Déclaration des biens du Président : Quand une règle constitutionnelle se mure dans la clandestinité !

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Plutôt que d’informer l’opinion de la tenue de l’audience de déclaration publique des biens du Président qu’elle reçoit comme exigé par l’article 37 de la Constitution, la Cour suprême a préféré violer la Constitution en portant à la connaissance du public la déclaration clandestine et non publique des biens du Président de la République.

Après les viols répétés inqualifiables de la Constitution et des lois de la République à travers les actes de forfaiture des membres de la Cour constitutionnelle y compris sa Présidente à la compétence approximative et à l’éthique quelque peu douteuse, un soi-disant communiqué du Président de la Cour suprême vient d’attester encore une fois de plus, comment les personnes qui animent les plus hautes institutions de la République sont d’abord et avant tout les premiers à leur manquer de respect par leurs attitudes anti-républicaines à fouler au pied les règles qui les régissent . Oui, le respect des institutions de la République, c’est d’abord la preuve évidente et indiscutable du comportement éthique de ceux qui animent ces institutions, de leur engagement républicain et de leur souci unique et constant d’appliquer dans toute leur rigueur les Lois de la République à la fois dans leur lettre et leur esprit. « Dura lex, sed lex », comme dirait l’autre. C’est indiscutable, la Cour suprême à travers le Communiqué du 7 septembre 2018 de son Président, vient de faillir à cette noble mission républicaine. Ce Communiqué est ainsi pondu : « Le président de la Cour suprême du Mali a l’honneur de porter à la connaissance du public qu’en application de l’article 37 de la constitution du 25 février 1992, Monsieur Ibrahim Boubacar KEITA, Président de la République, a procédé à la mise à jour annuelle de sa déclaration de biens au titre de l’année 2018 le lundi 03 septembre 2018. En outre, le jeudi 06 septembre 2018 à 10 heures, il a procédé à la déclaration de ses biens, en sa qualité de Président nouvellement élu ».

Rien qu’à travers la formulation de ce Communiqué qui amalgame la déclaration écrite des biens du Président nouvellement investi et la mise à jour annuelle dont cette déclaration fait l’objet, au mépris de la lettre et de l’esprit de l’article 37 de la Constitution, on mesure bien la légèreté qui saute aux yeux. En aucun cas, de manière ainsi laconique, le même communiqué ne devrait rendre compte de ces deux situations. En agissant ainsi, la Cour suprême donne nettement l’impression de ne sacrifier en fait qu’au détail d’un simple rituel n’ayant rien à voir avec une quelconque obligation de transparence dans la gouvernance du pays.

Violation de l’article 37 de la Constitution !

Ce message anti-républicain paraît encore plus évident lorsqu’on scrute de plus près l’article 37 de la Constitution dont le dernier alinéa dispose : « Après la cérémonie d’investiture et dans un délai de 48 heures, le Président de la Cour Suprême reçoit publiquement la déclaration écrite des biens du Président de la République. Cette déclaration fait l’objet d’une mise à jour annuelle ». Même sans être un juriste, le simple bon sens commande de comprendre ici que « recevoir publiquement », signifie recevoir ouvertement, solennellement et non en cachette, c’est-à-dire prendre acte en public au vu et au su de de tous. Tous les Maliens devraient pouvoir témoigner sur place de cette déclaration des biens du Président investi. Dans la lettre et l’esprit de la Constitution, le terme « recevoir publiquement » ne signifie pas autre chose que la déclaration écrite des biens du Président doit être reçue en audience publique, c’est-à-dire une audience qui doit respecter les règles de la publicité qui supposent l’information officielle préalable du public malien de cette cérémonie à laquelle toute personne est habilitée à prendre part. Pourtant, en d’autres occasions comme la cérémonie d’investiture du Président de la République, on a vu la Cour suprême faire preuve de zèle en matière d’information du public sans même que l’article 37 de la Constitution ne soit explicite à ce sujet. Il est regrettable que ce même zèle ne soit pas de mise, au mépris de la volonté explicite du constituant de 1992 engageant la Cour Suprême à « recevoir publiquement la déclaration écrite des biens du Président de la République ». Le Communiqué du 7 septembre 2018 est la meilleure preuve que la Cour suprême, en violation de l’article 37 de la Constitution, vient de murer dans la clandestinité l’obligation de transparence de la déclaration des biens du Président de la République. Le Communiqué folklorise le dernier alinéa de l’article 37 de la Constitution en substituant à la transparence exigée par le Constituant, l’opacité décidée par la Cour suprême. Plutôt que d’informer l’opinion de la tenue de l’audience de déclaration publique des biens du Président qu’elle reçoit comme exigé par l’article 37 de la Constitution, la Cour suprême a préféré violer la Constitution en portant à la connaissance du public la déclaration clandestine et non publique des biens du Président de la République. La Cour suprême n’en est d‘ailleurs pas à son premier tour de magie, si l’on se rappelle qu’elle a l’habitude de faire ressusciter dans l’arsenal juridique du Mali, une loi électorale expressément abrogée par le législateur.

L’article 37 de la Constitution du 25 février 1992 n’a nullement demandé au Président de la Cour suprême d’informer par communiqué l’opinion publique de la réception d’une déclaration (clandestine) des biens du Président de la République. Au contraire l’article 37 impose à la Cour Suprême de « recevoir publiquement la déclaration écrite des biens du Président de la République ». Il ne s’agit ni plus ni moins que d’un acte de forfaiture. C’est semble-t-il malheureusement la mode au cœur des institutions de la République désormais plus que jamais bananière du Mali où l’on a pris la vilaine habitude de toujours s’asseoir sur les textes de droit.

Dr Brahima FOMBA, Université des Sciences

Juridiques et Politiques de Bamako (USJP)

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5 COMMENTAIRES

  1. Ces magistrats qu’on appelle pompeusement “sages” sont tous des mange-mils attachés à leur place qu’à appliquer réellement le droit. Quel dommage pour la jeunesse malienne qui peine à avoir un repère vivant.

  2. Ce Fomba a vraiment des problèmes. Depuis qu’il fut viré du Ministère de l’Administration Territoriale, il ne tient plus en place. IBK a déclaré ses biens, la Cour Suprême l’atteste, le reste ne nous regarde pas. Toi tu vois du “VIOL” partout.
    Le voyeurisme, que tu espère ne sera jamais autorisé ici. La déclaration des biens de ton mentor ATT, a fait l’objet d’une audience publique? Tu as dit quoi en ce temps là. Tu nous colle la paix.

  3. JE NE SAIS PAS SI LES PRÉSIDENTS ALPHA OUMAR KONARÉ ET AMADOU TOUMANI TOURÉ S’Y SONT SOUMIS PUBLIQUEMENT, MAIS JE SAIS QUE LEURS BIENS ONT ÉTÉ PORTÉS A LA CONNAISSANCE DU PUBLIC PAR VOIE DE PRESSE (TÉLÉ ET RADIO).
    JE ME RAPPELLE DE LA SIMILITUDE DES DÉCLARATIONS QUI FAISAIENT CAS DES TERRAINS NUS AU DÉPART ET DES IMMEUBLES CONSTRUITS A LA SORTIE.
    CERTAINS IMMEUBLES COMME LE MUSÉE MUSO KUNDO DE ADAM BA KONARÉ AYANT ÉTÉ CONSTRUITS SUR LA BASE DE PRÊTS CONTRACTÉS AUPRÈS DE LA BANQUE COMMERCIALE DU SAHEL (BCS).
    LEDIT MUSÉE VALANT PRÈS DU MILLIARD CFA FINANCÉ SUR PRÊTS BANCAIRES REMBOURSÉS EN QUELQUES MOIS. COMMENT???? ALLEZ SAVOIR, OU ALORS DEMANDEZ A LA MÉNAGÈRE QU’ELLE ETAIT.
    SON MARI DE PRÉSIDENT AINSI QUE LE PRÉSIDENT ATT, TOUS LES DEUX AYANT TOTALISÉ UNE CENTAINE DE VOYAGES EN LYBIE.
    LA MAISON PATERNELLE DU PRÉSIDENT IBK A ÉGALEMENT ÉTÉ RÉHABILITÉE A PARTIR DE PRÊTS BANCAIRES ET D’APPUIS DE LA FAMILLE ET DES AMIS (SOURCE PRÉSIDENT IBK, HIMSELF PLEASE).

    EST CE QUE LA COUR SUPRÊME A DÉVIÉ ???? CHACUN APPRÉCIERA.
    POUR MA PART, JE PENSE QUE SANS REFAIRE L’HISTOIRE, VOUS AURIEZ DU RAPPELER COMMENT CET ARTICLE 37 A ÉTÉ APPLIQUÉ DEPUIS L’AVENEMENT DE LA DÉMOCRATIE, SANS PARTI PRIS, AVEC LA PÉDAGOGIE QUI DOIT CARACTÉRISER L’ENSEIGNANT OU LE FORMATEUR.

    • Mon cher ODUESP, vous venez d’affirmer que vous ne savez pas si les Présidents AOK et ATT s’y sont soumis publiquement, renseignez vous d’abord sur cela avant de répondre. Par ailleurs vous dites que les biens de AOK et ATT ont été portés à la connaissance du PUBLIC par voie de presse(Télé et Radio) ceux de IBK l’ont-ils été ?Si NON, alors la Cour Suprême a bel et bien dévié.
      Ce n’est pas la maison paternel de IBK qui a été réhabilité, cette maison est à Hamdallaye, mais plutôt un champ qu’il prétend avoir hérité de son père, dans lequel il a construit un Palais. On n’appelle pas cela une Réhabilitation. Vous souhaiteriez qu’après presque 25 ans de démocratie, nous n’évoluons pas ? Dommage pour vous, car l’apprentissage est terminé et les maliens s’intéressent de plus en plus à leur loi fondamentale. Comme quoi, rien ne se fera plus comme avant.

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