Le Patrons des patrons maliens, Mamadou Sinsy Coulibaly, va admirablement en croisade contre la corruption. Il pourrait s’en trouver un destin…national dans un Mali à la recherche d’un homme neuf. A la manière du milliardaire béninois Patrice Talon ? Ce n’est pas à exclure.
- Maliweb.net - Comme investi d’un « devoir national » d’éradication de la corruption, le plus grand fléau du Mali, en crise de gouvernance depuis 2012, le président du Conseil national du patronat du Mali(CNPM) Mamadou Sinsy Coulibaly dit « Madou Coulou » n’hésite pas, depuis un moment à se faire entendre. Il vient de tacler, dans une violente diatribe, un chef d’institution et non des moindres, le président de la Cour suprême, Nouhoum Tapily. Celui-ci est qualifié de « fonctionnaire le plus corrompu du Mali, le plus dangereux, le plus meurtrier, un individu infâme… le plus grand arnaqueur… le plus grand danger de la République ». Nouhoum Tapily est peint comme l’un des fossoyeurs du secteur privé à travers la corruption des formes de rackets ou de pot-de-vin. Et le patron des patrons maliens d’enfoncer le clou sur le caractère détestable du président de la Cour suprême. « On va lui demander de partir de lui-même ou l’obliger… ».
Le président du secteur privé malien dit qu’il s’est donné le devoir de nettoyer les écuries d’Augias du pays en matière de mauvaise gouvernance. Et il compte sur l’accompagnement des populations. « Si j’échoue, la corruption va continuer dans ce pays et il n’y fera pas bon vivre », a-t-il déclaré devant des cadres d’entreprise, des politiques, des acteurs de la société civile, des journalistes, des jeunes et de nombreuses personnes.
Et Mamadou Sinsy Coulibaly de déplorer le manque de résultat de la structure phare de lutte contre la corruption au Mali, l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI). Le président du CNPM est ainsi, selon bien d’observateurs, à deux doigts de se donner un destin de sauveur contre cette gangrène qu’est la corruption et l’enrichissement illicite. Et il tient un discours révélant un engagement à une cause nationale pour laquelle il peut consentir des sacrifices. Comme par le passé. « J’ai été en prison parce que j’ai libéré le journalisme, j’ai libéré la presse dans ce pays... », a-t-il rappelé, visiblement admiré par l’assistance. Cela suffit-il pour que le milliardaire malien affectueusement appelé « Madou Coulou » se fasse piquer par le virus de la politique et veuille briguer le fauteuil du président de la République en 2023 (fin du second mandat d’IBK) ? La question se pose avec insistance depuis quelques heures à Bamako. Le patron du CNPM, lui, exhibe sa connaissance de la sphère gouvernementale et des rouages de l’Etat. «J’ai accès à tous les membres du gouvernement…Tout le gouvernement adhère à cette lutte contre la corruption. Que ce soit le Premier ministre ou tous les ministres, tous sont d’accord pour lutter efficacement contre la corruption », déclare-t-il comme pour dire qu’il a l’onction sibylline des plus hautes autorités. Surtout que ce self made man, l’un des plus riche du Mali, est un ami du président IBK. Après avoir été, un moment, jugé proche de l’opposant Soumaïla Cissé, Madou Coulou a fini par s’investir dans la campagne pour la réélection d’IBK au palais présidentiel de Koulouba, l’année dernière. Un cliché qui ressemble à celui de l’actuel président béninois, Patrice Talon, gros bonnet du secteur privé de son pays avant de battre Yayi Boni à la présidentielle d’il y a deux ans.
Il faut signaler toutefois que du côté des magistrats, M. Coulibaly a lancé une pierre dans une fourmilière en s’attaquant de manière aussi frontale à l’un des leurs, qui plus, président de la Cour suprême du Mali. Certains magistrats estiment que le président du patronat malien est en pur « règlement de compte personnel » pour avoir un dossier géré en sa défaveur au tribunal de commerce… Et un juge de l’intérieur du pays de s’interroger : « Pourquoi M. Coulibaly n’a-t-il pas dénoncé preuves à l’appui de ses accusations, M. Tapily devant l’Inspection des services judiciaires ?». Les magistrats que l’on sait très solidaires s’apprête à publier un communiqué pour en sorte répondre au chef des chefs d’entreprises du Mali. Une véritable guerre ouverte entre pouvoir financier et pouvoir judiciaire en perspective.
Mais, en attendant, le patron du secteur privé malien, lui, ne se prive pas d’indiquer avoir « travaillé », avec des fortunes diverses, avec les anciens présidents du Mali. Aujourd’hui, a-t-il souligné, il est en train de « monter une stratégie », celle de traquer corrupteurs et corrompus. Une stratégie qui porte au Mali. Et peut aider à prendre une ascension vers la colline du…pouvoir politique. Celui financier étant déjà un acquis pour Mamadou Sinsy Coulibaly. Alors tend-t-on vers un destin de Talon du Bénin pour Coulou du Mali !
Boubou SIDIBE/Maliweb.net