L’armée malienne vient de prouver à l’opinion nationale qu’elle est plus que jamais divisée, suite aux combats meurtriers entre la junte et la garde présidentielle du président déchu, dans la nuit du lundi au mardi derniers. Mais cette bataille à l’arme lourde a eu le mérite de montrer au peuple malien que le problème de l’armée dans la crise du nord n’était pas qu’une simple question d’armement.

«L’armée malienne s’est enfuie ». Cette phrase se trouve dans le rapport de plusieurs institutions internationales et organisations humanitaires. Malgré l’image macabre que cela colle à notre pays où ses dirigeants préfèrent édulcorer en parlant de repli tactique (bien qu’il reste inquiétant parce que généralisé), le peuple est resté solidaire à ses forces armées et de sécurité, croyant dur comme fer que notre «
vaillante armée» n’avait pas d’armement adéquat pour faire face aux ennemis du nord. Mais avec les événements douloureux de ces deux derniers jours, l’armée vient de prouver le contraire. Le masque est tombé.
En effet, depuis le coup d’état du 22 mars et surtout lors des combats meurtriers entre les hommes restés fidèles au capitaine Sanogo et les bérets rouges qui constituaient la garde présidentielle du président déchu, ATT, les armes lourdes ont tonné aussi bien à Bamako qu’à Kati. On a eu même recours aux fameux BRDM et un des camps a fait preuve d’une grande capacité de feu qui implique la détention de munitions. Pour les besoins, du contrôle des points stratégiques de la ville, on s’est armé et même s’est réarmé en s’approvisionnant de nouveau en munitions, le deuxième jour du conflit.
Suite à ce spectacle déshonorant, qui selon des sources concordantes a fait plus de 150 morts des deux côtés, le citoyen malien est très irrité. Ces hommes qui ont refusé de se battre au nord pour la patrie, au motif qu’ils n’ont pas d’armes appropriées pour faire face aux groupes armées rebelles et islamistes d’Aqmi viennent de prouver une fois de plus que leur intérêt personnel était au dessus de celui de la nation. Les forces armées et de sécurité, en deux camps distincts qui s’affrontaient, n’ont pas eu peur de tomber dans ce champ de bataille peu glorieux de la capitale. Les deux camps se tiraient dessus comme des fous. On était loin du repli tactique tant utilisé au nord devant les vrais ennemis de la République.
Peut-être que nous sommes de simples profanes en la matière, mais des millions de Maliens comme nous commencent à croire que les munitions et armes utilisées à Bamako, pour le coup d’Etat et lors des affrontements entre militaires pro et anti putsch pouvaient servir à récupérer ne serait-ce que le cercle de Douentza, pour redonner espoir et confiance aux Maliens.
De toutes les façons, il est incontestable que le problème du Mali n’est ni un problème de munitions encore moins d’armes. C’est plutôt une question d’hommes décidés à se battre pour la cause nationale. Mais que les para-commandos et les homes du capitaine Sanogo sachent qu’il n’ ya rien de plus nuisible que l’usure du temps. C’est pour dire que plus les jours passent et les populations se désolent de les voir parader en ville dans de grosses voitures 4X4, avec des escortes ennuyeuses et des honneurs qui rappellent celui qu’ils ont purement et simplement obligé de s’exiler à Dakar. En d’autres termes, la population ne va continuer à les applaudir ou croiser les bras pour les laisser faire. Le seul combat qui mérite d’être mené est la reconquête du nord. Toute autre action n’est que louvoiement inutile. A bon entendeur…
Oumar KONATE