À quelque jours du prononcé du jugement dans l’affaire du djihadiste Al Hassan prévu le 26 juin 2024, la Cour Pénale Internationale (CPI) à travers sa Chambre préliminaire a rendu public le mandat d’arrêt à l’encontre d’Iyad Ag Ghaly pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité qui auraient été commis au nord du Mali entre janvier 2012 et janvier 2013 ce vendredi 21 juin 2024 suite à la demande du Procureur car le mandat d’arrêt avait été initialement délivré sous scellés le 18 juillet 2017.
C’est le troisième mandat d’arrêt émis envers des maliens par la Cour Pénale Internationale (CPI) qui vient d’être descellés depuis l’envahissement du septentrion du Mali entre 2012 à 2013 par les mouvements rebelles et djihadistes , après celle d’Al faqi (jugé et libéré), d’Al Hassan (jugé mais attend son verdict) et enfin Iyad Ag Ghaly aussi connu comme « Abou Fadl », né dans la région de Kidal, d’ethnie touarègue, et membre de la tribu des Ifoghas, chef incontesté d’Ansar Dine, qui avait contrôle à l’époque des faits de Tombouctou, Mali, jointement avec Al Qaida dans le Maghreb Islamique (« AQMI »).
C’est pourquoi , le 18 juillet 2017, le Bureau du Procureur a pu convaincre le juge Cuno Tarfusser, juge unique de la Chambre préliminaire i de la situation du Mali (2012/2013) avec preuves présentées en allégeant qu’ Iyad Ag Ghaly est pénalement responsable des crimes de guerre et crimes contre l’humanité́ relevant de la compétence de la Cour suivants : crimes de guerre (meurtre des soldats hors de combat à Aguelhoc ; viol, esclavage sexuel et toute autre forme de violence sexuelle ; atteintes à l’intégrité corporelle (mutilation, traitements cruels et torture) et atteintes à la dignité de la personne (traitements humiliants et dégradants) ; attaque intentionnellement dirigée contre des bâtiments consacrés à la religion et monuments historiques ); et crimes contre l’humanité (emprisonnement ou autre forme de privation grave de liberté physique ; viol, esclavage sexuel et toute autre forme de violence sexuelle ; torture ; autres actes inhumains causant intentionnellement de grandes souffrances ou des atteintes graves à l’intégrité physique ou à la santé physique ou mentale ; persécution pour des motifs religieux ; et persécution des femmes et jeunes filles pour des motifs sexistes) . Ces crimes auraient été commis au Mali, à Tombouctou entre janvier 2012 et janvier 2013, et pour le crime de meurtre de soldats, à Aguelhoc le 24 janvier 2012. M. Ghaly serait responsable pour avoir commis ces crimes, conjointement ou avec d’autres personnes ; pour avoir ordonné ou encouragé leur commission, ou apporté son aide, son concours ou toute autre forme d’assistance, ou contribué de toute autre manière ; et/ou en tant que chef militaire.
C’est par ces motifs le juge unique avait ordonné l’arrestation de Iyad Ag GHALY au Greffier de préparer une demande d’arrestation et de remise d’Iyad Ag GHALY et de la transmettre, en tant que de besoin et en vue de son exécution, aux autorités compétentes de tout État où le suspect est susceptible de se trouver et/ou toute autre autorité́ pertinente, en consultation et en coordination avec le Bureau du Procureur.
Après annonce de la CPI du lève des scellés du mandat d’arrêt à l’encontre d’Iyad Ag Ghaly , le Bureau du Procureur a salué la décision de la Chambre préliminaire I de desceller le mandat d’arrêt contre M. Iyad Ag Ghaly dans le contexte de la situation au Mali pour les crimes présumés commis à Aguelhok et Tombouctou entre janvier 2012 et janvier 2013. En demandant ce mandat d’arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité présumés, le Bureau a cherché à garantir que les responsables – y compris les plus hautes personnes de la hiérarchie – soient tenus responsables et à garantir que les enfants, les femmes, les hommes et les familles ne soient pas soumis à des violences, meurtre, torture ou persécution en toute impunité.
Pour le Bureau du Procureur, le mandat d’arrêt contre M. Iyad Ag Ghaly reflète leurs efforts continus pour rendre justice aux personnes victimes au Mali de crimes commis depuis 2012, lorsque la République du Mali leur a soumis la situation. Depuis qu’il a pris ses fonctions, le Procureur a souligné que la loi doit offrir un abri aux plus vulnérables et que le Bureau doit placer les expériences des enfants, des femmes et des autres groupes vulnérables au centre de son travail. Aujourd’hui représente un nouveau pas en avant dans la démonstration qu’en vertu du droit international humanitaire et du Statut de Rome, la vie de tous les individus a une valeur égale et mérite une protection égale. Pour cela le Bureau travaillera en étroite collaboration avec le Greffe dans tous les efforts visant à appréhender cette personne, en s’appuyant sur la coopération essentielle de tous les États concernés. Le Haut-Commissariat reste déterminé à veiller à ce que tous ceux qui causent des souffrances à la population du Mali et de la région du Sahel répondent de leurs actes.
Bokoum Abdoul Momini /maliweb.net