Création du Parti présidentiel : Le PDES veut (déjà) défier l'Adema-PASJ, l'URD et le RPM
Voilà, à peine né, que le benjamin des partis politiques veut, déjà, s'installer dans la cour des grands. Pourra-t-il réussir à relever ce défi ? Même s'il a, pour cela, choisi, comme marraine, la première Dame au bon cœur, Madame Touré Lobbo Traoré, et confié le gouvernail du PDES au jeune et dynamique Hamed Diané Séméga, capitaine d'une sélection provisoire de 127 membres. Avec comme feuille de route : réussir l'implantation rapide du parti sur toute l'étendue du territoire national. Dans le but évident de défier, principalement, l'Adema-PASJ, l'URD, le RPM, le MPR, le CNID-FYT et le PARENA, lors des prochaines joutes électorales de 2012. Une mission quasi titanesque pour un poupon dont la marraine n'a pas encore fini de préparer la layette. Surtout que les vis-à-vis du nouveau parti, tous des habitués de l'arène politique, sont loin d'être des enfants de chœur.
Une fois encore votre quotidien préféré a vu juste. En effet, le PDES est né avec ses 32 dents bien comptées et c'est bien Hamed Diané Séméga, le fils spirituel d'ATT, qui a été porté à sa tête. Le parti présidentiel, comme nous l'avions également dit dans nos prévisions, a jeté son dévolu sur cette dame au grand cœur qui a poussé la générosité jusqu'à l'altruisme, la première Dame, Madame Touré Lobbo Traoré, comme marraine.
C'est dire que le PDES est né déjà grand. Avec un bureau provisoire de 127 membres, parmi lesquels de gros calibres du monde des affaires, des arts et métiers, de l'administration publique,… il fait peur, même très peur aux grandes formations politiques que sont l'Adema-PASJ, l'URD et le RPM. Une peur, certes, diffuse, pour le moment, pour ne pas ameuter leurs troupes respectives. De ce fait, s'il y a aujourd'hui quelqu'un qui souhaite que les mois passent à la vitesse d'un chapelet qu'on égrène, c'est bien les accompagnateurs même du président ATT, c'est-à-dire les grands partis, qui semblent, aujourd'hui, les plus pressés de lui dire au revoir, voire adieu. Avec la naissance du PDES, le souhait de ces partis serait que le dernier-né ne puisse avoir le temps de se préparer.
Car, jusqu'à ce jour historique du samedi 17 juillet 2010, beaucoup de responsables politiques ne croyaient point à la création d'un parti présidentiel, pensant que l'Adema-PASJ, dont le général ATT serait membre de l'Adema-Association, pourrait jouer ce rôle. Encore qu'ils demeurent toujours nombreux, au sein de la ruche, à penser que c'est le parti de l'Abeille qui a fait d'ATT, ce qu'il est aujourd'hui, c'est-à-dire président de la République. Comme si le peuple souverain se résumait à cette frange de la ruche qui a eu à mouiller le maillot, en 2002, pour le candidat indépendant ATT.
Au moment donc où l'Adema-PASJ attendait, peinard, pour installer son candidat à Koulouba, voilà que le président ATT autorise ses "amis" à créer un parti…présidentiel. Alors que jusque-là, il n'avait autorisé personne, dans son entourage, à franchir le Rubicon. Ceux qui l'ont fait, avant son coup d'envoi, en ont pris pour leur grade. A l'instar de Djibril Tangara, ancien ministre, ancien chantre d'ATT et membre fondateur du Mouvement citoyen, parti vite en besogne pour créer le FCD. Suite à cette imprudence, il tomba dans une longue période de disgrâce, avant d'être accepté de nouveau dans le pré carré présidentiel.
Avec la création du PDES, les observateurs s'interrogent, d'ailleurs, sur l'avenir du FCD, mais également sur celui du PCR, tous dirigés par d'anciens apparatchiks du Mouvement citoyen. En effet, ces partis lilliputiens n'auront d'autre choix que de mourir de leur belle mort, ou de se dissoudre, tel un carreau de sucre dans un grand verre d'eau, au sein du nouveau parti créé avec les bénédictions d'ATT et, certainement, sous son magistère.
L'avenir dira. Mais que personne ne se trompe : si, par essence, un parti politique est fait pour la conquête et l'exercice du pouvoir, le PDES ne saurait faire exception à cette règle. De ce fait, sa mission est bien définie et son objectif assez clair : implanter les structures du nouveau parti sur toute l'étendue du territoire national, convoquer le premier congrès ordinaire en janvier 2011 et se lancer, en 2012, dans la bataille pour faire élire le poulain d'ATT à Koulouba. Comment réussir tout cela en un laps de temps si court ? Il faudrait, alors, primo, piocher dans le champ déjà labouré des autres partis politiques voire au-delà et, secundo, se battre contre eux lors des législatives et la présidentielle de 2012.
Comme on le voit, le PDES arrive pour, en quelque sorte, étouffer dans l'œuf les ambitions présidentielles des potentiels candidats des partis Adema-PASJ, RPM et URD. Après les avoir, au passage, sevrés de bon nombre de leurs cadres et militants. Il est vrai aussi que cette tâche n'est pas aisée. De ce fait, il faudrait, s'attendre à une véritable guerre d'usure qui va, infailliblement, opposer notamment l'Adema-PASJ et l'URD au PDES, pourtant, tous membres de la majorité présidentielle. Combats au cours desquels, le parti qui fera preuve de faiblesse se verra écrasé, réduit en lambeaux avant de servir de marchepied au vainqueur dans son ascension pour Koulouba.
Un loup dans la bergerie
Dans son speech à la cérémonie solennelle de présentation du nouveau parti, le 17 juillet 2010, Hamed Diané Séméga a été très clair, quand il annonçait : " Le PDES pourra se forger rapidement une place au soleil, malgré sa jeunesse, en devenant, à l'horizon 2012, l'une des toutes premières forces politiques du pays ".
Comme on le voit, à peine installé dans le berceau, voilà que le PDES veut déjà brûler la politesse aux grands partis et bousculer la hiérarchie au sein de la classe politique nationale. En affichant, de manière prématurée et sans complexe aucun, son ambition d'entrer dans la cour des grands et, si possible, d'en être le leader et cela à l'orée de 2012. Tel est, en tout cas, l'objectif que s'est fixé le président du PDES, Hamed Diané Séméga.
Pour relever ce défi, comment le nouveau parti compte-t-il s'y prendre ? Car, moins de vingt quatre mois nous séparent de la présidentielle de 2012 ? Quand on sait que le parti présidentiel a moins la maîtrise du terrain politique que ses potentiels adversaires que sont l'Adema-PASJ, l'URD, le MPR, le CNID, le PARENA et même le CODEM, cet autre parti d'obédience présidentielle.
En effet, aucun parti ne devrait se faire d'illusions : la présidentielle de 2012 sera un véritable champ de bataille, un Solferino sans la Croix-Rouge, où les uns et les autres ne se feront aucun cadeau. Certes, il n'y aura pas de morts ni de sang, mais beaucoup de débauchages, de retournements de veste, de trahisons et de coups bas. Il en sera ainsi, même si le président du PDES, dans un langage précautionneux et de respect, s'est dit, s'adressant à l'ensemble de la classe politique, disposé : " à initier avec eux toute forme de partenariat mutuellement avantageux et, pourquoi pas, envisager avec eux, toute forme d'union organique ou d'action ". Aucun parti n'est dupe. Ce discours, en dépit du ton de politesse usité, est loin de rassurer les partis politiques auxquels il s'adresse. Dans la mesure, où le PDES est, plutôt, vu comme un loup qui veut pénétrer dans la bergerie. Peut-il, le loup, même dans une tenue d'apparat, rassurer des brebis ? Que nenni ! Quelles que soient donc les bonnes intentions du président du PDES, il fait déjà l'objet d'un procès d'intention. C'est comme s'il est venu, en intrus et avec véhémence, réclamer sa part du gâteau alors que le partage était quasi terminé.
En effet, le nouveau-né, qui a un appétit glouton, est soupçonné de vouloir chercher, d'abord, à débaucher les cadres et militants notamment de l'Adema-PASJ, de l'URD et du RPM, considérés comme des partis " récalcitrants ". C'est-à-dire qui vont, très certainement, sortir un candidat en vue de porter leurs couleurs respectives lors de la présidentielle de 2012.
Si Hamed Diané Séméga fait un appel du pied, dès maintenant, à ces partis, c'est pour qu'ils rejoignent le PDES voire soutiennent le poulain d'ATT, en 2012. Car, on voit mal le parti d'ATT soutenir une éventuelle candidature de Dioncounda Traoré de l'Adema, celle de Soumaïla Cissé de l'URD ou d'IBK du RPM, à l'élection présidentielle de 2012. Sauf si l'un ou l'autre est le poulain d'ATT. Ce cas de figure n'étant pas à l'ordre du jour, mieux vaudrait, alors, ne pas s'y attarder. Dans la mesure également où certains pensent, à tort ou à raison, que le temps des dinosaures est révolu.
Un véritable travail de fourmi
En procédant à une brève cartographie du bureau provisoire du PDES, on se rend rapidement à l'évidence : c'est le Mali politique, des opérateurs économiques, de la paysannerie et de l'administration publique, en miniature. On se demande quelle force politique pourra battre ce conglomérat de gens riches d'idées et aux portefeuilles bien garnis. Quand on sait que la plupart des formations politiques, censées pouvoir croiser le fer avec le PDES, sont à court d'argent, ne comptant que sur le financement public accordé aux partis politiques pour renflouer leurs caisses vides et payer leurs dettes. Alors que le PDES est né dans l'opulence et se trouve adossé à de richissimes présidents d'honneur dont certains sont des Maliens de l'extérieur, vivant au Congo ou au Gabon. De ce fait, le parti présidentiel peut compter sur les seuls membres de son bureau provisoire pour engager et mener tout combat exigeant même une débauche d'argent qui est, en réalité, le véritable nerf de la guerre.
En prenant, par exemple, N'Diaye Ba, qui a un riche parcours politique et un réseau bien huilé tant au sein de l'administration publique que dans son ancien parti, le CNID-FYT, on peut, aisément, mesurer toute l'étendue de la marée noire que le PDES va provoquer, inexorablement, au sein des grands partis qui, pour l'instant, se prélassent tout en boudant le nouveau-né comme s'il s'agissait d'un enfant prématuré voire d'un mort-né.
Alors que c'est le moment que le véritable travail de débauchage va commencer. Et c'est maintenant que les partis politiques doivent se réveiller. Car, avec Jeamille Bittar, l'ancien étudiant en ex-URSS communiste devenu un puissant opérateur économique, président de la Chambre de commerce et d'industrie du Mali (CCIM) et président du Conseil économique, social et culturel (CESC), Bakary Togola, riche fermier, bourreau de travail et grand communicateur, président de l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture du Mali (APCAM) et Mamadou Minkoro Traoré, ayant fait fortune dans les meubles, président de l'Assemblée permanente des chambres de métiers du Mali (APCMM), le PDES a si bien ratissé, pour composer son bureau, qu'il est quasiment impossible qu'un autre parti puisse lui damer le pion dans la mobilisation de l'électorat.
A moins, qu'à cause, précisément, de cette surreprésentativité, le nouveau-né ne soit tenté de vouloir dormir sur ses lauriers. En pensant, à tort, que la seule évocation du nom du parrain ou de celui de la marraine sera assez suffisante pour soulever des foules, réussir la mobilisation et gagner des élections. Que nenni ! Le défi est, donc, pour le PDES, loin d'être à portée de main. Comme le dit l'adage : " C'est à l'œuvre qu'on connaît l'artisan. ". C'est dire, également, qu': " Il ne faut jamais se fier aux apparences. " Seul l'effort paye.
Mamadou FOFNA
Chroniqueur politique
mamadoufofana07@yahoo.fr
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