Sur X, les groupes considérés comme terroristes sont les bienvenus, tant qu’ils paient (et ils peuvent toucher des revenus)
Les comptes certifiés sur X, payants, peuvent aussi rapporter gros. Outre qu’ils gagnent en visibilité, ils peuvent aussi toucher une partie des revenus publicitaires qu’ils génèrent. Or, parmi ces comptes aux avantages premium, on trouve des mouvements terroristes, des personnes recherchées par Interpol, et des personnalités de groupes ou pays hostiles aux États-Unis. Avec qui le réseau de Musk passe donc des transactions, en toute illégalité. Et le PDG de X le sait.

L’ancien Twitter a bien changé, depuis qu’Elon Musk l’a racheté pour 43 milliards de dollars, en avril 2022, et l’a rebaptisé “X”. Le magnat sud-africain a chamboulé les algorithmes, privant de visibilité certains contenus pour en offrir davantage à d’autres. Un système au fonctionnement obscur, mais qui repose, entre autres, sur la vérification des comptes. Sauf qu’auparavant, la coche bleue qui certifiait l’identité d’un compte était attribuée après examen de la plateforme. De nos jours, il suffit de payer.
Un compte X payant qui peut rapporter
X propose différentes formules payantes. Si l’apparition de la coche bleue n’est pas automatique à l’achat - la plateforme assure encore procéder à une vérification d’identité - le gain en visibilité est, lui, automatique.
Or, selon une enquête du Tech Transparency Project (TTP), une initiative indépendante qui collecte des données sur les grandes entreprises technologiques, de nombreux profils peu recommandables en bénéficient. Comme différentes personnalités considérées comme terroristes par les États-Unis : un conseiller d’Al-Qaïda, un des fondateurs du Hezbollah, et même le chef d’une milice irakienne connue pour ses attaques contre les troupes américaines. TTP liste encore Mahdi al-Mashat, le président du conseil politique suprême des Houthis. Ou encore Saadi Kadhafi, le fils de l’ex-dirigeant libyen, recherché par Interpol et vraisemblablement réfugié en Turquie.
Des transactions illégales pour une firme américaine
Toutes ces personnes, une vingtaine, selon TTP, bénéficient des avantages d’un compte premium sur X. Le réseau social ne peut sans doute pas contrôler de près tous les profils qui se créent sur la plateforme de microblogging. Mais le fait que ces personnes ont pu opérer une transaction pour bénéficier d’avantages supplémentaires viole de facto la loi américaine. Les réglementations de l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) du Département du Trésor interdisent aux entreprises américaines toute transaction avec des individus ou des entités sanctionnés, sauf en cas d’autorisation spécifique, rappelle TTP. Une interdiction qui est d’ailleurs stipulée sur X dans les conditions d’utilisation des comptes premium.
Or, non seulement ces personnes paient pour obtenir davantage de visibilité, mais les privilèges associés à un compte premium comprennent aussi la possibilité de recevoir de l’argent. Les comptes à forte audience sont susceptibles de recevoir une partie des revenus publicitaires générés par leurs messages, et plusieurs des comptes identifiés disposent d’un bouton permettant le don. De là à dire que X fournit une rémunération à des comptes proches de mouvances terroristes ou hostiles aux USA, il n’y a qu’un pas.
Musk le sait, et le DOGE regarde ailleurs
Ce n’est pas la première fois que le réseau d’Elon Musk est pointé du doigt pour ses transactions avec des profils liés à des entités considérées comme terroristes par les USA. En février 2024 déjà, le même TTP publiait un rapport dans lequel il mettait en évidence plus d’une douzaine de comptes X appartenant à ces groupes sanctionnés et bénéficiant de la fameuse coche bleue.
“Nous avons été surpris de constater que X fournissait des services premium à un large éventail de groupes sanctionnés par les États-Unis pour terrorisme et autres activités portant atteinte à leur sécurité nationale”, soulignait l’année dernière Katie Paul, directrice du Tech Transparency Project, au New York Times. “C’est un signe de plus que X a perdu le contrôle de sa plateforme.”
Sauf que depuis, Elon Musk est devenu le grand allié de Donald Trump, et son homme de confiance au sein du DOGE, le fameux Département de l’Efficacité gouvernementale. Un rôle qu’il a toujours présenté comme l’occasion de garantir davantage de contrôle au sommet de l’État. En particulier en assurant une application plus stricte des réglementations de l’OFAC, qu’il estimait trop laxiste. Alors que de toute évidence, sa propre plateforme n’a rien fait pour les appliquer, bien que le problème soit connu depuis plus d’un an.
Source: https://www.7sur7.be/
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