Les insolites naïfs d’un fou de foot : LA V A R, l’indispensable nafiguini !

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Question qui turlupine : comment le football a pu se pratiquer sans la V A R (Video Assistant Referees), en français, l’assistance vidéo à l’arbitrage, qui consiste à voler au secours de l’arbitre central qui n’est pas toujours en mesure, malgré ses bonnes dispositions, d’appréhender tout ce qui se passe sur une aire de jeu de près de 12 000 mètres carrés, soit un peu plus d’un ha. Il y a trois ans, en France, ils étaient 85% d’amateurs du football à soutenir l’utilisation de la V A R, en vigueur depuis 2016. Huit ans après, dans le monde entier, le plébiscite est indiscutable. La 34e édition de la C A N à Abidjan du 13 janvier au 11 février, offre une éloquente démonstration.

Diomansi Bombote

La V A R est devenue indispensable au football comme le sont les pratiques incontournables dans bien de religions. On frémit d’émoi en pensant aux multiples erreurs arbitrales commises avant l’avènement de la V A R. Souvent des erreurs commises de bonne foi, illustration implacable des limites des capacités humaines à cerner tous les faits et gestes pendant 90 minutes, voire plus, malgré les 10 à 12 km dévorés par un arbitre s’efforçant d’être le plus près possible des actions. Il s’y ajoute les sempiternels soupçons de corruption, très souvent fondés, qui planent régulièrement, pour ne pas dire systématiquement, sur le corps arbitral, surtout lors des compétitions africaines. On peut mesurer alors la tragique désillusion de nos frères ivoiriens, ivres de joie, en voyant leurs deux buts d’abord validés par l’arbitre central puis consciencieusement annulés par la V A R, au grand bonheur des Équatoguinéens. Comme la Guinée Équatoriale, beaucoup d’autres équipes doivent une fière chandelle à la V A R. Sans elle, la décision audacieuse, à deux reprises, d’annuler deux buts ivoiriens dans son antre d’Ebimpé, aurait été suicidaire sur bien de terrains africains des équipes jouant à domicile. Et pas seulement en Côte d’Ivoire !

Une sacrée révolution donc que l’avènement de ce Zorro numérique ! Justicier, sans peur, oui ! Sans reproche ? Voir ! Son champ d’application seulement à la validité des buts, aux penaltys, au carton rouge direct, à l’identité erronée d’un joueur, limite l’ampleur de sa terrible efficacité. Bien d’autres irrégularités, comme les simulations, les rentrées de touche au mauvais endroit, les sorties du gardien de la surface de réparation lors de la remise en jeu du ballon en sa possession, le fait qu’un gardien garde le ballon pendant plus de six secondes autorisées, l’emplacement exact d’une faute commise, échappent au champ d’application de la VAR, laissant ainsi l’arbitre seul juge de telles situations, pourtant sujettes à litige.

Qui décide de l’interpellation de la V A R ? Ses propres préposés ou l’arbitre central. Celui-ci, souvent, sous la pression des joueurs de l’équipe se sentant victime d’une irrégularité, soutenue par leur staff sur le banc de touche, finit par se résoudre à aller consulter l’écran témoin de la V A R. Les Tunisiens ont démontré qu’ils sont passés maîtres dans l’art de l’intimidation. Contre le Mali, alors que leur gardien venait de camionner sauvagement l’avant-centre des Aigles, la bronca du banc tunisien parvint à convaincre l’arbitre ghanéen Daniel Nii Ayi Laryea qui siffla outrageusement une faute contre le Malien.

La V A R n’échappe donc pas aux turpitudes sources d’injustice. On peut seulement se réjouir de l’étroitesse de manœuvre de manipulation par des dirigeants sans scrupules, de ce nouvel outil au service de la justice qu’est la V A R, ce mouchard, cette « balance », ce « nafiguini » des temps modernes. Et pendant que les Tunisiens s’agitaient, invectivaient l’arbitre, le banc de touche du Mali faisait preuve d’une mollesse coupable et le cher coach Éric Sékou Chelle-le placide, hébété, ployant sous le poids de sa propre tête, n’avait que ses mains à triturer !

 Diomansi Bomboté

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