Niger : « Nos armées n’ont pas encore convaincu » dans la lutte contre les djihadistes

Pour le ministre nigérien de la défense, les rivalités communautaires, le manque de confiance en l’Etat et les trafics illicites profitent aux terroristes.
En un mois, deux attaques djihadistes le long de la frontière du Niger avec le Mali ont fait 22 morts parmi les forces de sécurité, dont quatre membres des forces spéciales américaines à Tongo Tongo le 4 octobre. Comment expliquer la fragilité de cette frontière ? Kalla Moutari Les communautés de cette région [Peuls et Touaregs du groupe Daoussahak] ont développé une rivalité. Elles se renferment sur elles-mêmes, elles se protègent. Dans ce contexte, la lutte antiterroriste devient particulièrement difficile.
Le 21 octobre, treize gendarmes ont été tués à Ayorou, dans la région de Tillabéri (nord-ouest). Comment les assaillants ont-ils pu opérer une telle incursion et repartir au Mali voisin sans être inquiétés ?
Une des explications n’est-elle pas le défaut de coopération de la population locale ? Il n’y a pas vraiment d’adhésion idéologique au projet djihadiste dans cette région. Il y a du trafic, du banditisme, des intérêts partagés autour d’activités illicites. Et il y a aussi la peur. Les terroristes liquident ceux qui leur résistent. Quand une armée ne protège pas, les gens tendent à ne pas s’exposer. Le jour où l’armée arrivera à protéger, la population collaborera, elle nous prêtera main-forte. Nous avons impérativement besoin de rassurer la population. Nous ne sommes pas encore adaptés à cette guerre qu’on nous impose. Que pensez-vous du type de coopération que vous avez nouée avec vos partenaires français et américains ? Nous attendons de nos amis qu’ils nous aident à mieux équiper nos armées, à partager les renseignements et à mieux former nos hommes. Pour le reste, on s’en occupe. Suggérez-vous que le partage du renseignement est insuffisant ? Nous souhaiterions un partage plus franc des informations.
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