Sékou Niamé Bathily : « Tu étais un homme d'État et un amoureux du Mali »
L'un de mes pères adoptifs est parti pour toujours. MERCI, MERCI, MERCI, pour ton engagement multiforme ! J'ai été à ton école et tu m'as été d'une aide inestimable.

Oui, cher père, tu m'as aidé dans l'ombre, sans tapage car tu m'as ouvert des portes au Mali et à l'étranger. Tu étais devenu jusqu'à ta mort, aujourd'hui 12 août 2025, un conseiller spécial pour moi. Un conseiller qui m'appelait quand il fallait, qui m'envoyait des messages et qui m'invitait à table à la maison, avec ma tante et mes sœurs. Tu n'as jamais aimé que je fasse des mois sans passer causer en famille. Les portes de ton domicile sont restées ouvertes pour moi et je partais me ressourcer et me servir à volonté. T'écouter était un plaisir pour moi, car je ne cessais d'apprendre à chaque échange. Lorsque j'étais à Dakar récemment, pourtant étant à Paris alité, tu as pris la peine, d'appeler tes amis au Sénégal que j'ai rencontrés. Entre toi et moi, c'était des appels, des messages, des visites en famille, mais c'était surtout un lien fort, car c'était de la confiance.
Tes bénédictions et tes encouragements vont me manquer à jamais. Mais saches que je garderai In Sha Allâh en moi, beaucoup de toi en terme de culture politique et de savoir-vivre.
À ma tante et à toute la famille biologique et politique, à tout Nioro du Sahel et à la Nation mes condoléances les plus émues ! Que Dieu l'accueille dans son paradis éternel ! Amen !
Tu étais un homme d'État et un amoureux du Mali. Tu n'as pas vécu inutile car tu as marqué ton temps, de la plus belle des manières.
Va en paix cher père, Dramé Kandji !
Souleymane Koné : « Tiébilé Dramé : une vie de combat pour la Liberté »
C'est avec beaucoup d'émotions que j’ai appris la terrible nouvelle du rappel à Dieu, de Camarade Tiébilé Dramé. Nous avons eu des relations souvent complices, souvent heurtées sur la manière de sauver le Mali, mais il fut un homme de qualité dans la lutte pour l’émancipation de notre pays.
On pouvait l'aimer ou pas, s'entendre avec lui ou non, il fut un des Combattants le plus actif dans la lutte pour l'avènement de la démocratie au Mali, depuis Paris et Londres.
Sa participation controversée aux gouvernements, voire ses égarements des dernières années avec le régime de IBK ne doivent pas et ne peuvent pas le définir.
Personne de notre génération ne peut oublier qu'il a, avec un courage physique et intellectuel avéré, aux côtés des milliers d'autres de l'UNEEM, l'ASMD, l'UGESM, consacré sa jeunesse à la lutte contre la dictature et pour l'évolution démocratique du Mali.
Tiébilé Dramé a eu une vie utile pour le Mali. Un témoignage anecdotique !
En partance pour Alger 2003, devant deux témoins, l'un n'est plus de ce monde, ATT me confie «Solo, si Tiébilé Dramé, Mountaga Tall et toi, vous pouviez vous entendre, je partirais du pouvoir en toute sérénité ». L'histoire en a décidé autrement.
A ses Camarades, sa famille, je présente mes condoléances les plus émues. A mon jeune frère, mon ami et Camarade Djiguiba Kéita dit PPR, je souhaite beaucoup de courage, je peux comprendre qu’il soit effondré à l’annonce de cette triste nouvelle.
Que Dieu l'accueille dans son Saint Paradis !
Chérif Ismaël Haïdara, Directeur de Publication Confidentiel Afrique : « Un grand penseur, un démocrate chevronné et un diplomate bien introduit »
Quelle dure épreuve ! Notre frère et confident Tiébilé Dramé s'en est allé dans son exil politique. Nous étions constamment au téléphone de sa résidence parisienne. Il aimait prendre des nouvelles de l'évolution du délitement sécuritaire et politique de la région du Sahel. Nous avons partagé ensemble cette grande marque d'affection et de combativité politique pour l'émergence des pays de la Censad.
Nous étions côte à côte lors des investitures de Mohamed Bazoum (en qualité de Candidat du parti Pnds Tarraya et en qualité de Président élu démocratiquement en 2021).
Nous partageons le même hôtel à Niamey lors des grandes invitations de la présidence aux côtés de l'ambassadeur Souleymane Koné Alias Solo, Dr Moulaye Ben Chariff, Martin Ziguélé ancien Premier ministre de la RCA, le député sénégalais Nicolas Ndiaye, le burkinabè Dr André Paré, Youssouf Diallo, président du Club Sénégal Emergent. Des fidèles du premier cercle "Bazoumite".
Un grand penseur, un démocrate chevronné et un diplomate bien introduit. Je me souviens d'avoir arrangé pour Tiébilé Dramé une rencontre avec le Frère Moussa Faki Mahamat au Radisson Niamey à pied levé au summum de la crise sécuritaire et politique malienne. Cette icône du journalisme malien pour avoir été l'un des précurseurs à avoir libéré la parole post Moussa Traoré, tire sa révérence avec une palette de secrets insoupçonnés de ses carnets de voyage nocturnes "confidentiels " de Bamako à Jo burg en passant par Paris, Bruxelles, Doha et le Mehzen Rabat.
Repose en Paix, Cher Combattant de la Plume et de la Liberté !
Hommage d’un cadet à son Cher Estimé Aîné Tiebilé Dramé
Monsieur le Ministre,
Ton départ laisse un vide immense que ni les discours officiels, ni les hommages protocolaires ne pourront jamais combler.
Mon âme est attristée, mon cœur est douloureux.
Leader estudiantin, militant des droits de l’Homme, ministre des Zones arides et semi-arides, ministre des Affaires étrangères, débatteur hors pair…
A chaque étape de ta vie, tu incarnas un engagement total, exigeant, au service du Mali.
Tu n’étais pas seulement un homme d’État : tu étais un éclaireur, un veilleur infatigable de la République, un patriote sincère qui plaçait toujours le Mali au centre de ses choix, de ses combats et de ses rêves.
Diplomate habile et homme de conviction, tu as marqué la vie politique et diplomatique de notre pays par ta clairvoyance, ton sens du dialogue et ton attachement indéfectible à la souveraineté nationale. Tu savais conjuguer fermeté et ouverture, fidélité à la patrie et respect de l’autre. Je me souviens, lors des Conseils des ministres, de ta parole claire, de ton écoute attentive, de ta capacité rare à comprendre les inquiétudes des uns et les aspirations des autres. Dans les moments de tempête, tu trouvais toujours le mot juste pour apaiser, la formule précise pour convaincre, la fermeté tranquille pour défendre l’essentiel : la dignité et la souveraineté du Mali.
Tu étais de ceux qui ne confondent jamais le service de l’État avec la recherche d’intérêts personnels.
Pour toi, la politique, exercée avec probité et courage, était un art noble : celui de servir, et non de se servir. Ton nom restera à jamais lié à la défense de la démocratie, au refus de la soumission, à la recherche inlassable de solutions justes et durables.
Bâtisseur de passerelles, artisan de paix, militant infatigable de la démocratie, serviteur dévoué du peuple : ton parcours est un témoignage vivant de ce que peut accomplir un citoyen quand il place le Mali au-dessus de toute ambition personnelle.
Tu fus un grand frère attentif, toujours présent aux moments de joie comme dans les épreuves, partageant avec simplicité les joies comme les peines.
Puisse ton exemple inspirer les générations présentes et futures à servir notre pays avec la même rigueur morale, la même intelligence stratégique et la même passion.
À ta famille, à tes proches, à tes compagnons de lutte et à l’ensemble de la Nation malienne, j’adresse ma profonde compassion et ma solidarité émue.
Repose en paix, Cher estimé Aîné. Le Mali se souviendra de toi, non seulement pour ce que tu as accompli, mais pour ce que tu as été.
Qu’Allah, dans Son infinie miséricorde, t’accorde Son pardon, élève ton rang dans les plus hauts Paradis, et fasse de ta tombe un jardin lumineux. Qu’Il apaise les cœurs de ceux qui t’aimaient, réconforte ta famille, et récompense au centuple ton engagement sincère au service de la justice et de la patrie.
Inna lillahi wa inna ilayhi raji’un.
Le 12 août 2025
Ibrahima Abdoul LY
Ancien ministre
Dr Oumar Mariko : « Un conducteur d'homme, très perspicace, très intelligent »
Toutes mes condoléances à la famille de ce monument de la politique malienne, à sa femme Kadiatou Konaré. Il a incarné le courage dans la lucidité le long du combat politique et syndical des années 80. Par sa lucidité, son esprit de synthèse des débats les plus contradictoires, il a inspiré plus d'un de notre génération, dont ma modeste personne. Malgré nos contradictions depuis ces années, je ne me suis jamais départi de ses qualités de conducteur d'homme, très perspicace, très intelligent, profondément sensible à la situation des autres camarades de lutte dans la lutte.
Hélas les vicissitudes de la politique, de la vie, conduisent à des situations difficiles à cerner !
Tiébilen paie ainsi ses années de maltraitances, de stress, de tortures que le cynique Moussa Traoré et son parti ont fait subir à tous ceux qui ont mené avec sincérité le combat pour la dignité du Malien, de l'homme tout court, pour la démocratie, pour le peuple et le socialisme. Il rejoint ainsi Badri, Drissa Diakité, Sayon Sissoko, Mohamed Tabouret, Mamadou Oulalé, Seydou Diarra dit Totoh et le Combattant Suprême, Sy Victor Borion, qu'il appelait affectueusement le Vié ....la liste est longue, oui cette liste des suppliciés des criminels du CMLN, de l'UDPM, à leur tête le sanguinaire Général Moussa Traoré, n'en déplaise à leurs funestes héritiers, falsificateurs de l'histoire !
La belle race d'hommes, dont le Mali a besoin, disparaît avec les traces de l'autocratie.
Cette mort, réveille en nous vivants, la noblesse de combat qui continue et la profondeur de sa justesse, nous invitent à renouveler le serment de ne jamais courber l'échine, buste élevé pour les lendemains qui chantent la victoire qui sera un dépassement.
Tes fautes sont pardonnées cher Camarade, elles l'ont été pour ma part, de ton vivant sans hypocrisie avec un esprit critique que peu de personnes comprenaient, tu l'as si bien bien compris que lorsque je disais avoir besoin du Tiebilen d'hier ( Kun nun Tiebilen), tu répondais avec humour que c'est le même Tiebilen ( kun nun Tiebilen ni bi Tiebilen bé ye Tiebilen kelen nye), tu es resté calfeutré dans le coin combattant de mon cœur, de mon âme qui ne me permettait aucune haine aucune déconsidération.
Dors en paix Tiebilen, tu rejoins ainsi Kadidia Bocoum, la doublement combattante du Bureau de Coordination, Relève de l'UNEEM que tu as dirigé avec tact, flanqué de Abdoul Karim Camara dit Cabral, l'intrépide.
A toi Fanta Grève, tout mon soutien moral, à travers toi mes condoléances les plus attristées à tes frères et sœurs !
En exil forcé comme pour prendre la relève de ton charismatique père et sa charmante épouse ta mère, sachez que je vis des instants profondément douloureux, depuis cette annonce que m'a faite notre compagnon, Moussa Mary Djiguiba Kéita dit PPR.
Je porte le deuil avec vous, avec l'espoir que notre lutte portera et que votre père sera honoré par la patrie reconnaissante de ses dignes fils pour de vrai.
Soyez fiers de votre père !
A sa famille politique, recevez mes condoléances pour notre Combattant !
Dors en Paix Tiebilen !
Que la terre te soit légère et que ton âme repose en paix !
Dr Oumar Mariko Président du Parti SADI
Ancien Membre du Bureau de Coordination relève de l'UNEEM
Ancien Secrétaire Général de l'AEEM
Ancien Membre du Comité de Transition pour le Salut du Peuple CTSP
Ancien député à l'Assemblée Nationale du Mali
Chevalier de l'ordre national
Gilles Yabi : «Tiébilé Dramé aura donné ce qu'il a pu donner au Mali et à toute la région. Et il aura beaucoup donné
Tiébilé Dramé, ancien ministre des Affaires étrangères du Mali, acteur politique de premier plan mais aussi ancien journaliste et militant des droits humains au Mali, en Afrique de l'Ouest et au-delà, a tiré sa révérence ce 12 août 2025. J'eus le plaisir et le privilège de le rencontrer à plusieurs reprises pendant des missions au Mali, pour échanger sur les différentes dimensions de la crise politique, institutionnelle et sécuritaire que traversait le pays.
Il faisait partie de ces personnalités maliennes qui avaient participé à l'animation de la vie politique et de la gestion du pouvoir pendant les années de démocratisation du Mali, à la suite de la chute du régime de Moussa Traoré. Il faisait partie de ceux qui, aux yeux d'une partie toujours difficile à estimer de la jeunesse malienne, mais clairement non négligeable, sont considérés comme les acteurs politiques civils responsables au premier chef de l'état de délabrement du Mali, et de la crise multiforme du pays.
L'âge médian au Mali est d'environ 16 ans. La part de la population malienne qui en sait beaucoup sur les engagements des personnes comme Tiébilé Dramé et de nombreux autres de sa génération, sur leur prise de risque alors qu'ils avaient d'autres choix, sur les arrestations, tortures, mois ou années en détention endurés, sur les années d'exil loin de leurs terres, sur les sacrifices consentis, est faible, sinon très faible. Ces hommes et ces femmes, connus ou moins connus, ont fait des erreurs, petites ou grandes, certains ont pu changer dans le mauvais sens lorsqu'ils ou elles ont occupé des fonctions publiques importantes.
Mais ce serait une immense injustice et un triste signal pour le Mali que de ne pas rendre un hommage appuyé à des personnalités comme Tiébilé Dramé qui n'a pas seulement défendu les droits humains dans son pays mais aussi servi plusieurs autres pays africains. Son action alors qu'il travaillait à Amnesty International à Londres, fut décisive pour sauver des vies notamment celles de citoyens mauritaniens alors que ce pays était sous la férule du régime militaire du président Ould Taya. Des acteurs de la société civile mauritanienne rendent déjà hommage à Tiébilé Dramé, et d'autres témoignages ne tarderont pas à venir de plusieurs parties du continent.
Tiébilé Dramé disparaît au moment où des pouvoirs autoritaires - essentiellement militaires au Sahel mais pas exclusivement ailleurs - démantèlent de manière systématique, ordonnée, méticuleuse, en roue libre, sans aucune limite, les espaces de liberté pour lesquels des jeunes Africains pendant les années 80, 90 et 2000, se sont battus. Ces jeunes, ceux qui ont survécu, ont vieilli et sont en train de s'éteindre, parfois, sans bénéficier du moindre égard de la part des jeunes et relativement jeunes qui sont au pouvoir aujourd'hui.
Si ces derniers continuent à jeter l'opprobre sur toutes les personnalités de l'ancienne classe politique, à jeter tout ce qui a été fait avant eux, à oublier qu'il y aurait eu encore moins d'infrastructures, moins d'accès à la santé, à l'éducation qu'aujourd'hui, que l'espérance de vie à la naissance ne se serait pas améliorée significativement depuis les années 1990 si leurs aînés n'avaient rien fait au bénéfice de leur pays, ils ont toutes les chances de se voir encore plus violemment rejetés que leurs aînés et prédécesseurs dans quelques années.
Quant aux jeunes et moins jeunes au Mali, ailleurs au Sahel, en Afrique de l'Ouest, et ceux de la diaspora qui s'expriment avec une grande liberté sur les réseaux sociaux et défendent toutes les violations des droits humains, les arrestations illégales, les disparitions forcées de journalistes et d'activistes, la dissolution des partis politiques, des syndicats et des organisations de la société civile qui ne plaisent pas, et bien sûr les présidences militaires à durée illimitée, que ce soit au nom de la guerre contre le terrorisme, de la lutte pour la souveraineté nationale, ou de la libération de l'Afrique du néocolonialisme et de l'impérialisme, il faut continuer à les inciter, à les supplier même, de s'intéresser un peu à l'histoire politique de leurs pays respectifs et du continent, d'écouter un peu ce que disent des aînés qui n'ont aucune leçon de patriotisme, d'africanité, d'indépendance d'esprit à recevoir de personne. Tiébilé Dramé n'avait pas de leçon d'attachement au Mali à recevoir de qui que ce soit.
Chaque fois que des personnalités de cette envergure disparaissent alors que leur pays est dans une situation très difficile et sans perspectives claires d'amélioration, j'imagine la peine, le dépit, le sentiment personnel d'avoir échoué ou de n'avoir pas réussi en tout cas, à faire émerger le pays qu'elles ont souhaité bâtir. Tiébilé Dramé aura donné ce qu'il a pu donner au Mali et à toute la région. Et il aura beaucoup donné. Paix à son âme et condoléances à tous ses proches.
Gilles Yabi
Mohamed Attaher Halidou : « Un militant s'est couché »
La nouvelle de la disparition de Tiébilé, un véritable coup de massue, une triste nouvelle pour le Mali et pour la démocratie.
Acteur de premier plan, du mouvement démocratique, l'homme était respecté de tous pour son militantisme vrai et son combat pour les valeurs démocratiques et républicaines. Homme de conviction, homme de devoir. Il était réputé pour ses prises de positions courageuses sur la gouvernance du pays. Quand il n'est pas d'accord, il dit non sans ambages.
Un redoutable opposant politique. Il avait l'art de déstabiliser son adversaire. Il avait une culture immense. Orateur hors pair, il avait le sens de la formule. Humble, d'un contact facile, il ne laisse personne indifférent. Tiébilé était un leader, un vrai, un charisme presque inné. Il était d'une sérénité sans faille. Il adorait la politique.
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