Analyse du discours de Sarkozy à Dakar en 2007 : « Le problème de l’Afrique, c’est qu’elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l’enfance »
« Je ne suis pas venu, jeunes d’Afrique, pour pleurer avec vous sur les malheurs de l’Afrique. Car l’Afrique n’a pas besoin de mes pleurs », disait Nicolas Sarkozy le 26 juillet 2007 à la jeunesse africaine. 26 juillet 2007, 26 juillet 2011 : cela fait 4 ans, jour pour jour, que ce discours a été prononcé. Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, le recul nous a permis de comprendre que ces mots qui nous ont vexé hier, se révèlent aujourd’hui une réalité indélébile.
Il y a exactement quatre (4) ans, que le président de la république française s’est adressé aux jeunes africains sur le territoire sénégalais au sein de l’université Cheick Anta Diop, en présence de nos frères de l’actuelle et de la future élite sénégalaise. C’est justement après deux mois de son investiture en 2007, que M. Nicolas Sarkozy a visité le sol africain pour décortiquer les déchirures et les souffrances que les africains ont franchi et dont les vestiges résident toujours. Comme le dit un adage : « La vérité rougit les yeux, mais ne les casse pas », analysons alors ensemble quelques extraits des propos de l’homme.
A l’époque il a dit : « Je suis venu vous parler avec la franchise et la sincérité que l’on doit à des amis que l’on aime et que l’on respecte. J’aime l’Afrique, je respecte et j’aime les Africains ». Alors il nous aime c’est pourquoi, il partage le drame jadis et aussi ensemble envisage les perspectives de l’Afrique. Ce discours qui s’oriente directement vers l’ensemble des jeunes d’Afrique invite les jeunes africains à se réveiller face à leur propre destin, comme on le dit « le temps passé ne peut plus jamais revenir ».
Je pense qu’ensemble nous devrons analyser ce discours et tirer profit. Alors le courage ne veut pas dire de se venger, mais souffrir pour réussir. Le 26 Juillet 2007, le président de la République de France, M. Nicolas Sarkozy, a fait un discours qui choquait la plupart des africains. Logique avec ces termes : « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. » ! Dans son allocution, il a annoncé qu’il n’était pas venu en Afrique pour pleurer avec nous sur nos malheurs. Car l’Afrique n’a pas besoin de ses pleurs. Ni de s’apitoyer sur notre sort parce que notre sort est entre nos mains. Il nous a confirmé qu’il est venu proposer son opinion sur l’avenir du continent africain. Par ailleurs, il dépeignait l’essence de nos malheurs, et que jadis les Européens étaient venus en Afrique en conquérants. Ils ont pris la terre de nos ancêtres. Ils ont banni les dieux, les langues, les croyances, les coutumes de nos pères. Ils ont dit à nos pères ce qu’ils devaient penser, ce qu’ils devaient croire, ce qu’ils devaient faire. Ils ont coupé nos pères de leur passé, ils leur ont arraché leur âme et leurs racines. Ils ont désenchanté l’Afrique. Le président français a aussi dit que les colonisateurs avaient tort car, ils n’ont pas vu la profondeur et la richesse de l’âme africaine. Ils ont cru qu’ils étaient supérieurs, qu’ils étaient plus avancés, qu’ils étaient le progrès, qu’ils étaient la civilisation. Ils ont voulu convertir l’homme africain, le façonner à leur image, ils ont cru qu’ils avaient tous les droits et qu’ils étaient plus puissants que les dieux de l’Afrique, plus puissants que l’âme africaine et les liens sacrés que les hommes avaient tissés patiemment pendant des millénaires avec le ciel et la terre d’Afrique, plus puissants que les mystères qui venaient du fond des âges. Ils ont abîmé un art de vivre. Ils ont abîmé un imaginaire merveilleux. Ils ont abîmé une sagesse ancestrale. Ils ont créé une angoisse, un mal de vivre. Ils ont nourri la haine. Ils ont rendu plus difficile l’ouverture aux autres, l’échange, le partage parce que pour s’ouvrir, pour échanger, pour partager, il faut être assuré de son identité, de ses valeurs, de ses convictions. Face au colonisateur, le colonisé avait fini par ne plus avoir confiance en lui, par ne plus savoir qui il était, par se laisser gagner par la peur de l’autre, par la crainte de l’avenir. Le colonisateur est venu, il a pris, il s’est servi, il a exploité, il a pillé des ressources, des richesses qui ne lui appartenaient pas. Il a dépouillé le colonisé de sa personnalité, de sa liberté, de sa terre, du fruit de son travail. Il a pris mais je veux dire avec respect qu’il a aussi donné. Il a construit des ponts, des routes, des hôpitaux, des dispensaires, des écoles. Il a rendu féconde des terres vierges, il a donné sa peine, son travail, son savoir. Je veux le dire ici, tous les colons n’étaient pas des voleurs, tous les colons n’étaient pas des exploiteurs. En dépit de cela, il n’a pas hésité de dire que parmi les colonisateurs il y avait des voleurs qui ont exploité l’Afrique. Ici je pense que l’exemple des Belges en République Démocratique du Congo dans les années 1887 est une illustration de ce discours plus constructeur qu’injurieux, tel qu’il a été interprété en son temps. Il y avait aussi des criminalistes et à la fois, alors ces criminalistes devraient être jugés sans attendrissement. Dans son propos qui a choqué d’énormes personnalités africaines dont l’ex première dame du Mali Adam Ba Konaré, a fait fi de la vérité archéologique qui stipule que l’Afrique est le berceau de l’Humanité. L’Afrique en a réveillé les joies simples, les bonheurs éphémères et ce besoin, ce besoin auquel il croit lui-même tant, ce besoin de croire plutôt que de comprendre, ce besoin de ressentir plutôt que de raisonner, ce besoin d’être en harmonie plutôt que d’être en conquête. Ceux qui jugent la culture africaine arriérée, ceux qui tiennent les Africains pour de grands enfants, tous ceux-là ont oublié que la Grèce antique qui nous a tant appris sur l’usage de la raison avait aussi ses sorciers, ses devins, ses cultes de mystères, ses sociétés secrètes, ses bois sacrés et sa mythologie qui venaient du fond des âges et dans laquelle nous puisons encore, aujourd’hui, un inestimable trésor de sagesse humaine. Je dis alors que la culture et la civilisation de chaque peuple a son origine. Ce discours annoncé par notre ami comme, le dit-il, les jeunes africains devront s’en approprier afin d’y tirer des leçons qui nous permettront de réédifier notre continent. Il nous a élucidé nos préoccupations en relatant que le problème de l’Afrique, c’est de cesser de toujours répéter, de toujours ressasser, de se libérer du mythe de l’éternel retour, c’est de prendre conscience que l’âge d’or qu’elle ne cesse de regretter, ne reviendra pas pour la raison qu’il n’a jamais existé. Le problème de l’Afrique, c’est qu’elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l’enfance. Le problème de l’Afrique, c’est que trop souvent elle juge le présent par rapport à une pureté des origines totalement imaginaire et que personne ne peut espérer ressusciter. Le problème de l’Afrique, ce n’est pas de s’inventer un passé plus ou moins mythique pour s’aider à supporter le présent mais de s’inventer un avenir avec des moyens qui lui soient propres. Le problème de l’Afrique, ce n’est pas de se préparer au retour du malheur, comme si celui-ci devait indéfiniment se répéter, mais de vouloir se donner les moyens de conjurer le malheur, car l’Afrique a le droit au bonheur comme tous les autres continents du monde. Le problème de l’Afrique, c’est de rester fidèle à elle-même sans rester immobile. Face à ces problèmes expliqués par le président Sarkozy, il est nécessaire de se demander : à quand la renaissance Africaine ?
Ce discours, longuement préparé, n’est pas fortuit. Certes il nous vexe et chiffonne, mais doit aussi nous pousser tout de même à accepter les choses telles qu’elles sont et cesser de nous lamenter sur notre sort. Il nous interpelle également sur nos guerres sanglantes, génocides, dictatures, fanatismes et j’en passe. Sans imiter aussi, des colosses corruptions, prévarications, gaspillages et la pollution que notre continent subit tant, je pense que Sarkozy avait raison le 26 juillet 2007…
SEYDOU KARAMOKO KONE
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