'oiseaux par des cris visant à accélérer le rythme des animaux de trait.
Mais, cette paysanne du village de Gwelekoro, dans le sud du Mali, et ses enfants ont cessé de vivre des produits de leurs champs avant le début de la saison des pluies. «J'ai récemment pris un sac de mil à crédit à la banque de céréales du village pour nourrir mes enfants avec qui je cultive mes champs. Quand je les vois travailler au champ avec le ventre vide, je me sens mal», déclare Samaké à IPS. Mais ces difficultés vont continuer jusqu'aux prochaines récoltes.
Dans ce village, les dernières récoltes qui ont eu lieu entre octobre et décembre 2010 n'ont pas été bonnes. «L'année dernière, la saison des pluies était bonne jusqu'au moment où les céréales prenaient des épis. Il s'est arrêté de pleuvoir vers la fin de la saison, et les épis n'ont pas eu assez de graines», a-t-elle ajouté.
Environ 500 personnes habitent Gwelekoro, qui se vide en cette période de ses bras valides pendant la journée au profit des travaux champêtres. Pourtant, presque tous les paysans sont obligés d'acheter des vivres. «Aujourd'hui, dans notre village, les paysans qui vivent des produits de leurs champs ne dépassent pas cinq familles. C'est un nombre très limité de personnes qui trouvent de quoi se nourrir pendant toute l'année», a indiqué à IPS, Adama Zan Diarra, un vieil homme habitant Gwelekoro.
Pourtant, le ministre malien de l'Agriculture, Agatam Ag Alassane, a estimé en juin dernier que 2010 a été une bonne année, avec une production de sept millions de tonnes de céréales. Et malgré le retard des pluies en 2011, le pays compte atteindre huit millions de tonnes aux prochaines récoltes grâce à la subvention des intrants agricoles, notamment les engrais et les pesticides.
Mais malgré l'embellie de 2010, l'étendue de la pénurie alimentaire pendant la période des travaux champêtres reste grande. «Plus de 80 pour cent des paysans maliens sont confrontés à une rupture de stock en céréales pendant l'hivernage. Le problème s'accompagne de l'éclatement des grandes familles qui fait éclater les terres», a expliqué à IPS, Oumar Coumaré, responsable du programme semences à l'Association des organisations professionnelles paysannes du Mali (AOPP), une organisation non gouvernementale (ONG) nationale.
Boba Abed-Nego Dackouo, président de l'association paysanne de San, une localité sud du Mali, a affirmé que toutes les dépenses que font les paysans sont liées à l'agriculture: les mariages, la santé, l'éducation et les imprévus. «C'est pour cela que nous finissons les stocks avant l'hivernage», a-t-il dit à IPS.
La rupture de stock en céréales est due à plusieurs causes parmi lesquelles la mauvaise gestion. Ainsi, l'AOPP et d'autres ONG fournissent des semences précoces aux paysans dans les huit régions du pays et les encadrent. «Nous expliquons aux paysans que ce qu'ils doivent faire dès les premiers jours des récoltes, c'est de garder 250 kilogrammes de céréales pour chaque membre de la famille avant de faire d'autres dépenses ou de distribuer des vivres aux proches de la famille», a indiqué Coumaré.
Les changements climatiques sont aussi pointés du doigt par des spécialistes. Habouré Sissoko, chargé de communication à l'AOPP, a déclaré les saisons de pluies commencent tardivement et finissent tôt. «Au lieu de juin, il pleut en juillet maintenant et les pluies s'arrêtent en septembre. Dans ces conditions, le paysan qui n'est pas bien équipé ne peut pas produire suffisamment pour toute l'année», explique-t-il à IPS. Selon lui, le paysan doit avoir, en plus des outils de travail, des semences adaptées au climat.
Les deux dernières saisons de pluies ont été mauvaises dans le village de Gwelekoro, et les paysans s'inquiètent de leur avenir à cause de la persistance des pénuries. «Pendant l'année 2009, il n'a pas plu au milieu de l'hivernage. Mon champ de riz s'est asséché comme s'il avait été brûlé par le feu; je n'ai pas récolté une seule graine de riz. Si cette situation continue, l'avenir sera compromis pour nos enfants», a déploré la veuve Samaké.
APS
PROGRAMME DE FACILITE ALIMENTAIRE
Une initiative contre la famine en Afrique
Le Grand hôtel de Bamako a servi de cadre hier mercredi 7 septembre 2011 à la cérémonie d’ouverture d’un atelier de capitalisation des expériences sur le programme de facilité alimentaire. L’événement a été présidé par le Commissaire à la sécurité alimentaire, Yaya Nouhoum Tamboura et des représentants des partenaires techniques et financiers.
Le programme de facilité alimentaire est un dispositif d’appui visant à renforcer l’intégration régionale par l’amélioration de l’accès à la nourriture et à la sécurité alimentaire en Afrique de l’ouest. Il vise à améliorer la disponibilité et l’accès aux services et intrants agricoles, notamment les semences et les engrais, à augmenter les capacités de production agricole, de satisfaire les besoins alimentaires des populations les plus vulnérables et aussi d’octroyer les équipements et les infrastructures économiques aux mondes rurales. Il vise cinq pays : le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Mali et le Sénégal. Cette initiative était au centre d’un événement hier au Grand hôtel de Bamako.
Le Commissaire à la sécurité alimentaire a de prime abord commencé par apprécier le choix fait sur notre pays pour abriter cette rencontre qui vise à capitaliser les expériences sur le programme de facilité alimentaire ;qui est une réponse coordonnée de renforcement de la sécurité alimentaire par le Fond international pour le développement de l’agriculture (Fida), la CEDEAO et l’Icrisat dans les cinq pays cités de l’Afrique de l’ouest. Le programme aura permis aux différents pays concernés d’initier un processus de production, de contrôle et de diffusion des semences certifiées en partenariat avec les producteurs organisés.
Pour le commissaire, l’objectif du présent atelier est « de partager les informations issues de la mise en œuvre des activités afin de tirer les premiers enseignements qui s’imposent »
Pour la représentante de l’Union européenne, Aurélie Faivre, le Programme de facilité alimentaire a été créé pour faire face à la crise alimentaire qui a affecté l’Afrique de l’ouest en 2008 premier du genre, ce programme est doté d’un milliard d’Euros pour pouvoir lutter contre l’insécurité alimentaire, la faim.
Plus de 40 millions d’Euros de ce fonds ont été confiés au Fond international pour le développement de l’agriculture (Fida). Pour Aurélie Faivre l’atelier de Bamako permettra de partager les expériences vécues des uns et des autres afin de pallier aux diverses difficultés rencontrées au cours de l’exécution dudit programme. Elle n’a pas manqué de saluer et d’encourager les efforts consentis par l’Union européenne qui a prorogé le programme de trois mois supplémentaires ; ainsi il s’étendra jusqu’au 31 décembre de cette année.Le gouvernement malien a également reçu des remerciements pour tous les efforts consentis jusqu’à ce jour en rapport avec ce programme de développement.
Ousmane Daou, stagiaire
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