Ces trente dernières années, les maliens ont vu se succéder à la tête du pays des présidents qui, après avoir promis monts et merveilles au peuple, se sont finalement transformés en valets pour certaines puissances impérialistes à visées néocolonialistes. Exception faite du président Modibo Keita, père fondateur qui n’est resté aux destinés du pays que durant huit années, tous ceux qui ont eu l’occasion de servir notre pays aux fonctions suprêmes de l’Etat ont vite rangé dans les tiroirs de l’oubli les promesses faites aux Maliens, en termes de réformes, de réponse à la demande sociale, en termes de développement tout court.
A la place de présidents, jaloux de la souveraineté de notre peuple et des valeurs fondatrices de notre nation nous nous sommes retrouvés avec des chefs d’Etat qui arrivent à peine à défendre notre dignité en tant que peuple qui a une histoire glorieuse ; un peuple « qui fût quand d’autres n’y étaient pas ».
En considérant ces trente dernières années de pratique démocratique dans notre pays on trouve des présidents élus à la tête du pays tout simplement parce qu’ils avaient un discours progressiste très proche de la vision du président Modibo Keita. Mais il a fallu que ces mêmes gens arrivent aux affaires pour que les masques tombent. Car à chaque fois le peuple, berné et infantilisé, s’est retrouvé en présence de dirigeants en totale rupture avec ses attentes. Parmi eux, on retrouve certains qui, pour faire plaisir à la France colonisatrice n’ont pas hésité à saboter notre système éducatif, à retirer à notre armée son âme, à faire de notre pays un terrain d’expérimentation d’une sordide Politique d'Ajustement Structurel (PAS). Il y en a aussi d’autres qui ont poussé le pacte avec le diable jusqu’à affamer le peuple à travers une série d’actions qui ont débouché à la fermeture de toutes les sociétés et entreprises d’Etat qui faisaient jadis tourner notre économie nationale.
Ces dirigeants corrompus et véreux ont, de par leur attitude, amené les maliens, au fil des années, à s’interroger sur la nécessité de continuer à se mobiliser autour de certains acquis aujourd’hui totalement vidés de leur contenu. C’est le cas, notamment de la célébration de la date anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté nationale et internationale.
Il y a quelques années, le 22 septembre comptait parmi les fêtes qui mobilisaient le plus nos compatriotes des villes et des campagnes. Retraite au flambeau, défilé militaire, course de pirogues, course de chameaux, coupe de football, étaient, entre autres, des manifestations organisées dans tout le pays à l’occasion de la commémoration de cette date, qui est l’occasion de jeter un regard dans le rétroviseur. Par la faute de ces présidents qui ont préféré s’engager dans des combines contre leur peuple l’évènement a fini par perdre ces derniers temps de son envergure nationale pour être ramené en une simple cérémonie de prise d’armes dans les camps et garnisons d’une partie du territoire national. C’est durant ces trente dernières années que nous avons assisté impuissant à la création sur notre territoire de zones entières où aucun symbole de l’Etat (drapeau national, armée, administration…) n’était accepté, à cause d’une insécurité rampante qui a aujourd’hui atteint son summum avec des groupes terroristes qui ont essaimé partout sur notre territoire, au nord, au centre et de plus en plus au sud du pays. La célébration de la fête de l’indépendance n’échappe pas à cette triste réalité. Qui explique le fait l’évènement n’était plus organisé que dans seulement quelques rares camps et garnisons où il existe encore une relative sécurité…
Le mercredi dernier, c’était encore cette date historique que notre pays commémorait, cette fois, dans des circonstances relativement différentes. L’évènement intervient, en effet, à un moment où le navire Mali est dirigé par un nouveau chef d’équipage, aux manettes depuis le 18 août 2020, date à laquelle le peuple était encore sorti pour honnir le régime en place.
Aux fonctions de Chef de l’Etat après la rectification du 24 mai, le Colonel Assimi Goita, en quelques mois, est en train d’imprimer à notre pays une nouvelle orientation visiblement très saluée par le peuple. Si les premiers mois de sa prise du pouvoir il faisait face à des critiques qui n’étaient pas toutes en sa faveur, actuellement, force est de reconnaitre que dans les commentaires le président de la transition est passé de l’étiquette de putschiste à celle d’une icône, à cause de son courage et les signaux qu’il est en train d’envoyer pour que ceux qui nous ont toujours pris pour leurs «colonisés» comprennent que nous sommes un peuple fier et débout, qui reste attaché à sa souveraineté et prêt à consentir tous les sacrifices pour la défendre.
Nul besoin d’être historien pour savoir que depuis belle lurette le Mali n’a connu un Chef de l’Etat qui ose remettre les autorités françaises dans leurs petits souliers. C’est pourtant ce que le Colonel Assimi a fait au sujet de Wagner et récemment lors de la visite au Mali du Ministre français de la défense, Florence Parly à qui le Président Goita a donné des leçons de protocole.
C’est dire donc qu’avec l’actuel président de la transition, le Mali vient d’amorcer un nouveau virage avec la célébration du 61è anniversaire de notre accession à l’indépendance comme repère.
Papa Sow/maliweb.net