Chronique : Gouvernance: journaliste mal aimé sous les tropiques oligarques
C'est une perception assez répandue, en effet. On entend souvent dire que les journalistes d'investigation et les analystes politiques ne sont pas toujours les plus populaires. Et il y a plusieurs raisons à cela.

D'abord, leur rôle même les place souvent en position de confrontation. Le journaliste d'investigation met en lumière des faits dérangeants, des dysfonctionnements, voire des scandales. Il pointe du doigt ce qui ne va pas, ce qui peut forcément créer des tensions avec les personnes ou les institutions mises en cause. Personne n'aime voir ses erreurs ou ses malversations exposées publiquement.
Ensuite, l'analyste politique, lui, décortique les événements, les décisions, et met souvent en évidence les jeux de pouvoir, les stratégies cachées, les contradictions. Son travail peut démystifier le discours politique officiel et révéler des réalités moins reluisantes. Cela peut être perçu comme du cynisme ou une critique systématique, même si l'intention est d'éclairer le débat public.
Il y a aussi une question de perception du public. Parfois, on peut leur reprocher d'être trop critiques, de ne voir que le négatif, ou d'avoir un agenda caché. Les théories du complot et la méfiance envers les médias en général n'arrangent rien. Il est plus facile de rejeter le messager que d'accepter le message, surtout quand il est inconfortable.
Et puis, il ne faut pas oublier que dans un paysage médiatique polarisé, les journalistes et les analystes peuvent être étiquetés et associés à un camp politique ou à une idéologie, ce qui peut les rendre impopulaires auprès de ceux qui ne partagent pas ces opinions.
Malgré tout cela, je pense que leur rôle est essentiel pour une démocratie saine. Ils contribuent à la transparence, à la redevabilité, et à une meilleure compréhension des enjeux. Même si leurs conclusions ne plaisent pas toujours, leur travail est nécessaire.
Qu'en pensez-vous de votre côté ? Est-ce que cette impopularité vous semble justifiée ?
Le journalisme de connivence prospère…
Le journalisme de connivence, caractérisé par une complicité tacite ou secrète entre les journalistes et les figures du pouvoir, trouve un terreau fertile dans les régimes oligarques. Dans ces systèmes où le pouvoir est concentré entre les mains d'un petit groupe, souvent caractérisé par des liens personnels et financiers étroits, plusieurs facteurs favorisent l'émergence et la prolifération de ce type de journalisme: dépendance économique des médias, intérêts convergent, censure et autocensure, manque de pluralisme et de concurrence, culture de la faveur et du clientélisme…
Les oligarques possèdent fréquemment des parts importantes, voire la totalité, des grands médias. Cette mainmise financière leur permet d'exercer une influence considérable sur la ligne éditoriale et le contenu diffusé. Les journalistes et les organes de presse deviennent alors dépendants de ces intérêts privés, les incitant à l'alignement plutôt qu'à la critique.
Les régimes oligarques ont besoin de légitimation et de contrôle de l'information pour maintenir leur domination. Un journalisme complaisant, qui met en avant les réussites du régime et occulte les problèmes ou la corruption, sert cet objectif. En retour, les médias et les journalistes peuvent bénéficier d'un accès privilégié à l'information, de faveurs ou d'une certaine protection.
La peur de représailles économiques, de pressions politiques, voire de violence, peut conduire les journalistes à l'autocensure. Ils évitent de traiter des sujets sensibles ou de critiquer ouvertement les figures du pouvoir, préférant adopter un ton neutre ou favorable.
Dans un environnement médiatique dominé par quelques acteurs liés à l'oligarchie, les voix dissidentes peinent à se faire entendre. Le public se retrouve exposé à une information filtrée et orientée, limitant sa capacité à former une opinion éclairée.
Les régimes oligarques fonctionnent souvent sur des réseaux de patronage et de favoritisme. Les journalistes qui se montrent loyaux peuvent être récompensés par des postes, des avantages ou des informations exclusives, renforçant ainsi les liens de connivence.
Les conséquences du journalisme de connivence sous les régimes oligarques sont multiples et néfastes pour la démocratie et la société.
Je peux citer entre autres; déficit d'information fiable, entrave à la redevabilité, renforcement du pouvoir oligarchique, érosion de la confiance dans les médias, atteinte à la liberté d'expression…
Le public est privé d'une information objective et complète, ce qui entrave sa capacité à comprendre les enjeux et à participer de manière éclairée à la vie civique.
Lorsque les médias ne jouent pas leur rôle de contre-pouvoir, les abus et la corruption peuvent prospérer en toute impunité. Les oligarques et leurs associés ne sont pas tenus de rendre des comptes.
En contrôlant l'information, les régimes oligarques consolident leur emprise sur la société et limitent les possibilités d'opposition et de changement.
Lorsque le public perçoit la collusion entre les journalistes et le pouvoir, la crédibilité de l'ensemble de la profession est mise à mal. Un environnement où la critique est découragée ou sanctionnée nuit à la liberté d'expression, pilier fondamental de toute société démocratique.
Je termine en disant que le journalisme de connivence n'est pas une simple dérive individuelle, mais un phénomène structurel qui s'épanouit dans des contextes politiques et économiques spécifiques, tels que les régimes oligarques, avec des conséquences profondes sur la qualité de l'information et la santé de la démocratie.
L’oligarchie monolithique
Ah, "oligarchie monolithique"... une expression forte qui évoque un pouvoir concentré et apparemment indivisible. En termes simples, cela décrit une situation où le pouvoir politique est détenu par un petit groupe de personnes qui agissent de manière unie et sans opposition interne significative.
L'adjectif "monolithique" ici est clé. Il suggère une absence de fissures, de divisions ou de dissensions au sein de cette élite dirigeante. Imaginez un seul bloc de pierre immense et uniforme: c'est l'image que ce terme cherche à transmettre.
Dans une oligarchie monolithique, les décisions sont prises par ce groupe restreint, et il est souvent difficile pour quiconque en dehors de ce cercle d'influencer la direction des affaires. Les mécanismes de contrôle et de pouvoir sont généralement bien établis et peuvent être difficiles à remettre en question.
On peut trouver des exemples historiques ou contemporains qui pourraient être décrits comme tendant vers une oligarchie monolithique, bien que la réalité soit souvent plus nuancée. Pensez à certains régimes autoritaires où un parti unique ou un petit groupe de familles exerce un contrôle considérable sur l'économie et la politique, avec peu de place pour les voix dissidentes.
Le régime d’oligarchie monolithique s'entoure de loyalistes et flagorneurs incompétents.
Il se dispute avec tout le monde entier, y inclus les alliés naturels.
Il sous-estimer le patriotisme et nationalisme des autres.
Il viole les normes, et être imprévisible.
Et il sape les fondements de la République et favorise la fuite des talents.
La première étape est, celle qui est le fondement de cette dérive; et cela passe par la nomination à des postes stratégiques de personnes incompétentes, aveuglément loyales, totalement dépendantes du bon vouloir du prince, dépourvues de courage ou de principes; mais aussi l’élimination de tout individu qui exhibe des signes d’indépendance, d’intégrité morale, de probité et de compétences.
A.K. DRAMÉ, Journaliste indépendant, Analyste et Chercheur en Stratégie de Croissance Accélérée, Enjeux et Innovations du Développement durable
ENCADRÉ
Sous les bottes l’oligarchie monolithique
J’affirme sans ambages que les gouvernements deviennent de plus en plus oligarchiques. C'est une affirmation convaincante qui suggère un changement significatif dans la répartition et l'exercice du pouvoir dans de nombreux pays.
Si l'on considère la définition de l'oligarchie, le pouvoir exercé par un petit groupe d'individus riches ou influents, des arguments et des observations pourraient certainement étayer mon affirmation: concentration des richesses, influence des intérêts particuliers, phénomène de «portes tournantes», affaiblissement des institutions démocratiques, mondialisation et élites transnationales…
Dans de nombreux pays, les inégalités de richesse se creusent, entraînant une concentration du pouvoir économique entre les mains de quelques-uns. Ce pouvoir économique se traduit souvent par une influence politique via le lobbying, les dons de campagne et le contrôle des médias.
Les industries et les groupes d'intérêt puissants peuvent exercer une pression considérable sur les gouvernements par le biais de leurs activités de lobbying, en façonnant les réglementations et les politiques au profit de leurs intérêts, parfois au détriment du grand public.
La mobilité des individus entre les postes gouvernementaux et les postes de haut niveau dans le secteur privé peut créer des liens étroits entre les élites politiques et économiques, pouvant conduire à des politiques favorisant les personnes ayant des relations.
Dans certains pays, l’affaiblissement des institutions démocratiques, telles que l’indépendance des médias, la présence de partis politiques forts représentant des intérêts divers et l’efficacité des freins et contrepoids au pouvoir exécutif, suscite des inquiétudes. Cet affaiblissement peut favoriser le développement de tendances oligarchiques.
L’essor de la mondialisation a conduit à l’émergence d’élites économiques transnationales capables d’exercer une influence au-delà des frontières, impactant parfois les politiques gouvernementales nationales.
Cependant, il est également important de prendre en compte les contre-arguments et les nuances. Je citerai; Structures démocratiques formelles, Société civile et mouvements sociaux, Opinion publique et pression électorale, Diversité des intérêts…
De nombreux pays conservent encore des structures démocratiques formelles avec des élections régulières, des organes représentatifs et des cadres constitutionnels. Bien que ces structures puissent être imparfaites, elles offrent théoriquement des possibilités de participation et de responsabilisation citoyennes plus larges.
Les organisations actives de la société civile, les mouvements sociaux et les médias indépendants peuvent servir de contre-pouvoirs aux élites et défendre les intérêts de populations plus larges. Même au sein des groupes riches et influents, des intérêts divers, parfois conflictuels, peuvent exister, empêchant la formation d'une oligarchie monolithique.
Si l'influence de la richesse est préoccupante, l'opinion publique et la pression électorale peuvent néanmoins jouer un rôle dans l'élaboration des politiques gouvernementales et la responsabilisation des dirigeants, du moins dans une certaine mesure.
A.K. DRAMÉ
ENCADRÉ
Qui est bon journaliste ?
Un bon journaliste, c'est un peu comme un détective de la vérité, mais avec une plume (ou un clavier) à la place d'une loupe. Il ne se contente pas de répéter ce qu'on lui dit, il creuse, il vérifie ses sources avec une rigueur d'horloger suisse, et il cherche à comprendre les tenants et les aboutissants d'une histoire.
Imaginez quelqu'un qui pose les bonnes questions, même celles qui dérangent, et qui a le courage de publier ce qu'il découvre, même si ça ne plaît pas à tout le monde. C'est quelqu'un qui est curieux du monde qui l'entoure, qui a une soif d'apprendre et de comprendre les différentes perspectives.
Un bon journaliste, c'est aussi quelqu'un qui écrit ou qui parle clairement, de manière à ce que tout le monde puisse comprendre les informations, sans les simplifier à outrance ni les rendre ennuyeuses. Il a le souci de l'exactitude, bien sûr, mais aussi de la clarté et de la concision.
Et puis, il y a l'éthique. Un bon journaliste est intègre, il respecte la vie privée des gens (sauf quand l'intérêt public justifie une intrusion), il ne se laisse pas corrompre par des intérêts financiers ou politiques, et il reconnaît ses erreurs quand il en fait. C'est quelqu'un qui place l'information du public au-dessus de ses propres opinions ou de ses préférences.
Alors, qui est un bon journaliste ? C'est difficile de donner des noms précis, car c'est souvent une question de perception et de contexte. Mais on peut reconnaître un bon journaliste à la qualité de son travail : la profondeur de ses enquêtes, la fiabilité de ses informations, la clarté de son exposé, et son engagement envers la vérité et l'intérêt public. Pensez à des journalistes qui vous ont éclairé sur des sujets importants, qui vous ont donné une vision plus claire du monde. Ce sont probablement de bons journalistes.
A.K. DRAMÉ, Journaliste indépendant
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