Santé de la Reproduction au Mali : Les Femmes sourdes-muettes et malentendantes face au mur de la communication

Cependant, au Mali, les femmes sourdes-muettes et malentendantes semblent être  exclues des campagnes publiques de sensibilisation et d’informations pour mieux connaître les services de santé et pouvoir y  accéder.

Près de 4.323 femmes et filles sont sourdes-muettes et malentendantes au Mali selon Près de 4.323 femmes et filles sont sourdes-muettes et malentendantes au Mali selon Mme Balkissa Maïga, Présidente des Femmes et Filles de  l’Association Malienne des Sourds( Amasourd). Elles sont confrontées au quotidien à des difficultés d'accès aux informations et services de santé sexuelle et reproductive. En effet, les informations sur la santé de la femme diffusées à la télévision publique et privée ainsi que  sur d'autres supports médiatiques, sont généralement présentées oralement sans le concours d'interprètes de la langue des signes.

Une réalité déplorée par Mme Balkissa Maïga, présidente de l'Association des personnes sourdes-muettes et malentendantes au Mali et enseignante à l'école des sourds-muets à l'Hippodrome. Selon elle, les femmes sourdes-muettes et malentendantes n'ont pas accès aux messages sur la santé sexuelle et reproductive. Et pour elle, cette lacune se manifeste non seulement à la télévision mais également lors des campagnes de sensibilisation et au niveau des établissements scolaires.

Des femmes enceintes hésitent à aller vers les soins de santé

Par ailleurs, la présidente de l'association des personnes sourdes-muettes et malentendantes au Mali, soulève également leur problématique d'accès aux soins de santé pour la même raison. A ses dires, l'absence d'interprètes et ou de formation des professionnels de santé en langue des signes, constitue un frein à leur accès aux soins de santé. « Certaines femmes malentendantes, lorsqu'elles tombent enceintes, hésitent à se rendre dans les structures de santé par crainte ou par gêne due aux difficultés de communication avec les professionnels de santé. Elles optent pour l’auto- médicamentation avec des produits des herboristes, au risque de mettre leur santé et leur grossesse en danger », ajoute-t-elle.

Des solutions qui marchent bien

Face à cette situation préoccupante, Balkissa Maïga tire la sonnette d’alarme. A son avis, il est urgent d’agir à travers la mise à disposition des interprètes en langue des signes et la formation du personnel médical afin de faciliter l’accès des femmes sourdes-muettes et  malentendantes à des soins de santé de qualité et leur compréhension des messages diffusés.

Déjà pour pallier les difficultés, l’Association a initié des formations d’agents de santé en langue des signes en plus de l’animation des séances d’information et de sensibilisation avec les élèves. Toute chose qui semble porter fruit, en atteste Kadiatou Djiguiba, élève à l'AMASOURD en classe de 7ème année. « Avec mes parents, on n’a jamais abordé de pareils sujets. Et lorsque j’ai remarqué beaucoup de sang sur mes habits, j’ai été effrayée », explique Kadiatou Djiguiba, ajoutant qu’elle avait été, cependant, réconfortée par les explications de ses enseignants sur la gestion des menstrues.

Khadydiatou Sanogo/maliweb.net

Ce reportage est publié avec le soutien de Journalistes pour les Droits Humains (JDH) au Mali.