La proclamation des rĂ©sultats dĂ©finitifs des Ă©lections lĂ©gislatives a suscitĂ© son lot dâindignations, comme il est coutume au Mali, et cela depuis avril 1997.Â
Les singularitĂ©s de 2020 sont de deux ordres : La remise en cause du pouvoir dâannulation et de reformation des voix obtenus par les candidats Ă lâissu du scrutin, qui ajoute une confusion Ă celle existante et dĂ©jĂ insupportable pour bon nombre de citoyens, surtout ceux qui ont eu le courage dâaller voter.
Les rĂ©actions violentes des citoyens, spontanĂ©es ou organisĂ©es (caractĂ©risĂ©es par des manifestations de protestation sur les artĂšres publiques, des barricades enflammĂ©es et autres actes de dĂ©fiance de lâautoritĂ©).
Ces rĂ©actions populaires, somme toutes comprĂ©hensibles, sont Ă condamner dans un processus dĂ©mocratique supposĂ© ĂȘtre revĂȘtu du caractĂšre “inclusif”, dâautant plus, que, ce qui, sous dâautres cieux, serait une exception, est en passe de devenir la rĂšgle en RĂ©publique du Mali. Or la constitution du 25 fĂ©vrier 1992 stipule Ă article 94 : “-Les dĂ©cisions de la Cour constitutionnelle ne sont susceptibles d’aucun recours. Elles s’imposent aux pouvoirs publics, Ă toutes les autoritĂ©s administratives et juridictionnelles et Ă toutes les personnes physiques et morales. Les rĂšgles d’organisation et de fonctionnement de la Cour constitutionnelle, ainsi que la procĂ©dure suivie devant elle, sont dĂ©terminĂ©es par une loi organique”. Il appartient dĂšs lors Ă tout dĂ©mocrate de se conformer Ă la constitution et de veiller Ă ce que les mĂȘmes causes ne produisent plus les mĂȘmes effets. Autrement, il faudrait attaquer le mal Ă la racine.
En effet, depuis les lĂ©gislatives ratĂ©es du 13 avril 1997, un fossĂ© Ă©norme sâest creusĂ© entre les citoyens et les acteurs politiques, dâune part et entre ceux-ci, et la Cour constitutionnelle, dâautre part. Les premiers prenant la Cour pour responsables de lâensemble des fautes.
Sâil est vrai que le constituant a donnĂ© plein pouvoir Ă la Cour constitutionnelle pour statuer en dernier ressort en matiĂšre Ă©lectoral, sâagissant du PrĂ©sident de la RĂ©publique et des dĂ©putĂ©s, et Ă ce titre, lui confĂšre tous les pouvoirs pour agir comme bon lui semble, le citoyen malien et lâacteur politique sont-ils exempts de reproches ?
“Tous les acteurs politiques et candidats de quelque bord politique quâils soient se sont installĂ©s Ă demeure dans la fraude gĂ©nĂ©ralisĂ©e“. Par ces propos, lâalerte a Ă©tĂ© donnĂ©e depuis 2007 par feu Salif KanoutĂ©, ancien prĂ©sident de la Cour constitutionnelle lors de la proclamation des rĂ©sultats de lâĂ©lection lĂ©gislative de 2007, Le juge constitutionnel, sâestimant impuissant, enfonce le clou en ces termes, “Jâai la profonde conviction que tous les candidats se sont confortablement installĂ©s dans la fraude [âŠ] Les dĂ©lĂ©guĂ©s de la CĂ©ni sont muets, les dĂ©lĂ©guĂ©s de la Cour sont muets, les prĂ©sidents des bureaux de vote sont muets”.
En 1997, lorsque la Cour constitutionnelle, Ă lâĂ©poque dirigĂ©e par un baron du parti au pouvoir, a pris la responsabilitĂ© dâannuler le premier tour des Ă©lections lĂ©gislatives, un bras de fer sâest alors engagĂ© entre les partis politiques de lâopposition et lâAdema, parti au pouvoir. Est-il besoin de rappeler que le PrĂ©sident de lâAdema, Premier ministre de surcroĂźt, nâĂ©tait autre quâIbrahim Boubacar KeĂŻta ? Ce bras de fer, exacerbĂ© par lâabsence de dialogue ou plutĂŽt un dialogue de sourds entre les deux camps, va pousser lâopposition Ă boycotter lâĂ©lection prĂ©sidentielle prĂ©vue pour le 11 mai de la mĂȘme annĂ©e, pour les mĂȘmes motifs que ceux qui lâavaient conduite Ă demander et obtenir lâannulation du premier tour des lĂ©gislatives, Ă savoir principalement lâabsence de fichier Ă©lectoral valide. La Cour constitutionnelle, Ă juste raison ou pas, va alors se dĂ©dire magistralement en validant les rĂ©sultats de lâĂ©lection prĂ©sidentielle Ă partir du mĂȘme fichier quâelle avait dĂ©clarĂ© non fiable exactement 28 jours avant, lors du premier tour chaotique des lĂ©gislatives. La suite : cinq annĂ©es de tension politique Ă©maillĂ©es par la mort dâun fonctionnaire de police et lâemprisonnement de plusieurs leaders de lâopposition.
Cette premiĂšre expĂ©rience va mettre en lumiĂšre les graves fragilitĂ©s de la constitution de 1992. MalgrĂ© lâannulation du scrutin de ce 13 avril 1997 pour cause de mauvaise organisation, le gouvernement a maintenu le calendrier Ă©lectoral en arguant dâun vide constitutionnel. Le mandat du PrĂ©sident Alpha Oumar KonarĂ© arrivait Ă terme le 8 juin 1997. Câest lĂ oĂč nous avons trĂ©buchĂ© pour la premiĂšre fois, la dĂ©mocratie malienne est tombĂ©e Ă terre. Depuis cette date, les acteurs politiques se sont montrĂ©s incapables de se remettre en cause et de redresser le tir, dans un total respect du processus dĂ©mocratique. Lâopposition, qui Ă©tait dans son plein droit de contester le scrutin du 11 mai 1997, nâa pourtant jamais Ă©tĂ© Ă©coutĂ©e par le gouvernement. Parce quâelle refusera de reconnaitre le verdict de la Cour constitutionnelle et dâaccepter la lĂ©gitimitĂ© du PrĂ©sident Alpha Oumar KonarĂ© pour son second mandat. La passion a pris le dessus. Les intĂ©rĂȘts individuels ont prĂ©valu sur lâintĂ©rĂȘt supĂ©rieur de la nation.
LorsquâAlpha Oumar KonarĂ© engage le dĂ©bat sur la rĂ©vision constitutionnelle, les passions, littĂ©ralement, se dĂ©chaĂźneront. Il sera accusĂ© de vouloir modifier la constitution pour briguer un troisiĂšme mandat. Il fera contre mauvaise fortune bon cĆur et renoncera Ă sa rĂ©forme.
Les Ă©lections gĂ©nĂ©rales de 2002 interviennent dans ce contexte dâextrĂȘme fragilitĂ© institutionnelle. La Cour sâillustrera encore par son omnipotence. Le candidat du Rassemblement Pour le Mali (RPM), Ibrahim Boubacar KeĂŻta, est lestĂ© de 400 000 voix qui le priveront du second tour de la prĂ©sidentielle, face Ă Amadou Toumani TourĂ©.
Juillet 2002, rebelote : la Cour annule des centaines de milliers de voix lors des lĂ©gislatives. Ces annulations profitent au RPM, parti dâIbrahim Boubacar KeĂŻta, lĂ©sĂ© lors de la prĂ©sidentielle par cette mĂȘme Cour. LâAdema, victime de ce rĂ©ajustement, crie au scandale ; on parle alors de troisiĂšme tour. Dioncounda TraorĂ© fera une passe dâarmes avec les neuf sages pourtant majoritairement ses compagnons de lutte.
Le temps des Ă©lections passĂ©, aucun acteur politique nâen tire de leçon. LâassemblĂ©e mise en place et le gouvernement constituĂ©, on se laisse distraire par “la politique du ventre“ pour reprendre cette expression de Jean François Bayard, et on oublie les neuf sages le temps dâune idylle. Mais chassez le naturel et il revient au galop dit-on. Puis, en 2007, arrivent de nouvelles Ă©chĂ©ances Ă©lectorales. Les mĂȘmes causes produisant les mĂȘmes effets, les Ă©lections prĂ©sidentielles sont organisĂ©es dans les mĂȘmes conditions, la Cour, avec la mĂȘme omnipotence, prend ses responsabilitĂ©s, applique la loi dans toute sa rigueur et les acteurs politiques se victimisent encore une fois. 2013 puis 2018 : Ă scĂ©nario identique, verdict identique.
En 2020, les jeunes sont instrumentalisĂ©s. Des barricades Ă©rigĂ©es par-ci, des manifestations violentes par-lĂ . Mopti, Sikasso, Bougouni, Kati, communes I, V et VI de Bamako. Les neuf sages de la Cour constitutionnelle sont traitĂ©s de tous les noms dâoiseaux, coupables de tous les pĂ©chĂ©s dâIsraĂ«l.
“Nous sommes Tous coupables !“.
Cette fiction radioscopique de la sociĂ©tĂ© malienne, rĂ©alisĂ©e par Feu Falaba Issa TraorĂ© en 1980, qui interpellait les Maliens Ă lâĂ©poque sur leur responsabilitĂ© collective dans les cas “dâenfants adultĂ©rins et dâinfanticides”, est malheureusement encore plus que dâactualitĂ©. Il suffit juste de la transposer dans la sphĂšre politique actuelle pour retrouver tous les ingrĂ©dients qui ont inspirĂ© ce film commandĂ© par lâUnion nationale des Femmes du Mali (UNFM).
Ă croire que le Malien du 21Ăšme siĂšcle serait dĂ©pourvu de toute capacitĂ© de rĂ©flexion, doublĂ©e dâun syndrome de dĂ©ni de grossesse ou peut ĂȘtre que nous sommes tous atteints du syndrome de Stockholm. ?
Depuis mai 1997, aprĂšs chaque scrutin, systĂ©matiquement, tout le monde sâen prend aux neuf sages de la Cour, au gouvernement malien et au prĂ©sident de la RĂ©publique. Avant, câĂ©tait Alpha Oumar KonarĂ© et sa Cour constitutionnelle, ensuite ce fut ATT et sa Cour constitutionnelle, maintenant ce serait “la lune de miel Manassa, Ibrahim Boubacar KeĂŻta” ? AprĂšs IBK et Manassa, quel sera le couple, qui prendra le rĂŽle de lâagneau sacrificiel ? Comme toujours, il faut bien chercher des boucs Ă©missaires et nier ses propres responsabilitĂ©s. Câest toujours la faute de la Cour. Lâadministration chargĂ©e dâorganiser les Ă©lections nây est pour rien, les honorables dĂ©putĂ©s qui siĂšgent Ă lâAssemblĂ©e nationale depuis 1997 nây sont pour rien, les candidats qui osent effrontĂ©ment des tripatouillages Ă©lectoraux nây sont pour rien, les Ă©lecteurs qui monnaient leurs voix nây sont pour rien. Si tous ceux qui ont gouvernĂ© le Mali de 1997 Ă 2020 ont tous – sans exception – subi la mĂȘme sentence, avec pourtant lâentiĂšre libertĂ© dây apporter les solutions idoines, tous – sans exception – se sont montrĂ©s incapables dây mettre fin.
Pourquoi la Cour constitutionnelle annule-t-elle des voix exprimĂ©es au lieu de prononcer lâannulation du scrutin dans les localitĂ©s oĂč des irrĂ©gularitĂ©s sont effectivement constatĂ©es ? Pourquoi la Cour ne renverrait-elle pas les candidats face aux Ă©lecteurs autant de fois que nĂ©cessaire et laisser ainsi au citoyen la souverainetĂ© du vote ?
Les réponses se trouvent dans la loi organique :
Selon lâarticle 86 – alinĂ©a 4, de la constitution de fĂ©vrier 1992 du Mali, “La Cour constitutionnelle statue obligatoirement sur : la rĂ©gularitĂ© des sĂ©lections prĂ©sidentielles, lĂ©gislatives et des opĂ©rations de rĂ©fĂ©rendum dont elle proclame les rĂ©sultats”.
Lâarticle 87 prĂ©cise : “La Cour constitutionnelle est saisie, en cas de contestation sur la validitĂ© d’une Ă©lection, par tout candidat, tout parti politique ou le dĂ©lĂ©guĂ© du gouvernement, dans les conditions prĂ©vues par une loi organique”.
Au terme de cet article, câest dâabord et avant tout les acteurs politiques qui saisissent la Cour constitutionnelle pour obtenir dâelle rĂ©paration dâun prĂ©judice dont ils estiment avoir Ă©tĂ© victimes. Cela fait appel Ă deux notions fondamentales :
Les plaignants sâestiment dans leurs droits de saisir une juridiction quâils considĂšrent lĂ©gitime pour leur rendre justice. Donc la notion de la quĂȘte dâune Justice.
Les plaignants reconnaissent en la Cour sa légitimité à juger le différend qui les oppose.
Ce qui est encore plus Ă©loquent, câest que les textes avec lesquels travaille la Cour constitutionnelle, câest-Ă -dire les lois organiques dĂ©terminant ses rĂšgles dâorganisation et de fonctionnement, sont adoptĂ©s par rien dâautre que lâAssemblĂ©e nationale.
La loi n°02-011 du 05 mars 2002 portant modification de la loi n°97-010 du 11 fĂ©vrier 1997 portant loi organique dĂ©terminant les rĂšgles d’organisation et de fonctionnement de la Cour constitutionnelle ainsi que la procĂ©dure suivie devant elle dans lâarticle 32 – nouveau alinĂ©a 2, stipule : “Dans les quarante-huit heures qui suivent la proclamation des rĂ©sultats provisoires des premier et deuxiĂšme tours de lâĂ©lection du prĂ©sident de la RĂ©publique ou des dĂ©putĂ©s, tout candidat, tout parti peut contester la validitĂ© de lâĂ©lection dâun candidat devant la Cour constitutionnelle”.
La loi n°97-010 du 11 fĂ©vrier 1997 portant loi organique dĂ©terminant les rĂšgles d’organisation et de fonctionnement de la Cour constitutionnelle ainsi que la procĂ©dure suivie devant elle, dans son article 40, prĂ©cise : “Lorsquâelle fait droit Ă une requĂȘte, la Cour peut selon le cas, annuler lâĂ©lection contestĂ©e ou reformer les rĂ©sultats et proclamer le candidat qui a Ă©tĂ© rĂ©guliĂšrement Ă©lu”.
Aujourdâhui, les citoyens, les candidats malheureux Ă la dĂ©putation dont certains ont siĂ©gĂ© Ă lâassemblĂ©e durant deux voire trois lĂ©gislatures, sâen prennent au verdict de la Cour constitutionnelle. De 1997 Ă nos jours, les acteurs politiques ne font que pleurnicher face aux rĂ©sultats proclamĂ©s par la Cour comme si câĂ©tait une fatalitĂ©. Or, la solution se trouve dans la loi organique qui, contrairement Ă la constitution, est adoptĂ©e par lâassemblĂ©e nationale, donc par le pouvoir lĂ©gislatif dĂ©tenu par ceux-lĂ mĂȘmes qui se victimisent.
En 2002, Ibrahim Boubacar KeĂŻta, candidat Ă lâĂ©lection prĂ©sidentielle, est victime de lâannulation de 400 000 voix par la Cour constitutionnelle. Il sera par la suite Ă©lu dĂ©putĂ© et il prĂ©sidera lâAssemblĂ©e nationale de 2002 Ă 2007. Son parti, le RPM, Ă©tait majoritaire (en nombre de dĂ©putĂ©s). Au cours du mĂȘme scrutin, lâAdema, ancien parti au pouvoir et anciennement majoritaire Ă lâassemblĂ©e, perd une trentaine de siĂšges. Dioncounda TraorĂ© est Ă©liminĂ© par dĂ©cision de la Cour. Durant la premiĂšre lĂ©gislature du mandat du prĂ©sident Amadou Toumani TourĂ©, le pays est gouvernĂ© par consensus. Les trois candidats arrivĂ©s en tĂȘte lors de lâĂ©lection prĂ©sidentielle filent “le parfait amour”. Le challenger du PrĂ©sident Ă©lu est bombardĂ© prĂ©sident de la Commission de lâUĂ©moa. Tous les opposants de lâĂšre KonarĂ© participent Ă la gestion du pouvoir. Le climat social est propice aux rĂ©formes mais pourtant rien nâest entrepris dans ce sens par les acteurs politiques.
En 2007, les Ă©lections prĂ©sidentielles sont contestĂ©es. Dioncounda est Ă©lu dĂ©putĂ©, IBK est rĂ©Ă©lu, mais son parti perd la majoritĂ© au profit de lâAdema. Dioncounda devient alors prĂ©sident de lâAssemblĂ©e nationale, puis prĂ©sident de la Transition. Le tonitruant Oumar Mariko siĂšge Ă lâAssemblĂ©e nationale, depuis 2002, soit trois mandats dâaffilĂ©e. Quâa-t-il initiĂ©Â ? Pourquoi le lĂ©gislateur malien est-il incapable de corriger cette injustice, dont lui et lui seul est le responsable ? Câest lâAssemblĂ©e nationale qui adopte la loi organique, et les dispositions qui octroient Ă la Cour le pouvoir dâannuler partiellement les voix et de rĂ©ajuster les rĂ©sultats Ă©manent non pas de la constitution mais bel et bien dâune loi organique donc du lĂ©gislateur. Alors par dĂ©duction logique, les premiers coupables dĂ©signĂ©s sont tous les dĂ©putĂ©s qui ont siĂ©gĂ© Ă lâAssemblĂ©e nationale de 1997 Ă 2020. La vĂ©ritĂ© est que tous les partis politiques connaissent les conditions dâinvalidation des rĂ©sultats dâun bureau de vote. Ce sont eux qui jouent avec le peuple.
Autres coupables, lâadministration, le gouvernement en tĂȘte. Comment comprendre que depuis lâavĂšnement de la dĂ©mocratie, les seules Ă©lections quâil convient de considĂ©rer comme crĂ©dibles et transparentes que le Mali ait rĂ©ussi Ă organiser soient celles de 1992 ? Ce sont les seules Ă©lections qui nâont pas Ă©tĂ© suivies dâune crise poste Ă©lectorale.
Pourquoi nây a-t-il jamais eu de sanctions contre lâincompĂ©tence voire la dĂ©linquance Ă©lectorale des reprĂ©sentants de lâĂtat ? Lorsque les membres dâun bureau de vote sont illĂ©galement remplacĂ©s, il y a forcĂ©ment un donneur dâordres et lâacte est prĂ©mĂ©ditĂ© car les auteurs savent Ă lâavance que dans ces bureaux de vote, ils ne sortiraient pas vainqueurs. Pourquoi ce coupable ne rĂ©pond-t-il pas de ses actes devant les tribunaux ? Le prĂ©fet qui constate que, sous son commandement, la loi Ă©lectorale a Ă©tĂ© bel et bien violĂ©e, qui ne parvient pas Ă situer les responsabilitĂ©s, identifier et poursuivre les coupables, devrait lui-mĂȘme ĂȘtre poursuivi pour faute professionnelle et radiĂ© de lâadministration. Mais lorsque lâimpunitĂ© est Ă©rigĂ©e en rĂšgle de fonctionnement de lâadministration, comme de la sociĂ©tĂ© malienne, il va sans dire que le juge constitutionnel va hĂ©riter des situations dĂ©coulant de la dĂ©linquance des acteurs politiques et de lâincompĂ©tence de lâadministration. Puisque personne ne sâassume, le dernier mot revient au juge constitutionnel qui applique la loi dans toute sa rigueur.
Parmi les autres coupables, jâinsiste sur la responsabilitĂ© des mĂ©dias. Cela fait vingt-huit ans quâils se font lâĂ©cho des prĂ©tendues victimes du systĂšme et contribuent, de ce fait, aux lynchages orchestrĂ©s contre les princes du jour et les membres de la Cour. Or, en tant que quatriĂšme pouvoir de la dĂ©mocratie, ils ont le devoir, lâobligation absolue, dâattirer lâattention sur les dysfonctionnements de tous ordres, de dĂ©noncer les dĂ©rives du systĂšme et dâinterpeller les responsables. Câest ce quâattendent dâeux les citoyens.
Pour finir, la Cour loin dâĂȘtre- qui nâest pas blanche comme neige – devra mettre lâaccent sur une pĂ©dagogie qui rassurerait le citoyen et lui redonnerait confiance dans le pouvoir des urnes. Elle a le devoir, Ă travers ses copies silencieuses, dâimposer aux pouvoirs, exĂ©cutif et lĂ©gislatif, les reformes devant assainir le processus Ă©lectoral et attĂ©nuer le contentieux Ă©lectoral. La cassure est profonde.
Afin dâapaiser le climat social largement dĂ©gradĂ©, les acteurs politiques, quels quâils soient, nâont plus dâautre choix que de consentir des sacrifices. Pourquoi ne pas transformer ce qui reste du deuxiĂšme quinquennat dâIbrahim Boubacar KeĂŻta en une transition dĂ©mocratique et consensuelle de trois ans ? Tentons-le : mettons en place un gouvernement de transition composĂ© exclusivement de technocrates, excluant tous les partis politiques, mais incluant les autres acteurs sociaux.
Former une assemblĂ©e constituante avec lâensemble des candidats Ă lâĂ©lection lĂ©gislative arrivĂ©s premier et second au premier tour. Nous aurions une assemblĂ©e constituĂ©e de
294 dĂ©putĂ©s pour un mandat qui expirerait en mĂȘme temps que celui du prĂ©sident de la RĂ©publique. RĂ©duire de moitiĂ© les indemnitĂ©s des dĂ©putĂ©s pour faire face Ă la prise en charge financiĂšre de cette assemblĂ©e.
Confier au gouvernement de transition et à la nouvelle assemblée reconstituée trois missions essentielles :
NĂ©gocier la paix avec les groupes armĂ©s non-signataires de lâAccord dâAlger pour la paix et la rĂ©conciliation, et obtenir la libĂ©ration du chef de file sortant de lâopposition.
Doter le pays dâune nouvelle constitution, par rĂ©fĂ©rendum, avec des institutions fortes et des lois plus rigoureuses et plus contraignantes pour tous les acteurs.
Organiser des élections générales en 2023 et transmettre la gestion du pays à un pouvoir démocratiquement légitimé, reconnu par tous.
Les partenaires sociaux devraient faire lâeffort dâaccepter un moratoire sur toutes les revendications en cours, jusquâĂ lâĂ©lection des nouveaux dirigeants.
Makanfing Konaté,
(Journaliste diplÎmé en sciences politiques)
Paris, le 3 mai 2020
“Tous les opposants de lâĂšre KonarĂ© participent Ă la gestion du pouvoir. Le climat social est propice aux rĂ©formes mais pourtant rien nâest entrepris dans ce sens par les acteurs politiques.| C’EST CE QUE JE ME TUE A DIRE. LE MALI A RATE L’OCCASION DE BATIR UNE NATION DEMOCRATIQUE
Makanfing Konaté ouvre le débat! Bravo!
Son analyse a des cĂŽtĂ©s bons qu’il faut approfondirâŠ
On ne peut pas continuer dans le cafouillage monstrueux dee certaines dĂ©cisions de la Cour et certains irresponsables de la classe politique qui a vendu son Ăąme au diable, depuis 1997…
Il faut une pause dĂ©mocratique, sinon bonjour les dĂ©gĂąts par la violence, Ă©vitable…
Une rĂ©forme est initiĂ©e par l’autoritĂ© politique en place.
Sans elle rien n’est possible.
C’est naĂŻf d’espĂ©rer une transition dĂ©mocratique avec un homme politique qui est associĂ© Ă ceux qui ont fait le coup d’Ătat contre la dĂ©mocratie.
UNE TRANSITION PAR LAQUELLE LES RĂFORMES POLITIQUES SONT INITIĂES N’EST POSSIBLE QU’APRĂS UN SOULĂVEMENT POPULAIRE.
Cette situation qui permet Ă IBK de manipuler et l’administration et la cour constitutionnelle pour gagner les Ă©lections fait les affaires d’un homme qui a l’intention de passer le pouvoir Ă son fils.
MĂME ATT A TRAĂNĂ LES PIEDS Ă RĂVISER LA CONSTITUTION PAR CETTE INTENTION DE PASSER LE TĂMOIN Ă UN HOMME DE CONFIANCE.
Seul ALPHA OUMAR KONARE avait l’intention de rĂ©viser la constitution avant de cĂ©der le pouvoir.
Il n’a pas Ă©tĂ© compris.
Plus que la loi organique qui guide le fonctionnement de la cour constitutionnelle, c’est son indĂ©pendance qui est en cause.
MĂȘme si la loi est conforme aux souhaits exprimĂ©s, elle peut-ĂȘtre violĂ©e par ce pouvoir.
C’est dĂ©jĂ arrivĂ©.
Les reports successifs des élections législatives étaient ils conformes à la LOI FONDAMENTALE?
Que les différents pouvoirs soient réellement indépendants est la seule solution.
Qu’on fasse le choix du rĂ©gime parlementaire pour Ă©viter que le prĂ©sident de la rĂ©publique ait une influence sur le travail du lĂ©gislateur.
Que les nominations au niveau de l’administration publique soient rĂ©servĂ©es Ă la prĂ©sidence de la rĂ©publique qui sera indĂ©pendant du gouvernement dans le cadre du rĂ©gime parlementaire.
Le président de la république est élu par les deux tiers des députés.
Les candidats sont dĂ©signĂ©s parmi les cadres ayant occupĂ© de hautes fonctions de l’administration nationale ou internationale.
Ce prĂ©sident apolitique Ă©lu pour un septennat non renouvelable sera au dessus de la mĂȘlĂ©e comme on le constate dans les pays Ă tradition parlementaire.
Dans ce cadre, la structure chargĂ©e de juger le processus Ă©lectoral est liĂ©e Ă la prĂ©sidence de la rĂ©publique comme l’administration publique.
Elle peut-ĂȘtre animĂ©e par les professionnels de la justice nommĂ©s en fonction de leurs parcours professionnels,les critĂšres de nomination Ă©tant publics.
Les hommes politiques sont cantonnĂ©s Ă animer le gouvernement et l’assemblĂ©e nationale.
Ils n’ont aucun rĂŽle Ă jouer dans l’administration publique, les nominations des hauts fonctionnaires Ă©tant rĂ©servĂ© Ă la prĂ©sidence de la rĂ©publique.
Là aussi avec des critÚres précis publics.
Toutes ces rĂ©formes ne seront possibles qu’aprĂšs un soulĂšvement populaire.
IBK ne le fera jamais.
La rĂ©vision constitutionnelle qu’il prĂ©pare tend Ă faciliter la sĂ©paration du Mali.
Le cas tunisien est l’exemple palpable.
Sa rĂ©forme constitutionnelle n’a Ă©tĂ© possible qu’aprĂšs un soulĂšvement populaire.
Un signe que la transition de 1991 a Ă©chouĂ© contrairement Ă ce qu’on dit rĂ©guliĂšrement.
OSER LUTTER,C’EST OSER VAINCRE!
La lutte continue.
OĂč que ce soit dans le monde, Ă©lire a la tĂȘte de son propre pays un BON A RIEN aussi irresponsable et incompĂ©tent que magouilleur et tricheur, est une faute aussi dramatique quâinexcusableâŠđđđ
Mais quand en plus le pays en question est DEJA Ă lâagonie, dĂ©jĂ en en crise, et dĂ©jĂ en guerre au moment oĂč on Ă©lit un bouffon, (et que ce bouffon en question, nous lâavons mĂȘme plĂ©biscitĂ© Ă 77,4% !!!!!!!âŠ), lĂ , la faute nâest plus seulement inexcusable, mais elle serait presque RISIBLE tant elle estâŠâŠSUICIDAIRE !!!đđđ
Nâen dĂ©plaise Ă tous nos grands spĂ©cialistes du âcâest la faute deâŠâ ou âcâest la faute Ă âŠâ qui tentent dĂ©sespĂ©rĂ©ment et Ă longueur dâannĂ©e dâattribuer âaux autresâ toutes NOS PROPRES erreurs et NOS PROPRES bĂȘtises, NOUS AVONS BEL ET BIEN ELU NOUS-MĂMES UN TOCARD IRRESPONSABLE âĂ NOTRE TĂTE â !!!
Et non seulement nous lâavons Ă©lu, mais pire, nous lâavons ensuite LAISSĂ PASSIVEMENT sâengraisser et piller le pays scandales aprĂšs scandales, magouilles aprĂšs magouilles, dĂ©tournements aprĂšs dĂ©tournements, et ceciâŠ..PENDANT 7 ANS!!!đŻđŻđŻđŻđŻđŻđŻđŻđŻđŻđŻđŻđŻ
Dans nâimporte quel autre pays, ce triste bouffon bananier et son clan aurait Ă©tĂ© dĂ©logĂ© de son trĂŽne manu militari PAR LA RUE, dĂšs les 1ers mois de son mandat âTomi-Boeing-kagnassy-engrais-tracteurs chinoisâ etc etc etc
Or chez nous, non seulement il est toujours lĂ pendant que le pays sombre et se couvre de ridicule chaque jour un peu plus pendant quâon continue Ă boire tranquillement le thĂ© Ă lâombre des manguiers, mais mieux, ON OSE SâEN PLAINDRE ET SâEN INDIGNER!!!!đđđđđđđđđđđđđđđđđđđđđđ
Ainsi, on se laisse PASSIVEMENT voler nos Ă©lections prĂ©sidentielles, on se laisse PASSIVEMENT voler nos Ă©lections lĂ©gislatives, on laisse PASSIVEMENT piller et dĂ©tourner les fonds destinĂ©s Ă nos armĂ©es, on accepte PASSIVEMENT que lâĂ©tat ne lĂšve pas le petit doigt pour rechercher le principal opposant politique du pays, etc etc etc etc
Câest NOUS-MĂMES qui lâavons propulsĂ© sur son trĂŽne et Ă ce titre, câest NOUS-MĂMES (et nous seuls!!!đ) QUI SOMMESâŠ..RESPONSABLES !!!
Et ne rĂȘvons pas : PERSONNE DâAUTRE QUE NOUS ne viendra lâen dĂ©logerâŠđđđ
Conclusion, il ne nous reste plus quâĂ NOUS COMPORTER ENâŠ.ADULTES, Ă savoir :
Soit on prend (enfin!) nos responsabilitĂ©s, ET ON LâEJECTE,
Soit on arrĂȘte de pleurnicher sur notre propre sort, ET ON ASSUME NOS PROPRES BĂTISES !!!
Mr KONATE nous ne sommes pas tous coupables, une cour qui nie l’existence du citoyen malien. C’est vraiment dommage pour notre Mali
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