L’historien, père de l’indépendance et compagnon du premier Chef d’Etat du Mali, Seydou Badian Kouyaté, fait la genèse de la répétition de la crise du Nord-Mali. Selon lui, c’est notre colonisateur français qui a fabriqué la rébellion touarègue suite à l’amitié et au soutien du Mali aux combattants algériens lors de la guerre d’indépendance d’Algérie.
[caption id="attachment_82701" align="alignleft" width="350"]

Seydou Badian[/caption]
Seydou Badian Kouyaté s’est dit indigné par l’occupation des régions du Nord-Mali. «
La crise actuelle du Nord me fait très honte… Je n’ai jamais entendu parler d’Azawad, malgré le fait que je sois de la génération de la première guerre touarègue», a-t-il déclaré. Par ailleurs, le vieil écrivain a fait la genèse de la rébellion touarègue du Mali depuis l’époque de l’accession de notre pays à l’indépendance. De ses éclairages, il ressort que c’est la France qui est à la base de tous les premiers mouvements rebelles touaregs du Mali. «
La première guerre du Nord du Mali a été provoquée par des colons français… Parce qu’il y avait des pressions dans la préalable guerre d’Algérie…Ces colons ne voulaient pas que le Mali aide les combattants algériens… Nous sommes partis, finalement, et celui qui devrait gagner a gagné. Le problème touareg a été provoqué considérablement par notre amitié et notre soutien aux combattants algériens », a révélé Seydou Badian Kouyaté.
«
Je me souviens, à la rupture de la fédération Mali-Sénégal, Modibo Kéita a fait un violent discours de rupture avec le gouvernement français…Un mois après ce discours, le Général De Gaulle a envoyé à Modibo Kéita une lettre apportée par son ministre d’Etat et de la Culture, André Malraux…Et moi, j’ai été chargé d’apporter la réponse au Général De Gaulle. A cet effet, le Général De Gaulle m’a demandé si j’ai vu André Malraux. Ma réponse a été négative», a révélé Seydou Badian Kouyaté avant de poursuivre : «
Quand j’ai vu Malraux, il m’a dit ceci : « Vous avez eu tort, on ne quitte pas un destin pour une aventure. Votre amitié avec l’Algérie est une aventure, mais avec la France, c’est un destin… ». Alors, le ministre français a demandé à Seydou Badian Kouyaté : «
Maintenant, qu’est-ce que vous allez faire ? ». Et notre écrivain, de répondre au diplomate français : «
Nous continuons à faire ce que nous avons commencé, c’est-à-dire l’amitié avec l’Algérie ». Selon le vieux Kouyaté, la réponse du ministre français a été : «
Merci ! ».
Cependant, Seydou Badian Kouyaté souligne que contrairement à aujourd’hui, l’Algérie de Ben Bella était l’ami du Mali. «
L’Algérie de cette époque était très différente de l’actuelle Algérie », a-t-il reconnu. Par ailleurs, Seydou Badian a déploré le comportement des dirigeants face à la situation déshonorante à laquelle notre pays est confronté. «
Les dirigeants maliens n’arrivent pas à s’entendre à cause d’intérêts personnels et de politiques partisanes. Toute chose qui plonge le pays dans une honte nationale. Notre pays est trop grand pour ça. Trouvons des solutions, il y a toujours une solution. On doit oublier nos égos. Entendons-nous et œuvrons ensemble car le Mali est un grand pays d’histoire... », a conseillé Seydou Badian Kouyaté.
Oumar Diakité