Approche participative et transition numérique au Mali : Une affaire de choix
Les agents de santé communautaires (ASC) sont la cheville ouvrière du lien entre population et système de santé. Basés au sein même de leurs communautés et rattachés aux centres de santé communautaires (Cscom), ils repèrent les signes de danger, assurent le suivi néonatal, la prévention de la malnutrition, du paludisme, et orientent vers les soins nécessaires.

Selon le "Rapport global sur le développement humain 2025 - une affaire de choix : individus et perspectives à l’ère de l'intelligence artificielle", le projet Data Santé Mali a équipé 27 Cscom des régions de Kayes, Koulikoro et Mopti en outils TIC pour améliorer la qualité des soins. Il a aussi instauré une communication bidirectionnelle permettant aux patientes, notamment les femmes enceintes, d’exprimer leurs préoccupations et recevoir des conseils adaptés.
Un autre exemple marquant est MaliKaKeneya, une application mobile utilisée durant la pandémie de Covid-19. Cette solution, conçue avec la plateforme open source Community Health Toolkit (Medic), a permis à 564 agents communautaires d’identifier symptômes et patients suspects chez eux, y compris pour le paludisme et la tuberculose. Plus de 500 000 foyers ont été visités à Bamako, avec plus de 30 000 personnes malades identifiées et orientées vers le dépistage.
L’Association Pesinet, créée en 2007, a déployé un programme d’agents mobiles qui surveillent des indicateurs de santé simples chez les enfants, combinant micro-assurance et prévention. "Grâce à l'appui des Cscom, cette initiative a porté ses fruits dans des quartiers de Bamako dès 2010. Le succès de ces initiatives montre une réelle adhésion des communautés, notamment des agents locaux formés et intégrés dans le parcours sanitaire : Les ASC sont souvent issus des communautés, ce qui fonde un lien de confiance très précieux", souligne le rapport.
Toujours selon l’étude, "l’usage d’outils numériques adaptés (mobiles, hors ligne, protocole guidé) facilite leur appropriation, même en zones à faible connectivité. Les populations répondent positivement lorsqu'il s'agit de santé de proximité, surtout en contexte de crise sanitaire (Covid, maladies endémiques)", souligne l’étude.
Côté autorités, l’adoption à l’échelle nationale des outils numériques pour les communautés de santé positionne le Mali comme pionnier en Afrique de l’Ouest (Medic). Le gouvernement encourage le renforcement participatif, impliquant équipes locales dans l’amélioration des soins via des méthodes participatives.
"Il reste à formaliser des canaux de feedback communautaire, harmoniser les projets, capaciter les ASC sur les outils numériques (maintenance, collecte de satisfaction, remontées de terrain) et institutionnaliser la participation".
L’expérience du Mali démontre que l’engagement participatif est une clef essentielle de la transformation numérique en santé. Lorsque les technologies sont portées par des acteurs locaux légitimes, acceptées par les citoyens et soutenues par les autorités, elles ont un réel impact. Pour aller plus loin, il est urgent d’institutionnaliser cette participation, via des mécanismes d’écoute, de coordination et d’échange, afin de faire de la transition numérique une dynamique inclusive, réactive et durable.
Aminata Agaly Yattara
Ce reportage est publié avec le soutien de Journalistes pour les droits humains (JDH) au Mali et NED
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