Arrestation de N’Diaye Bah : Justice ou cabale politique ?

8 Nov 2012 - 03:49
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Le mardi  6 novembre 2012 à Bamako. La rumeur, telle une traînée de poudre, a vite fait le tour de la ville. N’Diaye Bah, ministre de l’Artisanat et du Tourisme sans interruption  de 2002 à 2011, a été arrêté et placé en détention à la Maison centrale d’arrêt de Bamako. On lui reproche le détournement de fonds à l’Omatho placé sous sa tutelle. Curieusement, le directeur de ce service, Oumar Balla Touré, poursuivi en même temps que N’Diaye Bah est libre comme l’air. C’est pourquoi, au cours de la journée de mardi, à la stupeur ressentie à l’annonce de l’information ont succédé les interrogations. Pourquoi fait-il l’objet de poursuites en ce moment  précis et à quelles fins ? [caption id="attachment_103627" align="alignleft" width="315"] NDiaye bah[/caption] Le Prétoire, fidèle à une tradition bien établie, ne s’est pas contenté d’informations de seconde main et a enquêté, en procédant à des recoupements  et en s’intéressant aux sources  proches du dossier. Il serait reproché à Monsieur N’Diaye Ba, de sources  proches du dossier, le détournement de plusieurs dizaines de millions de francs CFA. L’intéressé aurait bénéficié de transferts de fonds en provenance d’un service placé sous la tutelle du Ministère de l’Artisanat, en l’occurrence l’Omatho dont il était le premier responsable au moment des faits. Le directeur dudit service ferait d’ailleurs actuellement l’objet de poursuites et aurait été inculpé d’atteinte aux biens publics, un crime économique. C’est la version correspondant grosso modo à la thèse soutenue par l’accusation et ce serait la raison pour laquelle le juge d’instruction du Pôle économique, Yaya Karambé, aurait placé l’ancien ministre sous mandat de dépôt, c'est-à-dire en prison. A l’opposé, l’on soutient que l’arrestation de l’ancien ministre, proche d’Att et par ailleurs l’un des leaders les plus actifs du Fdr, obéit à des considérations totalement étrangères à la Justice. Elles seraient donc purement politiques. A cet effet, l’on fait  valoir d’une part que N’Diaye Ba, en sa qualité de ministre, n’avait rien à voir avec la gestion du service au sein duquel des irrégularités auraient été commises, le service en question étant un organisme personnalisé de l’Etat, doté de personnalité morale et de l’autonomie financière. Ce qui exclut toute implication du ministre de tutelle. Et d’autre part, l’on souligne le fait que la gestion de N’Diaye Ba à la tête du Ministère de l’Artisanat et du Tourisme a fait l’objet de nombreux contrôles, audits et inspections, sans qu’en aucun moment le Ministre ait été suspecté de mauvaise gestion ou de malversations. Le pire, ajoute-t-on, est que le directeur du service incriminé, quoiqu’inculpé, n’est pas placé en détention et vaque librement à ses occupations. Pourquoi des poursuites contre N’Diaye Ba maintenant ? La décision du juge Yaya Karembé fait polémique. En effet, les circonstances particulières de l’arrestation de N’Diaye Ba, connu pour son activisme anti-putsch depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012, font fatalement penser à une machination politique. Face à la froide présentation «technique» des faits recueillis auprès des  sources proches des autorités de poursuite, c’est un tout autre son de cloche qu’on entend du côté des amis de l’ancien Ministre. En effet, ces derniers insistent volontiers sur le fait que les poursuites visant l’homme sont engagées près de deux ans après les détournements de fonds supposés et mettent en avant la volonté de certains cercles du pouvoir de neutraliser le Fdr, regroupement politique honni de la junte et du Premier ministre de Transition, Cheick Modibo Diarra. L’objectif visé serait donc à double détente: conforter les accusations de corruption et de mauvaise gestion lancée par les putschistes et leurs associés contre le régime d’Att, en mettant en cause les figures emblématiques du pouvoir déchu, et neutraliser des adversaires politiques en les empêchant de participer aux  scrutins  présidentiel et législatif à venir. Pour les proches de l’ancien ministre, l’arrestation de celui-ci ne serait qu’un prélude à la mise en place du dispositif judiciaire de la chasse aux sorcières promise par le capitaine Sanogo, au lendemain de son coup d’Etat, contre les dirigeants du régime d’Att. Et de rappeler que cette chasse aux sorcières est depuis plusieurs mois mise en œuvre au sein des administrations publiques et des départements ministériels où l’on assiste quotidiennement au limogeage de ceux qui sont étiquetés pro-Att. Provoquer le vide au sein du camp rival et faire gagner le candidat du pouvoir, faute d’adversaires d’envergure, tel serait le but ultime poursuivi par les putschistes qui, se plaît-on à souligner dans les milieux proches du Fdr, ont contraint à l’exil forcé au moins trois des présidentiables potentiels: Ahmed Diané Séméga, réfugié au Sénégal, Modibo Sidibé et Soumaïla Cissé, exilés en France. Inutile de souligner que si de telles accusations étaient avérées, ce serait des centaines d’honnêtes citoyens, qui n’ont eu que le tort de servir leur pays et de collaborer avec un président de la République démocratiquement élu, qui seraient sous la menace de règlements de comptes politiques, par Justice interposée et sous des prétextes fallacieux. Approchés par nos soins, plusieurs responsables du Pdes, parti dont N’Diaye Ba est le 2ème vice président, se sont refusés à tout commentaire, affirmant vouloir en savoir davantage sur les chefs d’accusation qui ont pu motiver l’arrestation de leur camarade. Toutefois, ils nous ont réitéré leur ferme volonté de combattre toute tentative d’instrumentalisation de la Justice et redit leur confiance en N’Diaye Ba qui, selon eux, est un patriote engagé et un homme d’une totale probité morale. Affaire à suivre. Birama FALL

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